samedi 29 mars 2014

L'art de Drew Struzan

Le nom de Drew Struzan ne parle pas au grand-public, mais vous connaissez inévitablement son art. Cet artiste peintre américain, a bercé plus particulièrement la génération des années 80, avec ses affiches mythique, a travaillé avec les plus grands réalisateurs & créatifs d'Hollywood : Steven Spielberg, Robert Zemeckis, Frank Darabont, John Carpenter, Guillermo Del Toro et évidemment George Lucas.

Née à Portland en 1947, il quitte le foyer, pour prendre des cours de dessin à l'âge 18 ans, avec une bourse du Lion's Club de 300$, à l'Art Center College of Design dans l'université de Stanford à l'ouest de Los Angeles, un signe du destin ?!

Travaillant en Freelance, dans le monde de la publicité, pendant quelques années, avant de rejoindre Pacific Eye & Ear, lors de l'âge d'or de la société, ou il réalise des couvertures, d'album vinyle d'artistes variés d'Alice CooperBlack Sabbat à Roy Orbisson en passant par The Beach Boys, aux Bee Gees. L'artiste fait ses armes sur divers projets, afin de trouver son style graphique, les avis des différents clients lui permettent d'allez de l'avant. Sur les conseils, d'un ami travaillant dans l'industrie du cinéma, Drew Struzan, fonde Pencil Pusher, pendant huit ans. Nous sommes en 1975, ses premières commandes sont pour des séries-B d'épouvantes d'American International Pictures, avec l'empire des fourmis géantes à Soudain… les monstres. Petit-à-petit, son style graphique unique saute au yeux des professionnels, du publics, entrant aussi indiscutablement dans la mémoire collective du cinéma Hollywoodien.

Auto-portrait de Drew Struzan

L'artbook, L'art de Drew Struzan, retrace à partir des années 80, ses quarante ans de carrière, le magazine Time l'a surnommé : "le dernier peintre d'affiche de film". 

En septembre 2008, lors de la campagne promotionnelle d'Indiana Jones et le royaume du crâne de cristal, l'illustrateur annonce sa retraite, frustré, fatigué de ses combats artistiques, subissant les critiques des costards cravates ou autres responsables marketing des Studios Hollywoodien, n'ayant plus aucune réel vision, ne jurant exclusivement par le dieu Photoshop. Même si depuis la date fatidique, l'artiste a réalisé de nouveau, quelques rares travaux comme le poster limité The Walking Dead, lors du Comic-Con San Diego de 2010.


Frank Darabont, signe une préface enflammée. Le cinéaste revient sur ce point, en critiquant l'ère digitale, ou les affiches de nos jours sont fades, déshumanisées, sans aucun partie pris artistique par les bureaucrates idiots et autres rats du marketing appartenant aux Majors. Même si la majorité des cinéphiles préfèrent accrocher chez eux, une oeuvre de Drew Struzan à un poster sans âme réalisé sous Mac. Malheureusement ce n'est plus le cas du grand-public, lui ne fait même plus attention aux outils de promotions d'un film ou s'en moque totalement, la médiocrité artistique à gagné dans un sens.

Le livre ne comporte pas la majorité de ses travaux - Environ 150 d'affiches réalisées - ses principales oeuvres commerciales sont représentées : de Retour vers le futur, Blade Runner, en passant par les productions LucasFilm avec Indiana Jones & l'inévitable Star Wars, sans oublier les deux premiers Harry Potter. La mise-en-page avec des remarques, des anecdotes, nous montre les comp' - comprehensive - Ses esquisses préparatoires, les différentes variations, ses idées passant dans la tête de l'artiste, jusqu'à l'étape finale n'ont jamais été présentés, également des projets avortés, WaterWorld ou son travail sur des films d'animations, comme Bernard & Bianca au pays des Kangourous pour Walt Disney Company ou Fievel en Amérique chez Amblin Entertainement. 

Son art reconnaissable entre tous, souvent copié, jamais égalé. Drew Strazan, se sert de photographie pour les visages, peignant à la peinture acrylique avec des aérographes sur de grande toile, l'illustrateur rajoute des détails de crayon de couleur. Une des forces de son talent, les poses iconiques mettant en valeurs les comédiens, lors de la composition d'oeuvre. 

