mercredi 19 août 2015

Charade (1963)

Stanley Donen signe avec Charade une comédie policière aux allures "Hitchcockienne" évidente. Ce cinéaste Américain est habituellement spécialisé dans les grandes comédies musicales Hollywoodiennes avec notamment le succès indémodable Chantons sous la pluie ou encore Les sept femmes de Barbe-Rousse et Drôle de frimousse.

Adaptation du roman The Unsuspecting Wife de Marc Behm, cet ancien soldat venu en France grâce au débarquement d'Ohama Beach est devenu après-guerre, comédien puis scénariste et finalement écrivain sur le tard à la cinquantaine. Outre Charade ce romancier a connu de grand succès cinématographique comme Help ! de Richard Lester avec les Beatles ou Mortelle Randonnée de Claude Miller.

A Megève, Regina Lampert est dans la célèbre station de ski pour les sports d'hiver, lors d'un déjeuné avec son amie Sylvie, la jeune femme prend la décision de divorcer. C'est alors qu'elle fait connaissance d'un illustre inconnu du nom de Peter Joshua, un séduisant célibataire... À son retour à Paris, elle découvre son appartement dévasté, vidé de ses meubles et de ses animaux de compagnie. L'inspecteur Grandpierre lui apprend que son mari a été retrouvé assassiné dans un train alors qu'il était en route pour partir vers l'Amérique du Sud. Autre fait troublant, la police a retrouvé quatre passeports différents à son nom. Lors de cet entretien avec les force de l'ordre Reggina se rend compte finalement qu'elle ne sait rien de son mari, ni de sa famille, ni de son travail...

Charade se présente sous la forme d'un "Whodunit" (Littéralement "Qui l'a fait?"), c'est à dire un meurtre avec plusieurs suspects, et bon courage au héros pour démasquer le meurtrier.

Folle histoire policière n'ayant rien à envier à certaines oeuvres du maître Alfred Hitchcock, Charade possède de nombreuses subtilités et s'amuse à jouer sur les méninges du spectateur au fil des rebondissements. Le long-métrage se déroule donc à Paris où des malfaisants tentent désespérément de récupérer leur part d'un magot subtilisé à la résistance Française pendant la Seconde Guerre Mondiale.

Dès le début, l'ambiance est plantée. Un corps tombe d'un train... Si l'intrigue démarre avec une tonalité sombre, risquant de nous tromper sur le registre  du film, l'enchainement des situations mené à un rythme d'enfer tourne à la cocasserie pure et simple digne d'un Black Edwards, les sourires s'enchaînent jusqu'à déclencher des rires. Charade prouve alors que nous somme devant une comédie policière voir d'espionnage, le long-métrage tient en haleine son spectateur durant une heure cinquante-trois. Tout se passe très rapidement, jusqu'à cette conclusion finale grandiloquent nous permettant d'admirer une exceptionnelle grimace de Cary Grant. Les dialogues et les réparties entre Regina & Peter Joshua sont succulents, très bien écrits, au rythme d'une pièce de théâtre. Quant à l'humour, celui-ci est fin et varié, se nichant partout à la moindre occasion, que ce soit les conversations et les situations incongrues - La messe funéraire, la scène des oranges ou encore Cary Grant en costume sous une douche. Du comique de répétition est aussi présent dans les différents échanges  du couple vedette à chaque  révélation concernant la nouvelle identité de cet homme énigmatique  : "Is there a Mrs Dyle ?" "...and I'm divorce".

Affiche Japonaise
Pour les Parisiennes et Parisiens, le décor carte-postale que constitue notre chère capitale dans les années 60 rend les filatures et entrevues particulièrement savoureuses.

Redécouvrir le marché des Halles et ses pavillons disparus, les couloirs du métropolitain avec ses wagons première classe et ses portillons automatiques, les quais de Seine où déjà Gene Kelly dansait dessus pour Un Américain à Paris comme le souligne Audrey Hepburn, les jardins des Champs-Élysées avec son théâtre de guignol, le marché aux timbres... Le spectateur se promène avec ce duo romantique dans ses lieux emblématiques aussi familier que fantomatique aujourd'hui.

Véritable caverne d'Ali Baba pour les passionnés de philatélie, "le marché aux timbres de Paris" date de 1887, un riche collectionneur de timbres et propriétaire lègue le terrain du Carré Marigny à la mairie à condition qu'elle y autorise l'implantation d'une bourse en pleine air. Après la parution du premier timbre-poste français en 1849, "la timbromanie", comme cette collection fut appelée, se développe rapidement. Dans la capitale, les jeunes collégiens collectionneurs prennent dès 1860, l'habitude de se rencontrer dans les jardins du Palais-Royal pour y faire des échanges. Mais en 1864, ces grands rassemblements attirant malheureusement quelques éléments indésirables sont interdit.

Affiche Allemande
La mise-en-scène de Stanley Donen est impeccable, d'une modernité sidérante, nous embarquant à toute allure dans des scènes d'anthologie (Une poursuite épique dans le métropolitain, une bagarre mémorable sur un toit, une filature pas vraiment dans les règles de l'art...), elle fait bien ressortir l'atmosphère de légèreté. Sans oublier, ce générique d'ouverture envoûtant et à l'imagination débordante sorti de l'esprit de Maurice Binder, l'homme à qui l'on doit quatorze "premiers" génériques inoubliables de James Bond.

Charade nous permet d'assister aux confrontations délicieuses d'un Cary Grant dans un rôle à plusieurs facettes, séducteur dans la force de l'âge, l'acteur est en forme olympique et grandiose. A ses côtés, une merveilleuse Audrey Hepburn habillé en Givenchy, la comédienne au visage de princesse possède toujours sa délicatesse et son charme naturelle. Elle incarne un personnage d'une fraîche naïveté, avec talent. Quant aux rôles secondaires, ces derniers ne sont pas piqués des hannetons, le grand James Coburn (Il était une fois la révolution, Croix de fer) sorti de ses habituels westerns joue un malfaisant Texan à la recherche du fameux magot comme son comparse d'infortune George Kennedy qui allait connaître le succès grâce aux comédies estampillés ZAZ. Et Walter Matthau (Les pirates du métro, Tuez Charley Varrick !) que les plus jeunes auront vu dans Denis, la malice  interprète un agent trouble de la C.I.A. N'oublions pas l'inspecteur Français représenté par l'éternel second couteaux Jacques Marin (Jo, Fantômas se déchaîne, Marathon Man...) l'ami de Jean Gabin - Ils feront seize films ensembles.

Les excellentes musiques s'adaptent parfaitement à l'esprit du film, avec ses sonorités jazzy. Elles sont l'oeuvres de  l'immense Henry Mancini, virtuose connu auprès du grand-public pour son célèbre thème de La Panthère Rose, cet air a bercé de nombreuse têtes blondes.

Affiche Anglaise

Mélange parfait de comédie et de polar comme seul Hollywood savait en produire dans les 60's, Charade nous entraîne dans un récit qui ne négligent pas un seul instant ces deux genres opposés. Avec son duo absolument délicieux et complice Stanley Donen nous offre un de ces longs-métrages intelligents, drôles, glamours.

Un véritable coup de coeur indémodable à savourer... Je ne dirais qu'une chose à voir ou à revoir absolument.

Affiche Italienne
Affiche Espagnole

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