dimanche 2 novembre 2014

Driver (1978)

B-Movie écrit, réalisé par Walter Hill, Driver est l'une des sources d'inspirations de nombreux cinéastes : De James Cameron pour son futur Terminator, en passant par Quentin Tarantino, et n'oublions pas Nicolas Winding Refn avec son fameux, Drive.

À la fin des années 70, la société Britannique EMI Films (Filiale cinématographique d'EMI Group) souhaite co-financer des longs-métrages Américains avec les grands studios d'Hollywood, pour cela la société s'octroie l'aide des producteurs Michael Deeley (Blade Runner, L'or se barre) & Barry Spikings (Du sang et des larmes). Driver - Tout comme Voyage au bout de l'enfer ou Le convoi - fait partie de cette association.

Lors de la phase d'écriture, Walter Hill envoie une copie de l'ébauche de son scénario à Raoul Walsh, le vétéran d'Hollywood lui donne alors son approbation. L'une des influences visuelles majeures du cinéaste pour ce long-métrage sont les oeuvres de l'artiste Edward Hopper.

Le rôle du pilote fut à l'origine destiné à Steve McQueen, malheureusement à cause de ses graves soucis de santé, le comédien ne peut pas participer au tournage, la production se tourne alors vers Ryan O'Neal (Love Story, Barry Lindon). Driver est le premier rôle Hollywoodien pour d'Isabelle Adjani, la comédienne avait refusé l'année d'avant de l'autre côté de minuit. Elle a accepté la proposition de Walter Hill, car celle-ci avait apprécié le précédent long-métrage du cinéaste, Le Bagarreur avec Charles Bronson

"Je pense que Walter Hill est merveilleux, il s'inscrit dans la grande lignée d'Howard Hawks. Son histoire est contemporaine, et très stylisée. Les rôles que Ryan O'Neal et moi interprétons, sont comme ceux d'Humphrey Bogart et de Lauren Baccall. Nous sommes deux joueurs dans l'âme, nous ne montrons aucune de nos émotions. Pour nous, parler coûte cher. Ici, je suis une femme mystérieuse ne possédant aucun nom, et je dois l'avouer c'est reposant de pas avoir une vie derrière soi. De cette manière je ne dispose pas d'élément pour creuser mon passée, tout ce que je sais : La vie est un jeu, et je suis une perdante. Je dois avoir un visage impassible face aux gens".


À la sortie d'un casino, une jeune femme - La Joueuse - est témoin d'un braquage effectué par deux gangsters qui parviennent à échapper à la police grâce à l'habilité du chauffeur de la voiture. Le Pilote - son vrai nom est inconnu - est un as de la conduite, aidant des malfaiteurs à faire des vols à main armé à Los Angeles, mais un policier vaniteux aux méthodes peu académique veut arrêter ce fameux "Cow-boy" moderne.

Moment de pur plaisir, ce Driver impressionne à tout niveau, scénario bien écrit, personnages charismatiques au possible avec un casting bien choisi et une réalisation mettant à l'honneur la conduite pure, sans fioritures, ici, c'est le bitume qu'on écorche sans artifice.  

Le spectateur se retrouve devant un véritable Western urbain. L'ambiance générale du long-métrage est vraiment audacieuse, véritable modèle d'épure rappelant Le Samouraï de Jean-Pierre Melville & Le Solitaire de Michael Mann. "Le  Pilote" fait penser au héros Melvillien, par son coté professionnel à toute épreuve et mutique". Dès le départ chaque protagoniste est réduit à sa fonction (Le Pilote, Le Détective, La Joueuse), les deux principaux allant se livrer une chasse sans merci, le gibier et le prédateur s'échangeant les rôles au fur et à mesures que le film avance. Walter Hill ne s'embarrasse pas d'une romance entre "La Joueuse" et du "Pilote" - D'ailleurs cela irait contre sa psychologie -, un plan de baiser fut tourné mais le réalisateur l'a coupé au montage. Du coup le cinéaste se concentre sur son histoire et déroule, avec un rythme soutenu, ne s'encombrant pas d'élément superflu. Au final le spectateur se retrouve devant une pellicule concentrée d'une heure vingt cinq de plaisir dont sa fin est pile-poil dans le ton de son oeuvre.


Affiche Thaïlandaise
Disons le, d'entrée de jeu quand on lance un film intitulé Driver, on s'attend à être au plus près de l'asphalte !. Pari réussi, Ici les bolides et leurs moteurs rugissent comme de beaux diables et l'impression de vitesse à l'écran est bien rendue. C'est la part belle faite aux jolies mécaniques, à part les quelques inserts sonores  minimalistes de Michael Small venant renforcer l'efficacité de certaines scènes comme celle du jeu du chat et de la souris lors de la course poursuite finale par exemple.

Les fameuses courses poursuites justement, Walter Hill les filmes avec le talent indéniable qu'on lui connait. Driver s'ouvre et se termine sur deux monstrueuses scènes de conduites qui sont certainement les meilleures du genre - Concurrençant aisément Bullit & French Connection -, le montage est un modèle d'efficacité rare et la séquence finale entre "Le Pilote" et le Mexicain est bluffante, ce duel chorégraphié d'une main de maître, avec ces voitures se rentrant dedans dans un espace réduit, sans aucune saccade. À noter L'ambiance urbaine et nocturne, est l'une des plus réussit, on a rarement vu mieux depuis.

En bonus, le cinéaste nous offre une petite scène d'embauche, ou "Le Pilote" pour prouver sa valeur va faire visiter à ses hôtes le moindre centimètre carré d'un parking sous-terrain, abîmant au passage la carrosserie d'une Mercedes qui en a sous le capot.


Les différents comédiens sont à leur place et donnent le change avec panache. Ryan O'neal est juste parfait en "Pilote", on y croit dès le début, est froid, méticuleux et sur de lui. Son personnage sans faille, n'hésite jamais une seconde. Isabelle Adjani est excellente en beauté froide, comme les autres acteurs, elle ne parle pas beaucoup mais sa présence est envoutante. Bruce Dern (The Cow-boy, Django Unchained) en policier prêt à tout pour arrêter son fameux "Cow-boy" des rues de Los Angeles. Son rôle est proche de celui de Sterling Hayden dans Chasse au gang d'André de Toth.

Bizarrement Driver est un long-métrage assez peu connu en France, uniquement du cercle des amateurs de Polar 70's. L'histoire très simple, reste captivante de A à Z notamment grâce à la mise-en-scène de Walter Hill, qui, avant Michael Mann, filmait déjà mélancoliquement les grandes métropoles Américaines. Une véritable découverte, à voir d'urgence pour tout amoureux des B-Movie !.

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