dimanche 24 juillet 2016

Compte rendu de la conférence de M. Akihiro Kanayama


M. Akihiro Kanayama.
Compte Rendu écrit par Alexandre Lengagne en 2005

Akihiro Kanayama était invité au Taifu-festa les 29 et 30 octobre 2005. Il  débuta chez Mushi Production, studio d'animation crée par Osamu Tezuka. M. Kanayama fût l'un des trois characters-designers sur la première série d'Ashita no Joe et quelques années plus tard sur Mobile Suit Zeta Gundam .

Avant que l’invité n’entra dans l’amphithéâtre, Pierre Giner retraça le parcours de ce dernier, qui, rappelons le, a commencé à faire ses preuves dans une revue : Machi, qui révéla de nombreux mangaka.

Quelques années plus tard, un concours de circonstances et certaines nécessités, amenèrent Akihiro Kanayama au monde de l’animation, ne l’intéressant que fort peu au départ. Il fit ainsi ses débuts au sein de Mushi Production, où il retrouva des personnes comme Shingo ArakiAkio Sugino et participa à des séries telles qu’Ashita no Joe, avant de rejoindre par la suite le studio Sunrise, où il travailla sur des séries de Robots, telles que DaimosVoltes V ou bien encore Mobile Suit Zeta Gundam et le long-métrage de Mobile Suit Gundam : Char’s Counter Attack, puis un bref passage au sein de Tôei Animation sur Kamen no Ninja Akakage de Mitsuteru Yokoyama (Sally la Petite Sorciere, Giant Robo, Babel II). Retiré depuis quelques années du milieu salarial, il continue sa carrière en freelance, travaille pour quelques studios faisant appel à lui et enseigne le dessin à des enfants ayant entre 8 et 12 ans. Dernièrement, il a contribué au générique d’une production de la chaîne NHK en dessinant un oiseau se posant sur une branche.

Après cette présentation et les applaudissements du public, Akihiro Kanayama prit place sur scène et débuta une élocution en français, dans laquelle il faisait part de sa joie d’avoir pu venir en France, en remerciait vivement Pierre Giner, l’organisation de Taifu-Festa et les fans pour leur accueil chaleureux.

Dessin d'Ashita No Joe par M. Akihiro Kanayama.

Voici les quelques questions posées durant la conférence : 

Long John Silver dans Takajima
(L'Île au Trésor).
Public : Lors d’une interview, Osamu Dezaki a affirmé que dans Takarajima (L'Île au Trésor), le design du personnage de John Silver était inspiré de celui de Tôru Rikiishi. Après en avoir discuté entre amis, nous ne trouvions pas véritablement de similitudes entre les deux personnages. Qu’en pensez-vous en ce qui vous concerne ? 

Akihiro Kanayama : Lorsque Takarajima (L'Île au Trésor) a été produit, je me trouvais moi-même au sein d’un autre studio. Voilà bien la première fois que j’entends dire une telle chose et j’avoue vraiment être quelque peu surpris, qu’on puisse dire, qu’il existe une possible ressemblance entre John Silver et le personnage de Rikiishi. Pour ma part, je n’ai jamais constaté une telle chose et ne sais que trop penser de tout ceci. En revanche, sachant qu’Akio Sugino était le character-designer sur Takarajima (L'Île au Trésor) et Ashita no Joe, il a peut-être ajouté sa touche personnelle, assez caractéristique de son style, ce qui expliquerait peut-être éventuellement cette ressemblance entre les deux personnages, qui pourrait ainsi exister. 

Public : Dans la série ancienne répondant au nom de Harisu no Kaze, il semble que certains personnages ressemblent étonnement à ceux d’Ashita no Joe. Cela a-t-il pour origine le manga même ou bien une équipe ayant travaillé dessus sensiblement analogue ? 

Akihiro Kanayama : En fait, il faut savoir que Harisu no Kaze et Ashita no Joe sont deux œuvres signées du même auteur, le célèbre Tetsuya Chiba. Donc, le design originaire des différents personnages et la ressemblance assez frappante de ceux-ci viennent sans nul doute du manga d’origine. Quant à l’équipe ayant travaillé sur la série animée, elle s’avère presque totalement différente de celle que l’on retrouve pour Ashita no Joe, dont j’ai fait parti, il y a de cela plus de 35 ans.

Disque de la série télévisée Harisu no Kaze
adaptation du manga de Tetsuya Chiba.

Saikyô Robo Daiôja.
Public : Bonjour, je crois savoir que vous avez travaillé sur Saikyô Robo Daiôja et j’aurais voulu savoir si vous étiez le créateur du costume du héros mythologique. 

Akihiro Kanayama : En ce qui me concerne, mon travail sur cette série consistait à ne m’occuper que de personnages secondaires. Les designs des personnages principaux étaient, quant à eux, l’œuvre de Nobuyuki Sasakado. (Directeur de l'animation sur dix-huit épisodes de Saint Seiya)

Public : Vous auriez paraît-il travaillé sur le film Fuumoon (Nucléa 3000), en quoi consistait votre travail sur cette production ?

Akihiro Kanayama : Oui exact, j’ai en effet eu l’occasion de pouvoir travailler sur le film Fuumoon (Nucléa 3000) et ce, en tant qu’animateur.


Public : Pourriez-vous nous dire quels sont les souvenirs les plus marquants que vous gardez de votre collaboration avec Osamu Tezuka ?