Les éditions Akileos, proposent un ouvrage magnifique & indispensable, pour tous les amoureux du cinéma, nous rappelant à jamais cette époque, pas si lointaine, des artistes peintre ou l'infographie n'était pas dominante ou l'on s'extasiés gosses devant de merveilleuse affiche. Merci, Monsieur Drew Struzan, de nous avoir fait temps rêver gamin, grâce à votre travail. 



jeudi 27 mars 2014

Carnage - Prime Cut (1972)

Carnage rebatipsé Prime Cut, titre original exploité chez nous lors de sa ressortie en vidéo. Polar dans la pure tradition des années 70. Réalisé par Michael Ritchie, cinéaste ayant fait ses classes à la télévision pour embrayé ensuite dans le monde du cinéma, avec la descente infernale & votez McKay, tout deux avec Robert Redford en acteur principal.

Nick Devlin est engagé par la mafia de Chicago de récupérer l'argent de Mary Ann, une crapule de la pire espèce, responsable d'un abattoir dans le Kansas, lui servant de façade pour ses véritables activités : Dealer de drogue et surtout la traite des blanches, les filles sont vendues comme du bétail. Bien sur ce dernier refuse de payer son dû, commence alors un bras de fer chez les redneck…

Le générique d'ouverture, s'ouvre sur une chaine de production alimentaire de steak et de saucisse, du boeuf au produit fini, sauf au détour d'un plan furtive, on entr'aperçois un cadavre humain, l'ambiance est donc donnée dès le début. À la manière de L'inspecteur Harry de Don Siegel ou d'autres polars Américains de l'époque, l'écriture subversif ancré des 70's, est la force de Carnage, l'exploitation des femmes comme du bétail est le meilleur exemple, avec cet orphelinat servant à Mary Ann, de vendre des filles, de l'esclavagisme moderne.


En voyant Carnage on pense à La loi du milieu, avec l'opposition entre gangster des villes aux "méthodes raffinées" et truands des champs aux "méthodes rustres". Les deux adversaires se livrent un duel viril physiquement & verbalement : Nick Devlin, tueur au sang froid imperturbable, peu bavard, presque Melvillien et Mary Ann, nom très féminin, salaud de la pire espèce, ayant une relation tendancieuse avec son frère, une sorte d'homosexualité latente.

Affiche Américaine

Également la confrontation de deux mondes à lieu, celui des citadins et des ruraux, voir des bouseux avec en point d'orgue surréaliste, la foire agricole, ou les spectateurs applaudissent quand Lee Marvin & Sissy Spacek se font tirer dessus, les autorités publiques sur place, policiers et administrations, ne bougent pas le petit doigt. Cela montre le réseau mafieux, et la corruption mise en place par Marry Ann.

La réalisation inspirée de Michael Ritchie, à la manière d'un documentaire, met en valeur les paysages urbains et ruraux, la séquence du vent caressant le champs de blé, fait penser à Terence Mallick. L'utilisation du CinémaScope donne une plus-value indéniable. La mise-en-scène peut paraitre absurde, voir surprenante, comme le frère de Mary Ann essayant de poignarder Nick Devlin avec une saucisse.

Le cinéaste signe deux belles séquences :

La course-poursuite épique avec la moissonneuse-batteuse, bénéficiant d'un montage efficace, un beau pastiche de la mort aux trousses d'Alfred Hitchcock. Et le final avec la préparation du gun-fight, - une première pour l'époque - sous le tonnerre grondant au loin, la fusillade dans le champs de tournesols filmée efficacement et la destruction spectaculaire d'une serre à l'aide d'un camion.

Rien à redire sur les acteurs, aux sommet de leur gloire. Lee Marvin charismatique bouffe l'écran littéralement et Gene Hackman en redneck salopard, livre une prestation solide à sa hauteur. Coté casting féminin, la jeune Sissy Spacek très convaincante et Angel Tompkins (La loi de Murphy), sublime en femme vénale, actrice physiquement proche des égérie des 70's comme Angie Dikinson.

La composition très jazzy de Lalo Schiffrin accompagne à merveille les images.

Polars violent, sans concession, se déroulant dans l'Amérique profonde, Prime Cut est dans la droite lignée des B-Movie de l'époque, le long-métrage de Michael Ritchie bénéficie d'une réalisation solide & impeccable. Une belle petite découverte !

