vendredi 30 mai 2014

Les Intouchables (1968)


Sélectionné au Festival de Cannes en 1968, Les Intouchables, est un polar Italien réalisé par Giuliano Montaldo, cinéaste connu pour notamment Una Bella Grinta dont le réalisateur reçut le prix spécial du jury lors de la Berlinade. 

Le long métrage est l'adaptation d'un roman de 1961, Cador, fais pas de cadeau d'Ovid Demaris, auteur couramment publié dans la collection "série noire".

Les Intouchables est important dans la carrière de John Cassavetes ; lors du tournage, le comédien & cinéaste rencontre le mécène Italien, Bino Cirogna, l'homme d'affaire admirant son travail, décide de financer Husband, son premier film en couleur. L'acteur convainc également Peter Falk de participer à ce projet… Une pierre deux coups en quelque sorte.


Jack sort son père Hank McCain de prison, après douze ans passés derrière les barreaux, car le projet de son fils est de cambrioler un casino à Las Vegas. Ce casse est orchestré en sous-main par Charlie Adamo, récemment nommé responsable des activités mafieuses de la cote Ouest. Mais apprenant les réels propriétaires, son organisation, ce dernier fait marche arrière, mais trop tard l'ancien taulard a déjà tout planifié…  

Agréable surprise ce petit long-métrage sans prétention, entremêlant les ingrédients des films Américains du genre (Caper Movie - Film de braquage / de casse ) et ses poliziottesco à l'italienne, ces polars urbains des années 70 de nos amis transalpins. À la fois sombre et violent, Les Intouchables prend son temps pour poser son histoire, ses différents protagonistes. Dans la première partie, le cinéaste expose les différentes forces en présence, et présente ses personnages. Sa narration est fluide et l'on comprend assez vite où Giuliano Montaldo veut nous emmener. Une fois que Hank McCain est prêt pour mettre son plan à exécution, l'action est le maître mot, cette dernière partie est très énergique et agréable à suivre.

Hank McCain, véritable anti-héros digne des futurs années 70, ce personnage est à l'image de son casse, brutal, détestable, sans pitié… Bref, un magnifique salaud à la façon d'un Jack Carter. Les Intouchables, à un coté sombre assumé, comme sa conclusion, désincarnée de tout espoir, noire en diable, on y retrouve cette essence des poliziottesco. Le cinéaste  Italien montre sa vision du film de mafieux, sans perdre sa lucidité et son message politique, l'organisation criminel nous est présenté ici, comme "une entreprise" intégrée dans la société Américaine, ayant opinion sur rue - Le casino.

Outre le fait d'avoir une belle photographie, la mise-en-scène de Giuliano Montaldo est maîtrisée, possédant toutefois un coté classique, sa réalisation devient un peu plus nerveuse dans la seconde partie, lors de la traque du couple de bandit, réservant son lot de scènes d'action impressionnantes : Fusillade à la mitraillette, des courses poursuites. Le cinéaste arrive même à nous offrir des moments totalement inattendues - La scène de suicide, par exemple.

Comme à l'accoutumée John Cassavetes est excellent, en gangster antipathique et légèrement dingue. On retrouve son grand ami, Peter Falk, en responsable de la cote Ouest, et Gena Rowland - Mme Cassavetes dans la vie -, tout les deux parfaits, et à leur coté la ravissante jeune comédienne Britt Ekland (La loi du milieu).

La composition du grand Ennio Morricone accompagne à merveille les images.

Les Intouchables est un bon polar Américain, bien réalisé. Giuliano Montaldo signe, peut-être sans s'en rendre compte, l'arrivée de cette belle période contestataire du cinéma Américain & Italien - voir mondiale - des années 70. Rien que pour ça, ce long-métrage mérite d'être vu par tout les amateurs du genre.  


jeudi 29 mai 2014

Evasion (2013)

Voici une collaboration attendue de pied ferme, depuis bien longtemps par tous les gamins ayant grandis dans les années 80 à 90. La rencontre des deux actions-stars rivales et mythiques : Arnold Schwarzenegger & Sylvester Stallone - Ce rendez-vous c'était fait timidement dans le film chorale Expendables - unité spéciale. Evasion est-il cet événement à la hauteur de nos espérances ?

À l'origine Antoine Fuqua, cinéaste de Trainning Day, été engagé pour tourner ce projet nommé à l'époque The Tomb, avec en comédien principal, Bruce Willis. Mais pour différentes raisons le choix de la production se porte finalement sur le Suédois, Mikael Håfström responsable des médiocres La chambre 1408 et Le rite.