Akihiro Kanayama : Pour tout vous dire, du temps de Mushi Production, société qu’il avait fondée, le maître Tezuka a bien souvent joué le rôle d’intermédiaire, afin de faciliter le contact entre différents intervenants sur un projet. A titre d’exemple, on peut citer le cas des Mille et une Nuits. Pour cette production, l’équipe qui y travaillait et les sponsors entretenaient des relations pour le moins tendues, avec pas mal de points de divergences. Mais par son approche, sa capacité de dialogue et sa diplomatie, il arrivait à dénouer ce genre de situations, en conciliant les intérêts de chacun et offraient des présents. Par ailleurs, il était réputé pour son écoute et sa gentillesse. Toutes ces raisons font que Tezuka demeure un modèle, un exemple à suivre pour moi.

Osamu Tezuka et les employés de Mushi Production devant le studio d'animation. 

Public : Vous nous avez parlé tout à l’heure d’une série de la chaîne NHK à laquelle vous auriez participé pour le générique de fin en dessinant un oiseau se posant sur une branche. Serait-il possible de connaître le nom de cette production ? 

Akihiro Kanayama : Malheureusement, je ne peux répondre à cette question qui m’est posée, dans la mesure où le nom de cette série, produite par NHK, n’a pour l’heure, pas encore été arrêté de manière définitive. Il m’est donc bien évidemment impossible de le communiquer en l’état actuel des choses, celui-ci pouvant être sujet à modifications. Désolé de ne pouvoir vous informer pour le moment à ce sujet. Cette série devrait normalement sortir l’année prochaine. 
Fuumoon connu en France,
sous le nom de Nuclea 3000.

Public : Concernant les différentes productions de la société Sunrise, un nom apparaît constamment dans les crédits des génériques, à savoir Hajime Yatate. Serait-il possible de savoir qui est cette mystérieuse personne ? S’agit-il d’un producteur ? 

Pierre Giner souriant, probablement  parce qu’il connaît déjà la réponse à la question.

Akihiro Kanayama : Tout comme pour les séries live de Tôei où le nom de Saburo Hatte ou Yatsude est indiqué, bien souvent dans les crédits de diverses productions, le nom de Hajime Yatate désigne également une personne fictive, à savoir la société Sunrise, personne morale qui se nomme elle-même depuis pas mal d’années maintenant par ce pseudonyme. Donc, Hajime Yatate et Saburo Hatte ne sont pas des personnes ayant une réelle existence physique, comme certains auraient pus peut-être le croire. Les pseudonymes, par lesquels Tôei Company et Sunrise se font appeler, permettent à ces deux sociétés de pouvoir percevoir des droits d’auteur, auxquels elles n’auraient pu prétendre sans utiliser ce procédé. 

Public : Bonjour Monsieur Kanayama, vous qui évoluez depuis un bon nombre d’années maintenant dans le milieu de l’animation, que pensez-vous des séries récentes en comparaison des séries anciennes ? 

Akihiro Kanayama : Le monde de l’animation, depuis sa création, a toujours été une course contre la montre, puisque les cadences s’avèrent assez intenses, afin de pouvoir concorder avec les budgets. De ce fait, on a cherché à privilégier avant tout ce qu’on appelle plus communément l’animation limitée. Afin d’arriver à boucler un épisode dans un temps relativement court de l’ordre d’une semaine, il fallait ramener l’animation à sa plus simple expression. Cependant, même si les dessins à l’époque ne s’avéraient pas particulièrement bien animés, il existait une certaine dynamique dans l’animation faisant que, même dorénavant, des séries comme Sazae-sanDoreamon continuent de passionner les enfants, mais aussi leurs parents, puisque ces séries ont plus de 30 ans. Aujourd’hui, il est vrai que, l’animation a pas mal évolué, la technologie permettant des choses tout à fait étonnantes et impressionnantes. Toutefois, à mon époque, les gens qui travaillaient dans ce milieu s’investissaient jours et nuits dans ce qu’ils faisaient, ne rechignant pas devant les heures supplémentaires à faire et sans les compter. De nos jours, les jeunes ne sont pas prêts à faire autant de sacrifices et gagner peu, par rapport à la quantité de travail fourni. La technique a en effet évolué, mais en définitive, certains principes de l’animation ont été un peu délaissés. Aussi, est-ce la raison pour laquelle j’enseigne à de jeunes enfants de 8 à 12 ans, les bases du dessin, afin qu’ils puissent un jour travailler dans le domaine de l’animation. Par ailleurs, moi-même ainsi qu’un certain nombre de personnes travaillant dans les mêmes équipes, nous nous sommes battus avec les sponsors, notamment Bandai, pour que les robots, dans les séries de type Gundam, ne cessant de se multiplier, puisque permettaient ainsi d’étendre la gamme de jouets et d’en vendre plus, ne prennent pas le pas sur les personnages, l’aspect humain des séries et le côté scénaristique. Ces raisons expliquent qu’une personne comme Yoshiyuki Tomino, dans les séries de Gundam, a réussi à imposer une histoire aux dépens des méchas. Et c’est pour cela que dans certains épisodes, le mobile suit principal n’apparaît pas. Ceci fut une grande victoire des studios d’animation sur les sponsors et a permis de faire qu’aujourd’hui dans une série de robot, même si le rôle de celui ou ceux-ci demeure toujours important, il passe après l’histoire humaine.

Les questions ayant toutes été posées, M. Akihiro Kanayama se prêta naturellement à la traditionnelle séance de dessin, nous proposant un Rikiishi tout à fait remarquable, avec les yeux  hagards, si caractéristiques de ce personnage, tandis que les fans présents dans l’amphi profitèrent de ces quelques instants intenses pour mitrailler de leur flash, l’invité et cette illustration, le tout sous une salve d’applaudissements.

Couverture du OUT de Novembre 1985 de Mobile suit Zeta Gundam
avec Quattro Bajina - Illustration par Toshimitsu Kobayashi.

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