dimanche 29 juin 2014

La grande aventure LEGO (2014)


Après leur premier film d'animation Tempête de boulettes géantes - chez Sony Pictures Animation - qui a reçu d'excellentes critiques de la presse et du grand-public. Les deux cinéastes Phil Lord & Chris Miller opèrent alors un virage à 180 degré avec un passage à la réalisation d'un long-métrage de prise de vue réelle, avec 21 Jump Street. Mais Le duo touche à tout revient en 2014, avec La grande aventure LEGO, les célèbres briquettes Danoises.

Depuis 2008, ce projet d'animation sur les LEGOs est en développement chez Warner Bros, Les scénaristes Dan & Kevin Hageman décrivent leur intrigue comme "de l'aventure et de l'action dans le monde de Lego". Pendant la production de Tempête de boulettes géantes, Phil Lord & Christopher Miller sont en pourparlers pour écrire et diriger le film, en Novembre 2011 la major officialise le projet avec une sortie prévue en 2014. 

Le studio Australien Animal Logic, est engagé pour fournir 80% de l'animation du La grande aventure LEGO. Lors de la production du film, Chris McKay réalisateur de Robot Chicken rejoint le duo de cinéaste pour co-réaliser, celui-ci supervise finalement l'animation en Australie pendant que les deux compères terminent 22 Jump Street.

Le studio d'animation Animal Logic - avec l'aide de The LEGO Group - a animé le long-métrage grâce au procédé de stop-motion, ces différents mouvements ont été ensuite reproduits par le biais de l'infographie. Plus de quinze millions de briques ont été utilisé pour la durée du tournage. Et les figurines ont été parfois placées sous des microscopes pour capturer les différentes lignes de coutures, la saleté ou même la crasse, afin de poser ses éléments numériquement sur les nombreux personnages.

Emmet, est une personne ordinaire vivant à Briqueburg, celui-ci est pris par erreur pour le Spécial, un être pouvant sauver l'univers. Grâce à l'aide Vitruvius, un vieil ermite mystique, d'une jeune femme robuste nommée CoolTag et de Batman, notre héros va se battre contre le tyran maléfique Lord Business qui veut détruire le monde LEGO avec le Kragle…

Énorme coffre à jouet, où le spectateur écarquille grand les yeux devant ce délire visuel coloré, et prend ainsi plaisir à découvrir tout un tas de trouvailles amusantes, farfelues. La grande aventure LEGO, pose son regard de façon ironique sur la fonction même du jouet, le début du long-métrage nous immerge dans cette grande métropole aseptisée et uniformisée, où le jeune Emmet suit les indications d'une notice pour devenir un habitant adéquat. Un soir, après le boulot, il découvre une sorte de pierre philosophale, faisant de lui "le Spécial". Nous sommes en plein dans le monomythe de Joseph Campbell, avec cet appel à l'aventure du héros et le cheminement des différentes épreuves parsemant sa route, lui permettant ainsi de s'émanciper… Un concept utilisé de multiples fois au cinéma, de Star Wars - La guerre des étoiles en passant par la trilogie Matrix. D'ailleurs on peut y faire un parallèle amusant entre la saga des Wachowski, Emmet distinguera "la matrice", fabriqué par Lord Business, et l'existence du véritable monde des LEGOs crée par les humains, cet "Élu", tel Néo fera tomber l'ordre établi… Ce Président Directeur Général machiavélique dirigeant une multi-nationale capitaliste, avec ses employés robotisés, contrôle d'une main de fer la mégalopole de BriqueBurg, surveillant les faits et gestes de ces concitoyens par la vidéo-surveillance tel un digne héritier du "Big Brother is watching you" du roman 1984, de George Orwell.

"Vaisseau Spatial !!!!"
Le nom prophétique du héros fait allusion à l'histoire du Golem, issue des anciens récits Hébraïque.  Cette créature faite d'argile et de terre cuite, est vue dans l'ancien testament comme "un être inachevé". Celui-ci s'anime lorsque l'on inscrit sur son front le mot "Emeth" (Vérité). Le Emmet de La grande aventure LEGO est lui aussi "inachevé", quand Vitruvius, sonde son âme, on découvre qu'il est complètement vide de toute pensée. 

Comme pour les longs-métrages de Steven Spielberg / George Lucas, les liens du sang sont également évoqués avec cette vision (ou d'un dialogue) entre un père autoritaire - Lord Business - n'aimant pas que l'on touche à ses jouets et d'un fils - Emmet -, à l'imagination débordante mais finalement le paternel apprendra à connaître son garçon, réparant ainsi ses erreurs. Les enfants deviennent une véritable source à la créativité, ils ne suivent pas les manuels, faisant bouger les lignes contrairement aux adultes, ces derniers veulent tout figer et garder le monde de manière ordonné.