Ray Breslin est un ingénieur spécialisé pour tester l'efficacité des prisons. Pour cela l'homme se fait emprisonner, et doit trouver les failles pour réussir à s'enfuir. Son nouveau contrat est de s'évader d'un nouveau pénitencier de haute sécurité, dont les plans ont été établis en prenant comptes des rapports de ses évasions antérieurs. Malheureusement une fois, à l'intérieur Ray Brestlin se rend vite compte d'être pris au piège, et doit échafauder rapidement un plan d'évasion. Dans cette prison high-tech, il se lie d'amitié avec Emil Rottmayer, un co-détenu cachant un secret convoité…

Evasion ne va malheureusement jamais au bout de son concept prometteur de prison high-tech post-11 Septembre. Son univers carcéral n'est jamais "badass", ces différents détenus ne sont jamais trop énervés et les règlement de comptes sont plutôt rare. Cette intrigue improbable, fait preuve d'une facilité d'écriture avec de grosse ficelle, mais le spectateur reste captivé en se laissant facilement prendre au jeu, le suspense se révèle prenants, on se pose régulièrement des questions, "Ou se trouve ce fameux endroit ?". Mais ne vous attendez pas à de l'originalité, la construction scénaristique est digne d'un épisode de Prison Break : L'excellente scène d'évasion au début. On se rend rapidement compte d'avoir au final devant nous, une récréation testostéronée possédant des punchlines décomplexées digne des 80's : "Tu frappes comme un végétarien."

Bien sur, on ferme un peu les yeux sur ce script faiblard, parce que nos deux monstres du cinoche d'action des 80's sont de la partie. Mais que l'on ne s'y trompe pas, le véritable héros du récit est Sylvester Stallone, l'acteur est charismatique dans le rôle de Ray Brestlin, même si l'on ressent une certaine paraisse dans son interprétation. Quant à Arnold Schwarzenegger, celui-ci arrive après une bonne demi-heure. L'autrichien vole la vedette à son partenaire, se lâchant littéralement, incarnant son meilleur rôle depuis Last Action Hero - La scène au trou, ou Schwarzy délire en Allemand est simplement grandiose. Côté second rôle, Curtis "50 Cents" Jackson, apparait peu à l'écran, comme Sam Neil (Jurassic Park, L'Antre de la Folie) en toubib entre deux prises de sang et le directeur de la prison, Jim Cavieziel est impeccable.

La mise-en-scéne, sans shaky-cam, de Mikael Håfström, est standardisée, typée 90's. Le rythme et son montage permettent d'avoir un film sans temps mort, le spectateur est rapidement captivé par cette ambiance carcérale high-tech. Malgré son Rating, Evasion n'est pas sanglant et possède quelques rares "fuck"… Rendant au final cette production assez inoffensive. À noter un petit clin d'oeil, quand Arnie prend la gatling à une seule main, ça posture rappel évidemment celle de Dutch dans Predator.   

Cet honnête divertissement, digne des productions Cannonbénéficie d'un scénario légèrement tiré par les cheveux. Evasion est un long-métrage respectant le cahier des charges. Et soyons honnête, son intérêt majeur est la rencontre au sommet des deux anciennes gloires, la dessus, le spectateur est heureux car l'osmose entre ses deux comédiens est vraiment impeccable, donnant une allure de buddy-movie, cher aux 80's.     

Affiche Japonaise.

mercredi 28 mai 2014

X-Men : Le Commencement (2011)

Suite au départ de Bryan Singer de la franchise, les X-Men ont perdu leur âme. Leurs long-métrages sont devenus de simples produits façonnés par le marketing et confiés à des Yes-Man, sans scrupules, devenant ainsi des super-héros de films médiocres, voir désastreux comme, X-Men : L'Affrontement Final & X-Men Origins : Wolverine. Ce nouvel opus signe-t-il un retour en grâce de la saga ?!

En Avril 2006, après avoir fini son travail sur l'abominable troisième volet, le scénariste Zak Penn (Elektra, X-Men 2) déclare être engagé pour écrire un nouveau chapitre dérivé de la saga X-Men. L'année d'après dans un entretien, l'auteur précise :  ce concentrer sur la jeunesse des mutants, en se focalisant sur la série de comics, X-Men First Class.

20th Century Fox contact pour participer à l'écriture de ce projet Josh Schwartz, créateur en vogue connu pour Newport BeachGossip Girl & Chuck. Ce dernier rend son scénario en Mai 2008, et envisage dans la foulée de réaliser lui même ce film. Mais suite aux nombreuses diatribes des amateurs de comics-book sur le web, concernant les deux derniers opus de la saga. Par peur d'un désamour du public et d'un futur désastre pour sa franchise, la production demande en octobre 2009 à Bryan Singer de revenir pour sauver les mutants d'un nouveau cataclysmeÀ l'époque le projet spin-off de David S. Goyer - scénariste de la trilogie Batman de Christopher Nolan - X-Men Origins : Magnéto était encore dans les tuyaux du studio car la major mise sur les personnages de la saga. les plus exploitables en franchise à part. Mais Bryan Singer décide de fusionner les éléments de ce futur projet à First Class. Malheureusement en Mars 2010, le réalisateur quitte la production pour se concentrer sur son adaptation du conte Jack, le tueur géant chez Warner. Ce dernier reste tout de même producteur sur X-Men : Le Commencement.