Affiche Japonaise

Affiche Japonaise
Affiche Italienne

mardi 25 mars 2014

Top Secret! (1984)

Après avoir parodié les films de catastrophes aériennes avec Y-a-t-il un pilote dans l'avion, les polars avec Police Squad et la future trilogie Y-a-t-il un flic… En 1984, sort Top secret! Un pastiche sur les films de guerre, nouveau bébé du trio, David Zucker, Jim Abrahams & Jerry Zucker, appelés plus communément ZAZ.

La vedette de Rock n'roll Nick River est invité en République Démocratique Allemande, pour participer à un grand festival culturel internationale, le gouvernement du pays veut en réalité détruire la flotte de sous-marin de l'OTAN lors d'une opération secrète. Le jeune chanteur aide lors d'un diner mondain organisé par le régime totalitaire, une jeune femme, Hillary Flammond, résistante voulant retrouver son père scientifique enlevé par les autorités.

Top secret! est un pastiche sur les films de guerre ou d'espionnage, le déroulement du récit est classique aux genres : Prise de contact avec la résistance, établissement du plan d'attaque, situation à deux doigts de capoter, réussite de l'opération… Comme d'habitude pour ses comédies absurdes, le scénario est prétexte à introduire les différents sketchs, situations rocambolesques, bénéficiant d'une mise-en-scène aux trouvailles visuelles millimétrés : Le coup des bottes sur le bureau ou le téléphone en gros plan. L'humour grotesque avec une petite pincée d'esprit en dessous de la ceinture, n'a pas vieilli du tout, les séquences du déguisement en vache ou de l'opéra avec la représentation du ballet casse-noisette, restent culte à jamais, certaines références dates un peu : Les problèmes de réservoir explosif de la Ford Pinto ne parle pas à grand monde de nos jours.
 
Les inévitables "hommages" cinéphile aux grands classiques sont là : La grande évasion - La séquence en moto dans les champs ; Les douze salopards - L'infiltration de la base ennemie ; Casablanca - Départ en avion dans la nuit avec un soupçon de Magicien d'Oz pour les adieux ou dans un registre différent au Lagon Bleu de Randal Kleiser.

Le juvénile Val Kilmer, interprète Nick River, sosie d'Elvis Presley sur-vitaminé, tombe amoureux de la ravissante Lucy Gutteridge, comédienne habituée au série télévisée. La présences de guest-star prestigieuse, deux acteurs emblématiques d'Hammer Films Production, spécialiste Anglais des films d'épouvantes, le grand Peter Cushing en libraire suédois, et Michael Gough est le professeur Flammond. Également Omar Sharrif, agent secret de la résistance, Est-ce un clin-d'oeil amusant au film Top Secret de Blake Edwards ?

La musique joue un rôle important, le héros étant chanteur de rock. Dès l'introduction le ton musical très 60's est donné avec une chanson digne des Beach Boys, plus tard le concert télévisé de Rick River, ressemble à ceux des Beatles avec les jeunes filles en délires. À souligner, le compositeur  de Top Secret! n'est d'autre que l'immense Maurice Jarre, mélomane connu pour Laurence D'Arabie, Docteur Jivago et d'autres chef-d'oeuvre intemporel.

Inscrit dans la digne ligné des productions ZAZ, Top Secret! est de la dynamite de rire,  les sketchs s'enchaînant à un rythme effrénés. Si vous êtes férus d'humour absurde ou votre film de chevet est Y-a-t-il un pilote dans l'avion, vous passerez un agréable moment pendant quatre-vingt dix minute.

Double Détente (1988)


Double Détente, est un Buddy movie fleurant bon les années 80, produit par Carolco Pictures, réalisé par Walter Hill, d'ailleurs, instigateur du genre avec 48 heures en 1982.

En URSS, le capitaine de police soviétique Ivan Danko est chargé d'appréhender le dangereux trafiquant de drogue, Victor Rostavili. Ce dernier abat froidement son collègue Ivan, lors d'une violente altercation. Le bandit s'enfuit au Etat-Unis, dans la ville de Chicago. Le policier Russe, s'y rend également, il fera équipe avec l'espiègle inspecteur Art Ridizk.