On peut y voir également, une habile relecture des codes Hollywoodiens, notamment grâce au fameux "MacGuffin" de l'histoire, thème cher à Alfred Hitchcock, ici l'objet mystérieux prétexte au développement de l'intrigue est l'étrange bouchon rouge permettant de refermer le Kragle. 

Lors de l'odyssée décapante de nos héros, s'ensuit une ode à la créativité, un empilement ravageur de brique, où fourmillent d'innombrables idées s'avérant parfois immensément drôle. La grande aventure LEGO appuie sur l'accélérateur multipliant les scènes d'actions jouissives et enclenche le turbo pour ne plus s'arrêter. Ces nombreux personnages trépidants à l'humour simple mais terriblement efficace - Uni-Kitty, mauvais flic, Batman excellent avec son côté sombre parodique ou le duo Green Lantern & Superman). A noter, l'apparition du Faucon Millenium, avec à bord Lando, C3PO & Han Solo. D'ailleurs, en version française, la voix de ce dernier est similaire à celle de Francis Lax - qui doublait Harrison Ford dans la trilogie culte de George Lucas - Un belle hommage au comédien décédé en mars 2013.

Outre ce space-opéra mythique, de nombreuses références à la pop-culture sont dissimulés tout le long de ce long-métrage, dont les fameux super-héros de DC Comics - propriété de Time Warner. Mais également des caméos de Milhouse des Simpsons, des Tortues Ninjas, en passant par Dumbledore d'Harry Potter ou encore de Gandalf le gris du Seigneur des anneaux.

Un peu à la manière d'un Toy Story de John Lasseter, le long-métrage fait avant tout appel à nos souvenirs de gamin, en nous prenant par la main pour nous faire revivre notre enfance pas totalement disparue. Mais ce qui est génial, c'est l'inventivité visuelle, rien que la première séquence sur le chantier est un émerveillement pour les rétines, un véritable dédale d'ingéniosité plastique. Grâce notamment à la thématique  propre au LEGO, la construction et la décontraction, le spectateur oscille entre des grosses scènes hyper fouillées foisonnant de détail à l'écran, tout en restant d'une lisibilité impressionnante.

Et n'oublions pas les différents mondes que nos héros traversent, de la mégalopole de Briqueburg sortie tout droit de la gamme de LEGO City, à l'univers Far West à sa bourgade aride digne de Monument Valley en passant par la cité des nuages, à l'ambiance colorée  rose flashy façon "Kawai" digne du quartier d'Harajuku à Tôkyô. Le spectateur assiste à un véritable déluge de briques multicolores vivantes, l'immergeant encore plus dans ce long-métrage !

La version originale, possède des valeurs sûres de la télévision et du cinéma Américain. Will Arnet (Arrested Development, Les gardiens de la galaxie) prête sa voix au benêt Hemmet. Elizabeth Bank (30 Rock) est l'intrépide Cool'Tag, bien sûr l'immense Will Ferrel, incarne Lord Business, et Liam Nesson, interprète méchant flic. Quant à Morgan Freeman, celui-ci comme à son habitude est le vieux sage Vitruvius. A noter la participation exceptionnelle d'Anthony Daniel, le véritable C3PO de Star Wars - La guerre des étoiles, mais également celle du basketteur Shaquille O'Neal, et les deux cinéastes Phil Lord & Chris Miller retrouve également leurs deux acteurs de 21 Jump Street, Channing Tatum en Superman & Jonah Hill en Green Lantern.

La grande aventure LEGO bénéficie d'un rythme décapant, voir décoiffant, pouvant paraître trop étouffant pour certains spectateurs. L'intrigue très bien écrite, avec sa double lecture et ses sous-textes, arrive à humaniser le jouet lui-même, ce long-métrage peut donc plaire aux plus petits et également aux adultes, avec cette once de nostalgie. Derrière le prétexte d'une immense publicité pour la firme Danoise, l'intelligence et l'universalité du propos remporte la mise. Certainement l'un des meilleurs films d'animations Américain récent, hors Disney - Pixar & DreamworksUne bouffée de fraîcheur à savourer entre ami sur "un canapé impérial" !.

vendredi 27 juin 2014

C'est la Fin (2013)


Seth Rogen et son ami Evan Goldberg ont déjà collaboré sur de nombreux scénarios : SuperBad, Délire Express, The green Hornet, ou encore Voisin du troisième type. Les deux comparses décident enfin de se lancer dans la réalisation en reprenant l'idée d'un court-métrage qu'ils avaient écrits en 2007, Jay & Seth Vs the apocalypse.