Apres son désistement lors de la production d'X-Men : L'Affrontement Final, le Britannique Matthew Vaughn est de nouveau approché par 20th Century Fox pour mettre-en-scène cet opus. Le réalisateur souhaite vouloir relancer la saga, à l'instar du Star Trek de J.J Abrahams. Thomas Rothman patron du studio, ayant toujours détesté les super-héros, semble un peu plus séduit par ce projet, certainement dû à son ambiance réaliste, situé dans les années 60, avec ce petit soupçon d'espionnage rappelant les James Bond de la période Sean Connery. L'agent secret de sa majesté est d'ailleurs l'une des sources d'inspirations du cinéaste, ce dernier n'hésitant pas à présenter Magnéto comme : "Un jeune Sean Connery. C'est l'espion ultime : Imaginez Bond mais avec des super-pouvoirs".



1944, dans un camp de concentration Allemand en Pologne, le docteur Schmith découvre des aptitudes extraordinaire sur un jeune enfant Juif captif, Erik Lehnsherr, celui-ci arrive à contrôler le métal. Quelques temps plus tard, lors d'une expérimentation ou le garçon doit utiliser ses pouvoirs sur une pièce de monnaie, ce dernier n'arrivant pas à faire bouger le maudit objet, le scientifique tue sous ses yeux sa mère, provocant ainsi sa colère et la destruction de tous les éléments métalliques se trouvant dans la pièce. Au même moment dans le comté de Westchester, Charles Xavier fait la connaissance de Raven, une métamorphe, qui c'est introduite chez lui, loin de la chasser, le garçon propose à la jeune fille de l'héberger. En 1962, Erik Lehnsherr devenu adulte, traque désormais son bourreau, l'ancien nazi se nomme maintenant Sebastian Shaw, un puissant homme d'affaire. Celui-ci tente de provoquer une guerre nucléaire entre les États-Unis et l'U.R.S.S. Pendant ce temps, À Oxford Charles Xavier, venant d'être promu professeur, collabore avec l'agent de la C.I.A, Moïra MacTaggert pour tenter d'empêcher ce futur cataclysme mondiale…

La franchise X-Men avait besoin de cet préquelle / reboot pour repartir sur des bases solides et sereine. Malgré la quasi-absence au générique de l'un de ses mutants phares Wolverine / Hugh Jackman, héros des quatre premiers long-métrages - Le comédien est ici limité à un simple caméo jouissif. Le succès commercial et critique d'X-Men : Le Commencement sera belle et bien au rendez vous, lors de sa sortie dans les salles obscures.

Avec les années 1960 et la crise des missiles de Cuba pour contexte, la saga redémarre de zéro pour renaître et retrouver une fraîcheur perdue, en étant plus fidèle à son matériau d'origine : Le comics-book. L'intelligence du récit consiste d'inclure les mutants à l'histoire avec un grand H. Ce choix historique n'est vraiment pas anodin, le parallèle s'établit immédiatement pour tout amateurs de la bande-dessinée, dans le premier numéro publié en septembre 1963, Magnéto tente de voler des missiles atomiques. N'oublions pas, les X-Men sont les enfants de l'atome et la menace atomique est souvent au coeur des intrigues aux début de leurs aventures. Cette publication pour la jeunesse à l'instar d'autres médias reflètent les réelles inquiétudes de son époque.

Comme Bryan Singer en son temps sur X-MenMatthew Vaughn ne reste pas à ce premier niveau de lecture marquant les prémisses de la saga papier. Le cinéaste s'oriente sur le thème de la mutation génétique, parfois vécue comme un fardeau par les mutants. Raven & Hank Mc Coy sont les symboles de cette différence, difficilement assumée. La persécution mutante est également effleurée à la fin, avec les deux flottes prêtes à s'unir pour détruire cette nouvelle menace, encore inconnu jusqu'à aujourd'hui. Ces thèmes devenant un sujet récurrent dans la bande-dessinée, avec comme point d'orgue l'album, "Dieu crée, l'homme détruit" de Chris Claremont, publié en 1982, l'une des sources d'inspirations de Bryan Singer pour ses deux films.

Illustration de Phil Noto.