L'intrigue évoque le contexte politique de l'époque. Le trafique de drogue internationale de Victor Rostavili en Russie montre les effets de l'ouverture au monde du bloc Soviétique grâce à la glasnost et la perestroïka, deux reformes majeures politiques et économique menés par Mikhaïl Gorbatchev à la fin des années 80. 

Du coté Américain, le gouvernement de l'ère Reagan & Bush, lutte ardemment contre ce fléau, devenant une préoccupation principale, voir l'obsession de la maison Blanche. Les deux nations ennemies doivent s'allier pour remporter la guerre contre la drogue.

Double Détente oppose deux visions du monde :

- Une critique du mode de vie capitaliste aux yeux du Russe, avec la malbouffe, la pornographie à la télévision sont les éléments d'une société libre, cette "sous-culture" proscrite à l'époque chez les communistes. 

- Les stéréotypes nationaux l'Est / Ouest : Ivan Danko, est un officier strict, froid, attaché à son régime mourant, montrant aucun sentiment tel le mur-de-fer. À l'opposé, l'inspecteur Art Ridizk est l'Américain moyen, une grande gueule au langage grossier, reluquant sans vergogne les femmes dans la rue.

Avec subtilité, les scénaristes critiquent l'ère Soviétique sous Staline, lors d'un rare moment où Schwarzy brise la glace face à son coéquipier Américain, évoquant avec regrets les atrocités du régime et de l'armée rouge.

La force du genre est le bon équilibre entre le duo d'acteur, amenant de la répartie, des situations cocasses et généralement la différence de classe sociale, ici remplacé par le contexte politique des blocs Ouest & Est. Au début les deux hommes ne sont jamais trop  de connivence, les différences culturelles et méthodes d'investigation apportent son lot de frictions, empêches les deux policiers à devenir ami, mais ils trouveront un terrain d'entente avec des intérêts communs au cours de leur enquête. L'intelligence de l'écriture ne verse jamais l'intrigue, les dialogues dans la comédie pure. Le second degrés & les punchlines naissent souvent des différences culturelles, jamais caricaturées. Le récit se déroulant en pleine Guerre Froide, fait de Double Détente un projet sérieux à la base.

Affiche Thaïlandaise.

Walter Hill, réalisateur de B-Movie violent, installe l'intrigue en U.R.S.S, tournée en réalité à Prague, sauf la séquence sur la Place Rouge à Moscou, véritable exploit pour l'époque.

Chose inhabituel dans le cinéma d'exploitation, l'introduction de quinze minutes, uniquement en Russe, les spectateurs Américains n'étant pas habitué à lire des sous-titres à l'écran. La séquence des bains de vapeur, culte de nos jours, comporte un clin d'oeil à Terminator - L'officier Ivan Danko tournant la tête de façon robotique. Pour la partie Américaine, Walter Hill installe l'action dans une ville de Chicago, à l'ambiance urbaine sordide, l'intrigue se passant majoritairement de nuit. Sa marque de fabrique est bien là, une réalisation ultra-efficace, avec ses fusillades hard-boiled, accompagnées de gerbes de sang, les trafiquant de drogues n'hésitant pas à tuer des policiers sans vergogne. Les scènes d'actions respectent le cahier des charges de l'époque : Course poursuite, bourre-pif, coup de fusil à pompe, déchiquetant les portes, ennemis tués faisant des bonds de troi mètres en arrière…

Les musiques composées par James Horner sont dans le standard de l'époque à base de synthétiseur principalement. Chose amusante, le compositeur utilise même un sample du thème de Commando, pour ceux d'entre-vous, ayant l'oreille mélomane, le morceau en question est Tailking Kat / Set Up.

Le casting est impeccable. Arnold Schwarzenegger en officier Soviet bourrin avec son gros flingue, et son physique monolithique sont une excellente trouvaille, son accent Russe est très bon. James Belushi, excellent dans le rôle d'un inspecteur fripon, maladroit et déconneur. En second rôle, Ed'O Ross charismatique en bad-guy de service, Laurence Fishburne (la trilogie Matrix) en flic carriériste et côté féminin Gina Gherson (ShowGirls de Paul VerhoevenBound des Wachowski), faisant de l'aérobic, ça n'a pas de prix. 