Jay Baruchel décide de retrouver son ami Seth Rogen à Los Angeles, pour passer du bon temps avec lui. Les deux hommes décident de se rendre à la pendaison de crémaillère de James Franco, où est invité toute la petite communauté de la comédie Américaine, de Michael Cera à Jason Segel, et aussi quelques vedettes comme Rihanna. Lors de la soirée, des événements étranges vont se produire, et les comédiens vont devoir survivre à la fin du monde…



L'idée génial de C'est la Fin, est que chaque comédien y joue son propre rôle, mélangeant ainsi la fiction et la réalité. Après Le dernier pub avant la fin du monde d'Edgar Wright et son sous-texte sur l'amitié, ici le long-métrage prend une direction diamétralement opposée, les acteurs dévoilent leur vrai visages, devant cette fin du monde et c'est du chacun pour soi. Et l'on prend un véritable plaisir de les voir se tirer dans les pattes et à comploter les uns contre les autres pour réussir à survivre dans cet enfer.

C'est la Fin est rempli de guest-star venant faire une petite apparition devant la caméra, malheureusement c'est vraiment dommage que ces invités meurent tous assez rapidement. Michael Cera (Scott Pilgrim, SuperBad) est absolument génial, jouant sur l'auto-dérision, le comédien aurait mérité d'avoir un rôle plus conséquent, comme lors de sa rencontre avec Jonah Hill & Christopher Mintz-Plasse (Kick Ass), cela aurait fait plaisir au spectateur de les voir tous les trois partir en expédition et survivre dans une sorte de parodie de SuperbadOn retrouve également Rihanna, Jason Segel (Sans Sarah, rien ne va !, How I met your mother), Mindy Kaling (The Office), Aziz Ansari (30 minutes maximum, Observe and report) et quelques autres dans des apparitions plus ou moins remarquées. Quant à Emma Watson, la comédienne a droit à une excellente scène suite à un quiproquo bien marrant. On regrettera tout de même l'absence d'un petit caméo du producteur Judd Apatow


Le long-métrage reste donc centré sur six acteurs principaux : Seth Rogen, Jay Baruchel, James Franco, Craig Robinson, Jonah Hill & Danny McBride. L'alchimie entre Seth Rogen & Jay Baruchel fonctionnent très bien, et toute la séquence de début avant l'arrivée à la pendaison de crémaillère est une réussite, mais on aurait également aimé voir l'actrice comique Lauren Miller - Mariée à Seth Rogen -, sa femme aurait pu apporter une tension supplémentaire lors de cette fameuse soirée. Comme à leur habitude, James Franco & Danny McBride, ont un énorme potentiel comique, et les deux comédiens s'en donnent à coeur-joie dans leurs rôles respectifs, en star imbue de sa personne pour l'un et de squatteur s'étant tapé l'incruste pour l'autre. Quant à Jonah Hill, l'acteur a droit à quelques scènes assez marrantes - Comme son exorcisme - et Craig Robinson est un peu en retrait, par rapport aux autres membres du groupe. 

A la manière d'un Dogma de Kevin Smith, l'humour de C'est la Fin est basée essentiellement sur des "privates jokes" - Seth Rogen & James Franco font une référence à la série Freaks & geeks en sortant un "freaks forever' - et les acteurs se vannent avec des anecdotes liées à leurs propres carrières, je comprend parfaitement que l'on puisse ne pas accrocher se sentant un peu exclu de ce groupe, mais personnellement j'ai adoré ses moments, car je suis et j'apprécie cette bande de comédien depuis pas mal de temps déjà, je suis donc rentré très facilement dans leurs délires. D'ailleurs, le passage ou ils passent leur temps à tourner une suite à Délire express est vraiment génial, avec un Jonah Hill vraiment poilant interprétant le rôle de Woody Harrelson, et n'oublions pas ce faux suspense autour du Milky Way, que tous les résidents veulent pour des raisons totalement absurdes. Comme pour Ted, certaines vannes ou punchlines sur la défonce et la fesse peuvent se révéler lourdes, graveleuses et poussives pour quelques uns d'entre-vous, ayant des oreilles chastes. 

La mise-en-scène, sans être exceptionnelle, est efficace et l'univers apocalyptique, bien qu'un peu cheap, tient la route. Côté effets-spéciaux, à signaler la présence de Greg Nicotero (Une nuit en enfer), nous gratifiant d'un aspect "à l'ancienne", le visuel du monstre avec son gros sexe est assez génial. Et puis n'oublions pas quelques références plutôt sympathique à L'exorciste, ou de Mad Max (Avec la présence de Channing Tatum)… Les diverses chansons qui accompagnent le film, assurent également, on retrouve dans la playlist du Cyrpress Hill, M.I.A, Dr Dre, KRS One, Psy et un final sur Whitney Houston

Le duo Seth Rogen & Evan Goldberg arrive à faire une comédie assez drôle, bourrée de "private joke" dont le spectateur ressort avec un grand sourire. Mais le potentiel n'est peut être pas exploité à son maximum sur certains points, mais C'est la Fin reste un excellent long-métrage servie par un solide casting. Bref, à déguster comme un Milky Way !!