Les scénaristes font le choix judicieux de réinventer la rencontre des deux personnages les plus intéressants, en dehors de Wolverine, à savoir Charles Xavier/ Le professeur X & Erik Lehnsherr / Magnéto. Cette amitié fût simplement évoquée en filigrane dans les comics-book. Les auteurs placent judicieusement cet événement en Octobre 1962, soit juste quelques mois avant la première apparition officielle des X-Men, et de la confrérie des mauvais mutants formées par Magnéto. Ils arrivent également à inscrire avec brio, ce film dans la mythologie de la saga, sans la trahir pour autant. Dès lors, peu importe que le Club des Damnés n'apparaît seulement en 1980 ou la composition de l'équipe d'origine ne soit pas respectée. Le Sebastian Shaw de Matthew Vaughn est bien plus ambitieux, intéressant et ambiguë que son homologue papier, un méchant assez secondaire chez les X-Men.

X-Men : Le commencement, apporte donc une lumière nouvelle sur le traitement de cette amitié et de leurs conflits, donnant ainsi une nouvelle dimension à la saga.



Leurs enfances sont complètement différentes. L'un étant issu d'une riche famille d'Angleterre, vivant dans un cocon, faisant ses études dans une université de renom, n'ayant jamais connu de réel malheur dans sa vie. On est également surpris de penser que le Professeur X n'était pas le vieux sage décrit dans les films précédentsIci, c'est tout le contraire, il est jeune, déterminé et dragueur, possédant un zeste de flegme Britannique.. Erik Lehnskerr, n'a pas eu la même chance, dans le camp de concentration en Pologne, où sa mère est exécutée sous ses yeux, l'enfant sera même torturé, pour en ressortir encore plus fort que jamais. Avec comme seule obsession, tuer son bourreau : le docteur Schmith, devenu depuis Sebastian Shaw. Ces deux enfances opposées vont forger ses deux adultes, ayant finalement un seul point commun : La mutation.

Enfin le mot "Fuck" prononcé dans un film de la saga X-Men.

Ces deux hommes autrefois amis que tout oppose ont des visions différentes sur ce monde. L'une, celle de Charles Xavier, plus optimiste croyant en l'être humain, et en cette co-existence pacifique de l'homme et des mutants. Et l'autre, plus sombre, ou Magnéto, à la volonté d'asseoir la suprématie de "ses frères mutants". Des convictions incompatibles symbolisées par deux groupes, les X-Men et la confrérie dont les affrontement feront les beaux jours du comics-book pendant presque trois décennies.

Le personnage le mieux écrit d'X-Men : Le commencement, reste certainement Magnéto. Erik Lehnskerr est vraiment charismatique volant la vedette aux autres personnages. Le spectateur a l'impression d'assister à X-Men Origins : Magnéto, on ressent vraiment que ce projet avorté à servit de base à l'intrigue.


Matthew Vaughn, a la brillante idée, de reprendre la scène d'introduction, du premier X-Men, tourné par Bryan Singer. Montrant les origines du mal de Magnéto, le cinéaste n'hésite pas à prolonger la séquence, en exposant la naissance de cette colère, de cette haine chez Erik Lehnsherr.

La mise-en-scène est maîtrisée, inventive comme la transformation du Fauve à la première personne. Les scènes d'actions s'équilibrent judicieusement avec des séquences plus intimistes. L'utilisation du split-sceen - Méthode très utilisée dans le cinéma des 60-70's - donne pour l'occasion un rendu très comics-book à l'image, notamment lors de l'apprentissage des jeunes mutants, permettant ainsi d'accentuer la simultanéité des événements, et de montrer à quel point Charles s'investit auprès des élèves.


X-Men : Le commencement est parfaitement rythmé, avec un zeste de tension : La séquence du pub en Argentine, la géniale partie en Russie ou encore ce climax final avec les armées des deux blocs se faisant face. Enfin saluons le fait, pour une fois, chacun des protagonistes parlent dans sa langue maternelle (Russe, Allemand…), ajoutant ainsi à la crédibilité de l'histoire.

L'une des grandes réussites reste sans doute sa reconstitution des années 60, rappelant Mad Men. Les couleurs, le design, la musique, les vêtements, tous ces différents éléments font replonger le spectateur dans cette période de prospérité ou la consommation était reine, l'âge d'or de la modernitéCe long-métrage à un véritable côté "James Bond" avec un cadre géopolitique tendu, ces femmes fatales, des infiltrations en territoire ennemi, et son méchant sorti tout droit du S.P.E.C.T.R.E. Cette esprit digne de l'espion Britannique, adhère totalement à cet atmosphère sixties, où la société mondiale vibre aux caprices des deux blocs, ces maîtres d'oeuvres des nombreuses crises durant la guerre froide.

Des hommages ou clins d'oeil au 7ème Art des sixties sont dissimulés dans X-Men : Le commencement : La salle souterraine de commandement stratégique, de par son architecture fait immédiatement penser au Dr Folamour de Stanley Kubrik. L'utilisation de quelques stock-shot - images d'archives - des 60's, pendant la séquence à Las Vegas, rappel l'une des aventures de James Bond - Encore lui ! - : Les diamants sont éternels. 