Double Détente, est un Buddy movie Rated où l'on ne s'ennuie pas une seconde grâce aux punchlines d'enfer, à l'action non-stop. Un B-Movie virile, musclée digne des eighties, se bonifiant plutôt bien avec le temps. A (re)voir pour se détendre avec un bon verre de vodka.

Affiche Japonaise.
Affiche Japonaise.

samedi 22 mars 2014

Blackthorn : La dernière chevauchée de Butch Cassidy (2011)

Ce premier long-métrage est un véritable hommage intelligent au western. Matéo Gil est connu pour être le scénariste attitré d'Alejandro Amenabar sur des oeuvres comme Tesis ou Agora, auteur également de Vanilla Sky de Cameron Crowne.

Cette histoire prend à contre-pied la thèse officielle de la mort du hors-la-loi en 1908, à 42 ans en Bolivie. Le film n'est pas la suite du Butch Cassidy & le Kid de George Roy Hill

Dans les années 20, contrairement à la légende, Butch Cassidy n'est pas mort dans une fusillade en 1908, ayant échappé à la mort, l'ancien bandit vit comme éleveur de chevaux en Bolivie, sous le nom de John Blackthorn. Apprenant par courrier le décès d'Etta Place, compagne de Sundance Kid, il décide de rentrer aux États-Unis. Sur la route, il rencontre un voleur espagnol, Edouardo Apodaca, en l'aidant, son cheval part avec ses économies. Les deux hommes conclus alors, un pacte pour faire route commune, mais ils sont traqués par des hommes de mains…

L'écriture crépusculaire, se rapprochant d'Impitoyable de Clint Eastwood, raconte, une histoire d'amitié et de respect mutuel naissant entre deux hommes. Butch Cassidy, vit une solitude d'exilé, sa fausse mort transforme sa vie en non-existence lui échappant peu à peu. Ses derniers espoirs, retourner en mère patrie, retrouver son fils caché inconnu à ses yeux, leur correspondance par courrier est une sorte de rédemption pour lui. Les fantômes du passé sont sa force pour continuer son rêve. L'intégration des flashback est une réussite, s'intégrant bien à l'intrigue, apportant ainsi une réelle plus value, le dernier sous la neige bénéficie d'une puissance émotionnelle. Quand la vérité sur Edouardo Apodaca éclate, le spectateur à le même sentiment de souffrance, ce vieux cow-boy de la vieille école trahi, ne supportant pas, qu'on vole les pauvres et les travailleurs. Sur sa route, il retrouve une vieille connaissance, Mac Kinley, ancien détective de l'agence Pikerton sur la piste du Kid et Cassidy, devenu depuis consul honoraire des États-Unis, personnage touchant, bien écrit, devenu alcoolique, sa réaction improvisé dans la salle du médecin est une belle réussite représentant le sujet du film : La vieillesse, mit en avant intelligemment, jamais caricaturé, avec une mélancolie pour le passé. La fin puissante, comme inattendu est éloigné des standards du genre.

Le CinémaScope rend d'une rare beauté à l'écran les paysages de Bolivie.

Sur la forme, Matéo Gil rend hommage aux westerns classiques empreint d'une certaine nostalgie. L'utilisation du CinémaScope, renforce ce sentiment, on a l'impression de se retrouver devant l'âge d'or du genre, comme John Ford (La prisonnière du désert), Budd Boetticher (L'homme de l'Arizona)… Les décors naturels de Bolivie aux couleurs éclatantes, aux nuits bleues profondes sont d'une véritable beauté picturale, remplaçant les paysages d'Amérique du Nord comme Monument Valley ou Lone Pine. La séquence dans le Salar D'Uyuni (Le désert de sel) est magnifique ce ciel bleu divisant le blanc immaculé  montre une profondeur de champs visuel infinie. On ressent "les influences" aux Westerns Italiens, ou de Sam Peckinpah, avec un aspect poussiéreux, moite à l'image, le film à une vraie identité et ne s'encombre pas de clin d'oeil, copié-collé ou d'hommage pompeux pour dégager sa propre atmosphère. 