mercredi 25 juin 2014

Scott Pilgrim (2010)


Après Shaun of the Dead & Hot Fuzz, le cinéaste Edgar Wright abandonne ses deux comparses, Simon Pegg & Nick Frost, le temps d'un moment pour réaliser l'adaptation du comics-book noir et blanc de Bryan Lee O'Malley, Scott Pilgrim. Une bande-dessinée en six volumes, publiée aux États-Unis chez l'éditeur indépendant Oni Press - En France chez Milady Editions

Après avoir attendu que Bryan Lee O'Malley finisse le premier volume, Oni Press contact le producteur Marc Platt, pour vendre les droits de la bande-dessinée afin d'en faire un long-métrage. Universal Studio engage alors le réalisateur Edgar Wright, qui venait tout juste d'achever Shaun of the Dead. Quant à l'auteur du comics-book, celui-ci est mitigé sur la future adaptation cinématographique de son oeuvre, "Je m'attendais à ce qu'ils le transforme en une comédie pleine d'action avec un comédien que je détesterais".

En Mai 2005, le studio embauche le comédien & scénariste Michael Bancall (21 Jump Street et sa suite) pour écrire le script, ce dernier prend sa mission très au sérieux pour la création de l'intrigue, et souhaite respecter à la lettre le matériau d'origine. Finalement  depuis le début de la production de Scott Pilgrim, Bryan Lee O'Malley est très impliqué sur l'adaptation de son comics-book, participant même à l'écriture de certaines scènes. De même, en raison d'un long développement sur plusieurs années sur ce film, des éléments du récit d'Edgar Wright & Michael Bancall se retrouvent dans les aventures papiers de notre héros, sauf la fin qui elle s'éloigne de son homologue pellicule.


Scott Pilgrim est un jeune homme de 22 ans, bassiste dans le groupe de rock amateur Sex Bob-omb. Un jour, il rencontre la fille de ses rêves : Ramona Victoria Flowers. Mais le garçon ne pourra conquérir le coeur de sa belle, qu'après avoir combattu et vaincu les sept ex maléfiques de cette dernière.

Long-métrage véritablement furieux, geek à souhait et à la mise-en-scène inspirée, possédant des gimmicks jouissifs. Scott Pilgrim est vraiment une des oeuvres les plus inventives de ces dernières années avec Speed Racer.

Avec son lot de personnages poilants, de situations cocasses, de scènes politiquement incorrects, voir incongrues, le tout sur un humour fracassant tout droit sorti de l'univers geek alliant aussi bien les jeux-vidéo, les mangas et les comics-books. Bien que bénéficiant d'une intrigue très linéaire et simpliste, il faut être un gros amateur de Pop-Culture pour apprécier l'ensemble, car Scott Pilgrim est bourré de références assez bien digérées.

Dès l'introduction en 8-bits d'Universal Pictures, le spectateur est dans l'ambiance, on découvre le jeune héros répéter avec son groupe de musique les Sex Bob-Ombs, nom des petites créatures explosive de Super Mario Bros, s'ensuit un passage onirique quelques instants plus tard avec une mélodie et des choeurs féminins reprenant le thème de la grande fée de The legend of Zelda. A noter que plusieurs effets sonores dudit jeu-vidéo sont utilisés dans le film, comme ceux de Super Mario Bros ou Sonic, the hedgehog. Scott drague ensuite Ramona Flowers en expliquant l'origine du nom de Pac-Man, de retour chez lui (enfin chez son colocataire gay plus précisément) la scène est filmée à la façon d'un sitcom Américain, avec des rires inhérents au genre - Le générique de Seinfeld est même utilisé. Quant à la fin, la boite de nuit de Gideon Graves se nomme "Chaos Theatre" il s'agit d'une référence à Mother 2 sur Super-Nintendo, plus connu en occident sous le nom d'EarthBound
 Et que dire des nombreuses références vestimentaires des personnages, entre des tee-shirts des Quatre Fantastiques, un anorak avec le symbole des X-Men.

Scott Pilgrim à un côté psychanalyste via son héros, cet élément trouve son apogée et surtout son intérêt une fois les premières minutes et la dernière demi-heure passée. Car le film brosse le portait d'une adolescence introvertie bercée aux jeux-vidéos, mangas et comics-books, le personnage principal de vingt-deux ans, véritable adulescent profite de la naïveté de sa jeune copine asiatique pour oublier la hantise que lui procure son ex-petite amie, tout en étant follement d'un esprit rebelle à la coupe multicolore tout droit sortie d'un manga. Le traitement adulte de l'oeuvre, rappel finalement sans cesse aux spectateurs qu'il n'est question de volonté et d'acharnement lorsqu'on à un projet en tête, ici conquérir le coeur de belle Ramona Flowers.