Outre un scénario solide respectant l'esprit original du comics, et une reconstitution minutieuse, s'ajoute d'excellent comédien. James McAvoy est parfait, l'incarnation même de l'humanisme, de la naïveté et de l'empathie de Charles Xavier, avec cette volonté de protéger l'humanité des mauvais mutants et d'éduquer ces jeunes surdoués pour les protéger d'eux même et du regard des autres. Michael Fassbender, apporte son charisme au futur Magnéto, Ian McKellen incarnait le chef de la confrérie d'une façon trop manichéenne avec un coté mégalomaniaque digne des comics-book. Erik Lehnsherr est certainement l'un des protagonistes les plus ambigu de la saga, cette ambivalence se ressent parfaitement dans la tragédie de son passé, ce mal "originel" est la cause de ses pouvoirs. Dans sa quête de vengeance, le spectateur découvre sa volonté que les siens, les mutants, ne soient plus jamais victime des brimades des humains. Une sorte de parallèle à l'envers entre l'antisémitisme et de la supériorité de l'Homo-superior est dépeint : Le sentiment d'infériorité de sa condition (être Juif) est transformé ici, en fierté (être mutant), Erik Lehnsherr développe donc une idéologie de "race pure". De la théorie de l'évolution de l'espèce humaine de Charles Xavier, il ne retient ce qui l'intéresse vraiment… Le milliardaire Sebastian Shaw, est interprété par le génial Kevin Bacon, grand méchant de l'histoire, ce dernier veut provoquer un hiver nucléaire d'où naîtra une nouvelle nation mutante. Sa relation avec Erik Lehnsherr, est digne des mythes populaires : Géniteur du monstre à la manière de Frankenstein. Avoir crée un passé commun à Charles et Raven, est une excellente idée, apportant une dimension, et de la profondeur à Mystique, superbement incarnée par Jennifer Lawrence. Son pouvoir de métamorphe, ses doutes et son instabilité physique et morale, rappel la période de l'adolescence. Signalons l'apparition de tête connu des cinéphiles comme Michael Ironside (Total Recall), James Remar (48 Hrs.) ou encore Ray Wise (Twin Peaks), même si leur présence à l'écran se limite juste à quelques répliques.

"I'm Magneto"
La composition d'Henry Jackman, s'accorde parfaitement à l'ambiance des sixties. La bande originale possède d'excellente mélodies, dont le thème de Magnéto.

Après son jouissif Kick Ass, Matthew Vaught signe une nouvelle réussite du genre. X-Men : Le commencement n'est pas une transposition de comics-book, mais une véritable adaptation intelligente, en reprenant les origines de la longue saga papier tout en respectant l'esprit. Le long-métrage est véritable réussite donc, redonnant ses lettres de noblesses à la franchise.



mardi 27 mai 2014

X-Men : L'Affrontement Final (2006)

Troisième volet des aventures de nos fameux mutant dans les salles obscures. X-Men : L'Affrontement Final, est certainement le long-métrage le plus controversé de la franchise

La conclusion d'X-Men 2, annoncé la saga du Phénix Noir. En Juillet 2004, Bryan Singer est engagé par Warner Bros pour mettre en chantier Superman Returns, signant le retour de l'homme d'acier sur grand-écran après dix neuf ans d'absence. À l'époque le metteur-en-scène déclare : "Je n'avais pas X-Men III à l'esprit".

En Août, Simon Kinberg (Mr. et Mrs. Smith) est engagé avec Zack Penn (Elektra), les deux scénaristes travaillent séparément au départ, puis combine leurs idées. Leurs sources d'inspirations sont La saga du Phénix Noir pour le côté émotionnel tandis que "Surdoué" de Joss Whedon sert d'intrigue centrale. Le duo a eu sept mois pour compléter le script d'X-Men : L'Affrontement Final. Les auteurs ont dû se battre auprès de 20th century Fox pour préserver la partie, Phénix noir, le studio voulant seulement l'histoire du gène mutant et d'un conflit entre Magnéto contre les X-Men. Les costards-cravates considèrent le ton du récit trop sombre pour un Blockbuster de l'été, risquant de ne toucher uniquement les amateurs inconditionnels du comics-books et non le grand-public. Les businessmans demandent aux scénaristes de développer Wolverine et de tuer Cyclops : "On ne peut pas voir ses yeux. C'est un personnage difficile à montrer au public", le comédien, James Marsden participe également à Superman Returns, une pierre deux coups en quelque sorte