Une réalisation académique, intelligente, avec un rythme lent collant parfaitement à l'âge de son personnage principal. La chasse à l'homme est une réussite, avec cet aspect de "course-poursuite lente" dont l'échappatoire est finalement peu probable. Le cinéaste incorpore une scène à l'aspect comique digne du coréen Park-Chan-Wook : Le flashback ou Sundance Kid & Butch Cassidy sont dans la chambre d'hôtel, avec un travelling arrière ou l'on comprend vite la situation.

La composition de Lucio Godoy, adhère à l'atmosphère mélancolique, nostalgique et à la tristesse de Butch Cassidy. Les chansons improvisées au banjo sont interprétés par Sam Shepard.

Sam Shepard, impérial, trouve l'un de ses meilleurs rôle, jouant un vieux Butch Cassidy charismatique à la voix rocailleuse et au visage buriné avec le temps. Sa version jeune, lui ressemblant comme deux gouttes d'eau, est interprété par Nikolaj Coster-Waldau, acteur connu pour Jaime Lannister dans Game of Thrones. Eduardo Noriega, talentueux, incarne le voleur Espagnol, à l'issue finale tragique. Stephen Rea est épatant en Mc Kinley, le justicier démotivé pardonnant à son ennemi, le laissant partir, pour en payer le prix fort.

Proche du cinéma d'auteur, la première réalisation de Matéo Gil, nage à contre-courant du genre, se rapprochant d'Impitoyable de Clint Eastwood, avec ce vieux hors-la-loi reprenant du service. La composition des plans et des paysages superbement exploités, en font un des rares films, les mieux cadrés depuis une décennie. BlackThorn : La dernière chevauchée de Butch Cassidy, est une pépite, une claque visuelle, à voir absolument. 


mercredi 19 mars 2014

Le royaume de Ga'Hoole : La légende des gardiens (2010)

Après les adaptations réussis de l'Armée des morts, remake de Zombie de George A. Romero ; 300 du comics Frank Miller &  The Watchmen - Les gardiens, oeuvre de Dave Gibbon & Alan Moore. Et en parallèle de la production de son futur Sucker PunchZack Snyder souhaite réaliser un film grand public afin de le montrer à son fils. 

Le cinéaste adapte en animation les romans de Kathryn Lasky, Le royaume de Ga'Hoole : La légende des gardiens. L'arc narratif développé dans ce long-métrage reprend les trois premiers livres sur la quinzaine que compte la saga.

Deux jeunes frères Tyto Alba (Chouette Effraie des clochettes) du nom de Soren & Klubb sont enlevés, après être tombé du nids familiale, par la tribu maléfique. Leur kidnappeur les emmènent avec d'autres victimes dans un orphelinat-prison, très vite ils découvrent l'être derrière ce plan machiavélique n'est autre que l'ancien tyran Bec D'Acier, bien décidé à instaurer sa dictature avec son armé  de Tyto Alba. Tandis que Klubb est enrôlé, endoctriné par cette milice, Soren lui s'enfuit avec la jeune Gylfie, (une Chevêchette des Sagaros), afin de trouver l'arbre des gardiens, sur le chemin de leur quête, ils font connaissance de plusieurs compagnons de route…  

Le scénario classique, bénéficie d'un univers d'Héroic-Fantasy, assez bien construit, possédant sa propre mythologie, avec ses guerriers chouettes & hiboux, ses chroniques historique et ses guerres intestines, l'éternel combat entre la lumière et l'ombre avec la confrontation fraternelle 


Seuls petit points négatifs : Des personnages secondaires assez peu développés servant finalement à rien ; Un humour un peu lourd. On regret au milieu du récit, une ellipse assez brutale faisant son apparition : Le vieil hermine, leur annonce "votre voyage sera très long", deux minutes après notre troupe d'aventurier est déjà au bout de leur périple.

Apres les adaptations de 300 & Watchmen - les gardiens, deux oeuvres reposant essentiellement sur le matériel graphique d'origine, Zack Snyder a dû créer l'univers, graphique de ce monde enchanteresse. Pour mener à bien ce projet, le cinéaste c'est tourné vers le studio Animal Logic, responsable d'Happy Feet. 