Affiche reprenant "le trait" du comics-book de Bryan Lee O'Malley.

Le logo Universal façon binarisé / 8-bits. 
Scott Pilgrim possède un gros lot de scènes et de dialogues cultes - L'un des gros point fort du film -, bénéficiant d'une réalisation "fraiche", respirant le renouveau, transpirant l'hommage et l'amour à tout un univers et à toute une génération.

La mise-en-scène d'Edgar Wright est digne d'un jeu-vidéo rétro, avec des effets sonores en midi à l'ancienne, la construction scénaristique avec level & boss final, les combats à la manière d'un RPG et d'un beat'em all apportent un véritable plus à l'histoire… Et ce n'est pas juste des artifices, car certains d'entre-vous trouverons peut-être l'ambition futile, mais ce Scott Pilgrim est clairement bourré d'inventivité, - Les onomatopées, "la barre de pisse" - d'idées visuelles scotchantes, comme lorsque Ramona Flowers évoque son passé avec ses ex, les flashback sont mis sous forme de scénette animées reprenant le graphisme de Bryan Lee O'Malley, l'auteur original. Le cinéaste Britannique doit bien être l'un des seuls réalisateurs avec Guillermo Del Toro & les Wachowski, à avoir digérer toutes ses nombreuses influences de jeux-vidéos, comics-book et mangas.

Le long-métrage bénéficie d'un gros travail de montage, avec des split-screen toujours utilisés de manière judicieuse. Les chorégraphies digne d'Hong-Kong, lors des affrontements sont de bons niveaux avec quelques plans séquences, et lors du combats final entre les deux filles, on peut même penser à certains mouvements dignes de Corey Yuen - Réalisateur et assistant Hong-Kongais, attaché sur les scènes d'actions de nombreux films. Les nombreux duels sont toujours bien mis en valeur, bénéficiant d'une lisibilité totale, avec des plans iconiques, Edgar Wright assure comme un dieu, le cinéaste utilise des effets-spéciaux réussis, sans être dans la surenchère numérique, ces derniers se fondent à merveille dans l'univers de ce comics-book, notamment lors de l'affrontement musical jouissif à coups de notes de guitares entre Scott Pilgrim et les deux jumeaux, formant un dragon à deux têtes et un gorille ersatz de Donkey-Kong ou de King-Kong. Le format 1.85:1 - Format large anamorphosé -, permet au réalisateur de s'amuser avec, passant lors des flashback à 1.33:1 - 4/3 - et pour les passages oniriques en 2.55:1 - CinémaScope.


Affiche par Martin Ansim pour Mondo.
Le spectateur s'amuse, ne s'ennuie jamais, l'intrigue est porté sur un personnage principal antipathique et très marrant avec l'interprétation en or de Michael Cera. Les autres comédiens et second rôles potaches sont inconnus ou presque du grand public, Mary Elizabeth Winstead (Boulevard de la mort) est la ravissante Ramona Flowers, son combat avec son ex-lesbienne est excellent, quand la comédienne sort un marteau de son sac-à-main on se croirait dans City Hunter - Nicky Larson. Quant à Chris Evan (Captain America : First Avenger) l'acteur confirme après The losers, qu'il assure dans le registre de la comédie, d'ailleurs comme Brandon Routh (Superman ReturnsZack & Miri tournent un porno). Kieran Culkin - Frère de Maccaulay - est bien fendard dans son rôle de gay, et la majorité de ses apparitions sont loin d'êtres gratuites. Toujours une blague derrière ou des répliques savoureuses, son personnage offre un coté très déplacé à Scott Pilgrim. Et Ellen Wong, interprète Knives, l'une des petites amies du héros, la comédienne est excellente quand elle passe en mode hystérique. A noter, le caméo, de Thomas Jane (Fais leur vivre l'enfer, Malone !) & Clifton Collins Jr. (Truman Capote) en officiers de la police végétarienne.

La bande-son de Nigel Godrich, se sert des sonorités 8-bits & 16-bits des vieilles consoles comme la Nintendo ou la Super-Nintendo pour composer ses musiques. Le compositeur utilise même le magnifique morceau de la grande fée de Legend of Zelda… D'ailleurs à noter dans le long-métrage, Scott dit avoir appris la partition à la basse de Final Fantasy II.


Véritable hymne à l'espoir, à l'amour et cri du coeur d'un geek absolu, ce long-métrage se veut représentatif de toute une génération. Le film y parvient grâce à une force de persuasion irréprochable et une mise-en-scène réellement inventive, remplie d'adrénaline, rendant son ensemble digne de O.F.N.I (Objet Fou Non Identifié). Un feel-good movie et un bijou de divertissement, mais comme pour Speed Racer, son échec au box-office lors de sa sortie montre que Scott Pilgrim était trop en avance sur son temps… Une oeuvre intelligente et efficace à voir (ou à revoir) sans modération !.