Entre temps Bryan Singer demande à 20th Century Fox de mettre en pause la production du troisième opus jusqu'à son retour. Mais le patron du studio, Thomas Rothman refuse, le réalisateur claque la porte. Au moment de son départ, le cinéaste, avait déjà élaboré une intrigue avec l'aide des scénaristes d'X-Men 2, Dan Harris & Michael Dougherty - ils l'accompagneront également sur son projet Superman. Ce scénario est axé sur la résurrection de Jean Grey en Phénix Noir, et introduit le personnage d'Emma Frost, rôle prévu initialement pour Sigourney Weaver. Cette dernière devait manipuler les émotions de la jeune femme, de son côté Magnéto désire également la contrôler. Accablé par ses pouvoirs la puissante mutante se suicide, son esprit devient une créature quasi-divine, semblable à l'enfant des étoiles de 2001, l'odyssée de l'espace

Le studio fait de nouveaux contrats pour les comédiens et comédiennes, ceux-ci avaient signé uniquement pour deux films. Le document d'Hugh Jackman stipule l'approbation du réalisateur, l'acteur propose alors Darren Aronofsky, dont il vient de finir le tournage de The Fountain20th Century Fox demande alors à plusieurs cinéastes :  Joss Whedon, - dont la majorité du script d'X-Men : L'Affrontement Final est tiré de son comics-book - décline l'offre travaillant actuellement sur un projet de long-métrage sur Wonder Woman, à Rob Bowman (Le Règne du feu) et Alex Proyas, refuse personnellement à cause des conflits avec Thomas Rothman, lors de la production d'I, Robot. Zack Snyder est également approché, mais annule sa participation car ce dernier est en pleine préparation de 300En Février 2005, la production n'a toujours pas de réalisateur, le studio annonce la date de sortie pour le 5 Mai 2006 au États-Unis. Un mois plus tard Matthew Vaughn (Kick-Ass) est embauché, 20th Century Fox repousse son Blockbuster pour le Memorial Day - Le week-end du 26 Mai. Le cinéaste intègre Le Fauve (enfin !) et Le Fléau (Juggernaut) au casting des Mutants. Mais le metteur-scène jette l'éponge, pour des questions familiales et des délais serrés "Je n'ai pas eu le temps de faire le film que je voulais faire". La production embauche en urgence le Yes-Man et tâcheron, Brett Ratner pour réaliser le long-métrage. 

Comme le studio développe simultanément X-Men Origins : Wolverine, une limite du nombre de mutant présent à l'écran est fixé. La production évite ainsi le risque d'utiliser des personnages pouvant faire doublon dans la future saga The Wolverine. Le convoité Gambit a failli être exploité dans X-Men : L'Affrontement Final, mais Simon Kinberg estime "il n'y avait pas assez d'espace pour l'introduire", le scénariste ne voulait surtout pas dégoûter la communauté du comics-book, par peur de ne pas rendre justice à ce personnage hautement populaire.


Le laboratoire pharmaceutique Worthington a mit au point un vaccin permettant aux mutants de renoncer à leurs pouvoirs. Pour la première fois de leur histoire un choix s'offre à eux : conserver leurs dons uniques et cette méfiance des humains envers eux, ou bien abandonner leurs pouvoirs et devenir des êtres normaux. Pendant ce temps chez nos X-Men, Cyclops est dévasté depuis la mort de Jean Grey, ce dernier décide de retourner à Alkali Lake, c'est alors qu'apparaît soudainement sa bien-aimée devant-lui. Le professeur X ressent alors une énorme pression psychique, il décide d'envoyer Wolverine & Tornade. Sur place, ils retrouvent la jeune femme inconsciente, et envisage de la ramener au manoir. Une fois arrivés à la demeure, Charles Xavier leur explique que Jean Grey a libérée en se sacrifiant une partie de son subconscient appelée "Phénix".

Délaissée par Bryan Singer, parti réalisé Superman returns, la franchise X-Men se retrouve entre les mains des costards-cravates et du réalisateur de Rush Hour : Brett Ranner

Si le succès commercial est au rendez-vous, surpassant les deux premiers volets, le résultat sur le plan artistique, se révèle être une catastrophe intégrale. il serait malhonnête d'accuser seulement son réalisateur, engagé sur le tard suite au désistement d'autres cinéastes.

La thématique de base d'X-Men : L'Affrontement Finalce fameux choix s'offrant aux mutants sur l'acceptation ou non de leur nature, n'ai jamais réellement exploitée. 

Mais rien ne fonctionne dans ce long-métrage : des personnages majeurs sont écartés ou tués sans jamais susciter la moindre émotion dramatique - La faute au tâcheron derrière la caméra -, Cyclops apparait deux secondes, restant l'un des X-Men les plus sous-exploités, Mystique redevient humaines de manière prématurée, l'une des mutantes les plus intéressantes de la saga, est platement remplacée par l'insipide Pyro. Elle reviendra se venger de Magnéto de manière ridicule, car ce dernier l'avait exclue de la confrérie.