Le résultat à l'écran est magnifique, voir d'une beauté fascinante, on reste absorbé par ce monde, l'architecture des différents endroits est légèrement influencé par Le seigneur des anneaux : La communauté de l'anneau de Peter Jackson. La mise en scène est ultra-léchée, lisible, les ralentis, signature du réalisateur, icônisent l'action, les situations et les protagonistes, comme cette séquence onirique, pleine de grâce, Soren voulant sauver les gardiens, volant dans la forêt en feu, à travers les flammes, la musique de The Host of Seraphim de Dead Can Dance (entendu dans Baraka), rend l'ensemble intense, héroïque ! 

Sur la forme, l'ensemble possède une maturité visuelle. L'ambiance malsaine, voir assez sombre, exemple, la course poursuite des jeunes recrues soldat devant attraper un oiseau bleu vif. La violence assez crue, possédant son lot de mort, même s'il n'y a pas de sang à l'écran. On est loin des autres productions enfantines de Disney. Le film est dans la digne ligné de Brisby & le secret de NIMH de Don Bluth. Néanmoins, une faute de gout gâche l'ambiance adulte instauré depuis le début avec un passage musical raté, du sous Avril Lavigne, dommage.


Le royaume de Ga'Hoole : La légende des gardiens, oeuvre atypique dans la filmographie de Zack Snyder, est un divertissement pour toute la famille, un jolie conte épique, malheureusement sa courte durée, les nombreuses ellipses, empêchent de développer les personnages. Un film à l'aspect sombre, adulte restant bien loin des autres productions enfantines. 

Affiche Japonaise

mardi 18 mars 2014

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lundi 17 mars 2014

True Grit (2010)


Après avoir souvent caressé timidement les codes du western tout le long de leur filmographie, dans Fargo ou l'introduction de The Big Lebowski. Avec True Grit, Les Frères Coen s'attaquent enfin à ce genre. Le déclic, a-t-il eu lieu avec leur chef-d'œuvre No country for Old man ? Définition du Néo-Western.

Seconde adaptation du roman de Charles Portis. En 1969, Henry Hathaway, cinéaste de la conquête de l'ouest avait déjà porté l'œuvre sur grand écran, connu chez nous, sous le nom de Cent dollars pour un shérif avec John Wayne. 

True Grit est le premier gros succès commercial des Frères Coen, dû sûrement à son aspect grand public.

Dans l'Arkansas du XIXéme siècle, Mattie Ross, 14 ans, est déterminée à venger la mort de son père, assassiné lâchement par un de ses employés Tom Chaney. Malheureusement pour elle, ce dernier s'est enfui en territoire indien Choctaw, avec la bande de hors-la-loi de Ned Pepper. La gamine décidée à retrouver l'assassin de son père, décide d'engager le redoutable marshal Rooter Cogburn. Ils sont rejoint dans la quête par le Texas Ranger, Laboeuf, qui est également à la poursuite du meurtrier fugitif pour la mort d'un& sénateur, s'engage alors une chasse à l'homme en plein hiver…


Du point de vue de l'écriture, les Coen adapte le roman, de Charles Portis, en déviant rarement du matériel d'origine, juste un rajout, une séquences absurde incongru, interpelant le spectateur : "Oh tient un ours sur un cheval !". On retrouve bien évidemment leurs univers, avec des dialogues succulents, un soupçon d'humours noir, ou encore cocasse comme Mattie devant les toilettes dialoguant avec Cogbur. Le déroulement de l'intrigue est linéaire. Plusieurs styles sont représentés tantôt le western pur souche, en passant au drame et au road-movie avec la chasse à l'homme. Le PG-13, peut faire peur chez les frangins, comme chez Tarantino, pourtant ce n'est pas dérangeant, on ressent qu'ils sont à la limite du R, True Grit reste un western grand public, accessible à tous, rappelant la gloire d'antan de ce genre. Cette oeuvre reste dans l'esprit des classiques des années 50 & 60, dans le traitement de certaines scènes, notamment la condition des indiens, par exemple, Cogburn donnant des coups pieds à deux gamins. Un des condamnés à la pendaison est un peau-rouge, à qui on ne laisse pas finir ses dernières paroles. Les Coen n'instaurent pas de critique sociale sur l'époque, sur ces moments, à l'instar des réalisateurs de l'âge d'or du genre. Mattie, Laboeuf, l'ambiance, les hors-la-loi, sortent tout droit d'un Western Classique. Cogbur, est un anti-héros par définition son personnage se rapproche du Western Crépusculaire. True Grit ne peut se classer dans aucune des deux catégories définissant ce genre.