Affiche Japonaise

lundi 23 juin 2014

Dredd (2012)

2012 signe le retour de Judge Dredd au cinéma, après le long-métrage éponyme de 1995, avec Sylvester Stallone dans le rôle titre, Diane Lane (Man of Steel) en Judge Hershey et le grand Max Von Sydow en juge suprême.

Judge Dredd est un comics-book Anglais de science-fiction, né de l'imagination du scénariste écossais John Wagner, et du dessinateur Carlos Ezquerra. Ce personnage est apparu pour la première fois en 1977, dans la célèbre revue Britannique 2000 A.D. avant de lui dédier un magazine en 1990 spécialement pour lui, au doux nom de Judge Dredd Megazine.

Ce nouveau projet sur Judge Dredd est lancé le 20 Décembre 2008, bien que le scénariste Alex Garland a commencé à travailler sur le scénario en 2006. Ce nouvel opus est produit par DNA Films la société du cinéaste Britannique Danny Boyle, connu pour Slumdog Millionaire, Trainspotting, La plage… en partenariat avec l'agence de vente IM Global & son propriétaire Reliance Entertainment. Pour cette nouvelle ré-adaptation l'auteur d'origine John Wagner est assez confiant lors d'un entretien à The Guardian "L'histoire se concentre sur Dredd et le monde dans lequel il vit. Bien-sur, il est impossible de traiter tous les aspects du personnage et de sa ville, c'est probablement ce qui a nuit à la réussite du premier Judge Dredd, la production à l'époque a tenté d'inclure trop d'éléments. Le film Dredd reprend plus l'essentiel du travail du juge, cette justice instantanée dans une ville violente du futur". La production part à la recherche d'un cinéaste, elle demande alors à Duncan Jones (Moon, Source Code), de prendre les rennes du projet, mais celui-ci refuse pour des différents artistiques, sa vision pour cette nouvelle adaptation est jugée non-conventionnelle, car celle-ci est trop sombre, drôle et étrange. En Mai 2010, Pete Travis (Angle d'attaque) est engagé sur le poste de réalisateur. Mais Dredd connaît malheureusement de nombreux déboires notamment le départ de son metteur-en-scène lors de la post-production, laissant ainsi le champ libre à son scénariste Alex Garland, pour la suite de l'aventure

A l'origine le projet d'Alex Garland, se déroulait autour du fonctionnement des Juges et d'un des principaux ennemies de Dredd : Judge Death. Mais ces idées jugées trop extrême et surréaliste sont vites abandonnées par la production, celle-ci a peur de laisser sur le bord de la route des spectateurs néophytes ne connaissant pas l'univers du comics-book. En seconde option, le scénariste choisit alors d'adapter des histoires de la bande-dessinée, comme "Démocratie" publiée en 1986 et "Origins" datant de 2006, mais finalement Il décide d'éviter ces longs récit préférant développer une histoire se déroulant uniquement sur une seule journée dans la vie du Judge Dreed, et mettant en avant son boulot de flic dans Mega-City One. "Je ne pense pas que Dredd pourrait avoir une grande révélation dans ce film, mais il change quand même petit à petit entre le début et la fin". Par respect au matériaux d'origine Alex Garland envoie son script à l'auteur d'origine John Wagner, occupant le rôle de superviseur sur ce long-métrage. 

Dredd malheureusement n'aura pas le droit à une véritable sortie cinéma ou même une copie technique en France. Le long-métrage aura droit aux honneurs d'un Direct-To-Video dans l'hexagone.

Dans un futur proche, les États-Unis  sont devenus un désert irradié connu sous le nom de Cursed Earth. Sur la côte Est se trouve Mega-City One, une mégalopole violente avec 800 millions d'habitants, avec chaque jour plus de 17 000 crimes signalés. Les seules forces pour maintenir l'ordre sont les Juges, ces derniers agissent en tant que juge, jury et bourreau. Mais une nouvelle drogue additive appelée "Slo-Mo" circule dans les rues de la métropole, cet additif ralentit le temps perçu par son utilisateur à 1% de la vitesse normale.… Le Juge Dredd est chargé par l'un de ses supérieurs d'évaluer la nouvelle recrue Cassandra Anderson, une orpheline de 21 ans, ayant échoué de peu au test d'aptitude pour faire parti des forces de l'ordre, la jeune femme est dotée de forte capacité psychique. À Peach Trees, un immeuble bidonville de 200 étages, la baronne de la drogue Ma-ma exécute trois trafiquants de drogue, en les faisant dépecer, infuser un bouffé de Slo-Mo puis jeter depuis le haut du bâtiment, Dredd et sa bleusaille sont envoyés pour enquêter sur le meurtre…