L'introduction de tous les nouveaux personnages n'est jamais développée, certains font une apparition, voir se limite à une simple figuration (Colossus, Angel & Kitty) ou d'autres paraissent simplement ridicules, par rapport à leur équivalent sur papier : Le Fauve absolument grotesque, correspond à la description de Wolverine - Un gros nounours bleu. Quant au Fléau (Juggernaut), ce dernier devient un mutant, - les scénaristes n'ont dû jamais lire la BD de leur vie - et une brute sans cervelle dont la médiocrité du traitement rappelle Dents-de-sabre dans le premier opus. Ce personnage est quant même le demi-frère du Professeur X dans le comics-book. Cette relation n'est jamais exploité ! Un comble. Son accoutrement est un mélange entre le maître d'arme et Musclor des maîtres de l'univers. Et que dire de l'armée de Magnéto, composée d'adolescent au style gothique, drag queen tatouées et de vagabonds campant dans une forêt.


Le traitement des piliers de la saga n'arrange rien : Wolverine, castré et pleurnichard en mode romantique, voir fleur bleue - Mon dieu ! ce dernier plan sur un balcon fleurie… Magnéto est devenu un vieux gâteux et Jean Grey - Phénix, une hystérique. N'oublions pas un humour au ras des pâquerettes, la marque de fabrique du réalisateur.


La mise-en-scène, de Brett Ratner est catastrophique. Le cinéaste se loupe en beauté en foirant tous les enjeux importants, la majorité des combats sont mal orchestrés. Sans oublier certainement des costard-cravates de la production exigeant aucune violence, d'où un Logan donnant des coups de griffes, sans verser une seule goutte de sang. Que reste-il ? Des effets spéciaux parfois impressionnant, mais ne servant justement à rien, les FX sont juste là à essayer d'avoir des grosses explosions à l'écran et n'aboutissent jamais à une seule scène visuelle ou dramatique intéressante.  Heureusement le seul point positif du long-métrage reste l'interprétation solide de ses comédiens, sauvant le peu d'intérêt d'X-Men : L'Affrontement Final.



Cet opus, symbolise la décadence du genre : Adieu l'intelligence du propos, bonjour aux profits, du pur produit marketing en somme, destiné avant tout à attirer le jeune public peu exigeant sur la qualité - Les récentes épopées Twilight & Hunger Games, le prouve. À part quelques idées intéressantes parsemées, mais réellement jamais exploitées. Bref ! rien ne peut-être sauvé du naufrage artistique. 

A noter tout de même une note optimiste, lors de la tournée mondiale pour la promotion d'X-Men : Days of the Future Past. La productrice Lauren Shuler Donner a annoncé, X-Men : L'Affrontement Final & X-Men Origins : Wolverine, ne font plus partie de la continuité.

Affiche Japonaise


dimanche 25 mai 2014

X-Men 2 (2003)

À sa sortie X-Men est devenu un succès mondial au box-office. 20th Century Fox envisage rapidement de produire une suite. Bryan Singer réfléchit déjà à l'intrigue dès Septembre 2000 soit trois mois après la sortie du premier opus.

Le cinéaste envisage d'utiliser deux éléments du comics-book : le virus Legacy & l'intrigue d'Xmen : Dieu crée, l'homme détruit de Chris Claremont, l'un des scénaristes historiques de la saga papier. Bryan Singer, apprécie l'idée d'un méchant humain, en la personne de William Stryker. Le producteur Tom Desanto et son ami réalisateur envisagent ce second long-métrage, comme La guerre des étoiles : L'empire contre-attaque, pour la franchise.

L'homme d'affaire, Avi Arad annonce une sortie pour Novembre 2002. David Hayter - Voix de Solid Snake & de Big Boss dans la saga Metal Gear Solid - et Zack Penn (Avengers) sont engagés pour écrire chacun un scénario, les deux écrivains combinent ensuite leurs idées, pour une seule et unique intrigue. Mais plusieurs récits sont écrites, la production embauche en Février 2002, Michael Dougherty & Dan Harris , - Scénaristes de Superman Returns quelques années plus tard -, pour réécrire l'histoire d'origine. Ils intègrent Angel et Le Fauve, puis les supprimes en raison d'un nombre trop important de protagoniste. Suite à l'Oscar de la meilleur actrice reçue par Halle Berry, le personnage de Tornade est davantage développée. Par manque de budget les Sentinelles et la salles des dangers sont une nouvelle fois retirés du scénario. Les éléments et idées des différents scripts du premier opus, sont réutilisés - notamment ceux de Joss Whedon, cinéaste du futur Avengers. Comme la conclusion finale par la transformation de Jean Grey en Phénix.