Les protagonistes sont attachants, leurs différents caractères sont développés et leur relations touchantes… Mattie est une gamine déterminée, débrouillarde, avec du cran, tenant tête à tous les hommes, c'est la plus intelligente du trio, jouant ainsi sur le décalage d'éducation entre ses deux compagnons d'aventure. Hailee Steinfeld la jeune comédienne, est simplement prodigieuse, une véritable révélation. Et contrairement à la version d'Henry Hathaway, le True Grit des Frères Coen place son point de vue exclusivement du côté de la jeune fille, toute l'action se passe devant ses propres yeux. Rooter Cogbur a du charisme, même si c'est un vieil ivrogne, idéalisé par les yeux de la gamine, c'est un vieux cow-boy, qui confisque le whisky, tire sans sommation, ne faisant pas de prisonnier et même un peu couard, préférant affronter ses adversaires à reversJeff Bridges, tiens ici son meilleur rôle depuis bien longtemps, l'introduction de son personnage au tribunal est juste brillant.  Le Texas Ranger, Laboeuf est un redneck pur souche, le rendant volontairement drôle. Le travail de Jeff Bridges & Matt Damon sur les accents est très travaillé. Je déconseille absolument de voir la version Française. Quant aux bandits, ceux-ci sont peu présents à l'écran, Tom Chaney (Josh Brolin) et l'apparition de cinq minutes montre en main de Barry Pepper interprétant Nedd Pepper, méconnaissable, dantesque dans son rôle de hors-la-loi tenant parole, rendant le récit tout de suite moins manichéen, son personnage est intelligemment écrit.


La réalisation impeccable, rendant hommage au Westerns Classiques & Crépusculaires, les Coen apportent leur talent devant la caméra.

Sobriété est le mot, définissant le mieux ce travail. La composition des plans et séquences, permettent un véritable rendu original, grandiose à l'écran, la scène de fusillade finale est le meilleur exemple : Mattie Ross & Laboeuf sont de dos au bord d'une falaise, surplombant le face à face avec Ned Pepper et ses hommes de main contre Cogbur. La netteté  la profondeur de champs sont incroyable, tout comme le point de vue. Le placement de l'objectif montre vraiment l'ingéniosité des deux frères. Joel & Ethan Coen se permettent des plans inhérents (inconsciemment ?) au genre : De Sergio Leone : L'arrivé en train de Mattie dans la ville rappel l'introduction de Claudia Cardinale dans Il était une fois dans l'ouest. Les plaines étendues vides, magnifié par le CinémaScope. À Clint Eastwood, la fin, fait écho à Impitoyable.

Plan final fait échos à Impitoyable de Clint Eastwood western crépusculaire.
True Grit signe le chant du cygne du western classique.
 
Dans True Grit tout est vrai ! Le long-métrage ne possède pas de décors en C.G.I. La ville, est bien, réelle. La photographie splendide de Roger Deakins, apporte une véritable élégance, méticuleusement travaillée, aux couleurs légèrement délavéessur les décors naturels du grand Ouest : Aux plaines désertiques, en passant dans les rocheuses enneigées ou tombe de fin flocon de neige. Les séquences de nuit, sont des plus maitrisées, (la chevauchée finale ou Rooster Cogbur donne ses tripes) un vrai régal pour les pupilles. Le boulot des ingénieurs du son, Skip Lievsay & Craig Berkey est exceptionnelle, chaque son, tirs ou porté de voix, est différentes de l'endroit ou se situe l'un des protagonistes, un plaisir pour l'ouïe. 

Quant aux mélodies au piano de Carter Burwell, celle-ci renforce l'académisme de l'oeuvre.


Séquence ou Mattie découvre Cogbur en premier lieu d'abord par sa voix roques,
le travelling suit le regard, les mouvements de la gamine, et apparait enfin ce vieux cow-boy. Regardez le magnifique travail sur la lumière. Du grand Art ! 

True Grit est une perle rare, un grand cru rendant ses lettres de noblesse au Western. Une histoire classique de vengeance avec des personnages forts, ses décors naturels magnifique et sa photographie maitrisée en font un classique instantané, faisant même oublier l'original d'Henry Hathaway. Un véritable chef d’œuvre !