Bien plus qu'un reboot, cette nouvelle adaptation du célèbre comics-book bourrin n'est pas un remake de l'opus de 1995. Mais à cause d'un manque de moyen évident, - 47 millions de dollars pour le budget - Dredd ne peut pas afficher ses ambitions au delà d'un déluge d'entrailles et d'hémoglobines, malheureusement pour la satire sociale et la critique politique grinçante de l'oeuvre originale, l'amateur de la bande dessinée devra repasser. Ce long-métrage n'a pas été le succès escompté au box-office, et pourtant ce petit film a créé des attentes de certaines personnes à cause d'un véritable plébiscite critique et d'un bouche à oreille, qui l'ont élevé au rang de maître étalon de l'action de l'année 2012… Alors Verdict ?

 
Les premières minutes de cette nouvelle monture laissent espérer le meilleur : Aucune fioritures, quelques mots en voix-off pour poser le contexte, le système des Juges et l'action violente, se montre au rendez-vous. La satire sociale est donc vite expliquée dès l'introduction, on peut également distinguer dans les masses populaires, les habitants de la mégalopole sont tous obèses, difformes et mal habillés. 

L'intelligence du scénariste Alex Garland est de pas vouloir en faire trop - Contrairement au Judge Dredd de 1995 - et d'offrir à son cinéaste un cadre minimaliste, lui permettant une liberté nécessaire pour mettre en scène un long-métrage bien rare de nos jours : Un spectacle pour adulte, sans compromis. Tant de violence graphique aurait-elle été permis avec un plus gros budget et un univers plus ample ? En ces temps ou les Blockbusters Hollywoodien sont aseptisés, il est permis d'en douter.


La drogue "Slo-Mo" est juste anecdotique pour l'intrigue principale, car l'une des thématique principal de ce Dredd, est de montrer une journée ordinaire dans la vie d'un Juge, qui est parfaitement illustré dans l'échange avec la supérieur de Juge Dredd dans la dernière scène : "So what happened in there ? - Drug Bust - Look like you've been through it - Perps were uncooperative". Et c'est finalement le plus terrible dans cette vision futuriste, ce véritable enfer du quotidien dans cette gargantuesque mégalopole. 

La mise-en-scène de Pete Travis respect le cahier des charges, sa réalisation bénéficie de quelques effets-spéciaux un peu gores - explosions de crânes avec cervelles, corps dépecés - et des ralentis bien choisis, mais le côté futuriste ne nourrit pas assez notre imaginaire, car de Mega-City One, nous n'avons droit qu'à une vue panoramique.  Quant aux nombreuses scènes de gun-fight, elles sont la plupart du temps maîtrisées, tout en restant globalement crédible, sans surenchère grossière. La majeure partie de l'action, à la façon d'un huit-clos se déroule dans cet immense immeuble bidonville de Peach Trees, une sorte de mini-ville, dont les couloirs et autres coursives n'ajoutent absolument rien à l'ambiance, dû certainement au couleurs et d'un éclairage traités avec légèreté, dommage car ces défauts ne mettent pas en valeur le lieu. L'accent est mis sur les scènes d'affrontements et le rythme effréné ne faiblit pas pendant quatre-vingt dix minutes.

Au sujet de l'architecture de la mégalopole  Mega-City One, les arcologies (les immenses immeubles verticaux) devaient être beaucoup plus rapprochées les unes à côtés des autres à l'origine mais la production-design de Dredd, c'est rendus compte qu'en introduisant de l'espace entre elles, ils renforçaient ainsi leur impression de gigantisme. En tout cas le mélange est merveilleux, en mêlant le côté science-fiction de ses grattes-ciels au réalisme des prises de vue dans les rues d'Afrique du Sud, en tout cas la production arrive à un compromis assez réaliste.    

L'intrigue, au demeurant simpliste, suit donc le Juge Dredd incarné par Karl Urban (Star Trek) grimaçant et de sa jeune bleusaille Cassandra Anderson, excellent personnage secondaire interprétée par la ravissante Olivia Thirlby (Juno), Elle permet à Dredd de faire évoluer ses protagonistes sans jamais les dénaturer. Les deux forces de l'ordre vont faire quelques heat-shot et exploser quelques gueules dans ce taudis dirigé par le gang de Lena Headey (300, Game of Thrones), dont le cabotinage s'inscrit dans une logique d'un comics-book. 