Le tournage d'X-Men 2 débute à partir du 17 Juin 2002 au Canada dans la région de Vancouver.

Concept Art de la salle des dangers. 

Les X-Men sont à la recherche d'un étrange mutant dénommé Kurt Wagner - Diablo. Ce dernier c'est introduit dans le bureau ovale pour tenter d'assassiner le président des États-Unis, alors que l'opinion public est de plus en plus hostile envers ces êtres évolués. Le professeur Xavier & Cyclops rendent visite à Magnéto dans sa prison pour savoir s'il est impliqué dans cette affaire. Mais derrière ce complot se cache William Stryker, un homme désirant sa vengeance envers ses humains surdoués. Ce militaire est également impliqué dans le passé de Wolverine et le fameux projet Arme X…


Dès la scène d'introduction, Bryan Singer envoi un message fort au détracteur du premier opus, en corrigeant ses défauts majeurs : À savoir un manque de spectaculaire et des choix contestables quant aux mutants du comics-book mis en avant.  Cette séquence, parfaite au niveau du rythme et du découpage, implique d'emblée le spectateur, découvrant rapidement les enjeux de cette suite. Un scientifique militaire, William Stryker désire exterminer tout ces humains surdoués, une idée encore plus extrême que le recensement évoqué par le sénateur dans X-men. Cette orientation constitue une suite logique, rappelant bien évidemment les heures sombres de notre histoire.

L'intrigue est beaucoup moins léger et manichéen, le cinéaste ne sacrifie pas ces thématiques sur l'autel du dieu "grand spectacle" cher à Hollywood, proposant ainsi des encas intimistes. Bryan Singer  évoque la question de la foi, au cours d'un échange entre Diablo & Tornade, ou du coming-out d'un jeune révélant à sa famille sa nature de mutant, l'allusion à l'homosexualité est flagrante. Le réalisateur développe l'idée qui l'a attiré sur ce projet d'adaptation du comics-book, la peur de la différence et les extrémités qu'elle génère.

X-Men 2, se base cette fois-ci sur une alliance temporaire entre les gentils et les méchants mutants contre leurs véritables ennemis : L'humain, William Stryker. Débarrassé de cette simplicité bipolaire, d'autres thèmes sont développés : Les X-men mettent en avant le fait de se fondre dans la masse, pour vivre en harmonie avec les humains et utiliser leur pouvoir qu'en cas d'extrême nécessité. Tandis que Magnéto  valorise les mutants comme des êtres exceptionnels dont il faut exploiter tout le potentiel. 


La bête féroce retrouve
son créateur.
Le spectateur se retrouve toujours devant des personnages trop lisse pour susciter de l'intérêt, Cyclops en tête.

Heureusement Wolverine est là, Logan est encore plus bestial ici, comme l'attaque de l'école ou le combat contre Lady Deathstrike. Le mutant le plus féroce de l'écurie Marvel Comics, est en quête de ses origines, il découvre petit à petit les secrets du projet Arme X. Bryan Singer introduit donc des éléments de L'arme X, le comics-book de Barry Windsor-Smith, conservant encore une part de mystère. Il faudra attendre six ans pour voir enfin cet acte développé dans le nanardesque X-Men Origins : Wolverine.


Jean Grey devient de plus en plus puissante au fil d'X-Men 2. Quant à Patrick Stewart & Ian McKellen, les deux comédiens charismatiques apportent toujours leur talent devant la caméra, tandis que Rebecca Romijn campe une Mystique toujours aussi féline et vénéneuse.


Plus esthétique, beaucoup moins édulcoré, voir un plus violent, Bryan Singer se permet une première demi-heure excellente. Tout d'abord l'introduction avec Diablo et ses  capacités de téléportation, tout est parfait : Cadrage, montage, chorégraphie et la musique, une scène vraiment tirée d'une page de comics-book. L'invasion de l'institut, ou l'on retrouve un Wolverine bien badass, sautant dans le tas de soldats. Le cinéaste se permet d'insérer un clin-d'oeil avec Colossus & Kitty. Cette séquence se révèle plutôt violente pour un PG-13, comme l'évasion spectaculaire de Magnéto de sa prison de plastique grâce au fer contenu dans le sang de sa victime ou le passage chez les parents d'Iceberg, avec un policier tirant un heatshot vers Logan et Pyro servant enfin à quelques choses. Ces deux scènes de démonstration de pouvoir sont vraiment très bonnes. 

X-Men 2 est maîtrisé de bout en bout : Moins manichéens, plus sombre, plus développé et mieux réalisé que le 
premier opus. Cette suite n'en demeure pas moins un divertissement efficace, avec ses personnages attachants et ses enjeux adultes. Toujours aussi respectueux du matériau d'origine, Bryan Singer se permet de prendre des libertés. Malheureusement le troisième long-métrage signera la débâcle annoncée…