Dredd reste un film sympathique, sans véritable surprise, même si il ne suscite pas l'ennui. Cette petite production assure un spectacle bourrin, souvent jouissif et si certaines fautes de goûts sont flagrantes, elles ne m'ont pas gâché mon plaisir lors de son visionnage. Judgement Time !

dimanche 22 juin 2014

Speed Racer (2008)

Après le succès mondial de la trilogie Matrix, cinq années se sont écoulées, Andy & Lana Wachowski reviennent à la réalisation en décidant d'adapter, l'un des mangas & animes culte du studio Tatsunoko : Speed Racer

De son vrai nom, Mach GoGoGo ur l'archipel Nippon, Speed Racer est une oeuvre créée par Tatsuo Yoshida, publiée en 1966 chez Shûeisha. Ce nouveau manga reprend des éléments d'une de ses anciennes publications datant de 1960, Pilot Ace. Le lecteur suivait alors les aventures d'un jeune homme ambitieux qui devient coureur professionnel.

En 1962 le mangaka fonde avec ses deux frères, Toyoharu Yoshida - Connu sous son nom de plume, Ippei Kuri - & Kenji Yoshida, le célèbre studio d'animation Tatsunoko. Cette jeune société, sera l'une des pionniers dans le paysage audiovisuel Nippon, avec des animés comme Gatchaman - La bataille des planètes -, Judo Boy, Casshern, Polymar ou Time Bokan.


Pilot Ace de
Tatsuo Yoshida.
Quant à Speed Racer la série de cinquante deux épisodes est diffusé le 2 Avril 1967 à la télévision Japonaise, il s'agit alors de la première production en couleur de l'entreprise. C'est le scénariste Jinzô Toriumi qui participe à l'élaboration des vingt-huit épisodes et quinze autres en tant que co-scénariste, cet auteur est connu pour avoir travaillé sur Astro Boy - Tetsuwan Atom. Durant la production de la série Tatsuo Yoshida, aurait été inspiré par deux long-métrages Américains : Viva Las Vegas, un film musical avec Elvis Presley, la couleur blanche de la "Mach 5" - La voiture - est un hommage au costume blanc du chanteur. Quant au deuxième films, il s'agit de James Bond : Goldfinger, la fameuse Aston Martin de l'agent 007 est truffée de gadgets comme le bolide de Mifune. D'ailleurs son nom  provient du célèbre acteur fétiche d'Akira Kurosawa : Toshiro Mifune - Les sept samouraïs, Rashomon, le garde du corps

Speed Racer connait un immense succès au Japon, avant d'être exporté rapidement aux États-Unis, sa diffusion débute à l'automne 1967, soit quelques mois seulement après sa programmation sur l'archipel Nippon. Suite à un engouement important en Amérique, Hollywood songe à adapter la série dans les années 90. Dès 1992, Warner Bros prend une option sur les droits en vue de produire un long-métrage avec Silver Pictures, la société de production de Joel Silver connu pour L'Arme Fatale, Commando ou la trilogie Matrix.

Layout de la série Speed Racer.
















Couverture du manga original de
Mach GoGoGo, alias Speed Racer.
Plusieurs comédiens et réalisateurs sont approchés, en Octobre 1994 la production offre le rôle de Racer X au chanteur Henry RollinsQuand à Johnny Depp, l'acteur est rattaché au projet en Juin 1995 avec à la clef un tournage pour Octobre dans l'Arizona et en Californie, mais celui-ci demande à repousser la production pour des raisons personnelles. En raison d'un budget trop important Julien Temple, cinéaste venant du monde du documentaire musical, quitte alors la production de Speed Racer en Août, Johnny Depp sans metteur-en-scène abandonne ce projet. Gus Van Sant est alors envisagé par Warner Bros pour réaliser ce film mais l'adaptation s'enlise à nouveau au fil des ans… En Décembre 1997, Alfonso Cuarõn est engagé par la production avant de jeter l'éponge. Plusieurs personnes se sont succédées pour à la réécriture du scénario de Marc Levin (Slam, Blowblack) à Jennifer Flackett (Beverly Hills 90210) en passant par J.J Abrahams et Patrick Read Johnson (Angus, 5-25-77 & Spaced Invader).

En Septembre 2000, Warner Bros et la productrice de la saga X-Men, Lauren Shuler Donner, relancent ce projet en embauchant le scénariste et réalisateur, Hype Williams. Le studio engage en Octobre 2001, deux nouveaux auteurs Christian Gudegast & Paul Scheuring - Le duo a travaillé sur Un homme à part avec Vin Diesel - pour élaborer un énième script, finalement leur récit ne sera pas validé. La production de Speed Racer stagne jusqu'en Juin 2004, le comédien Vince Vaughn tente alors de réanimer ce long-métrage. L'acteur, cinéaste et producteur exécutif s'octroie le rôle du mystérieux Racer X, mais finalement ce dernier est détaché par le studio. Apres des multitudes de propositions hasardeuses, Warner Bros, choisi en Octobre 2006, Andy & Lana Wachowski pour écrire et réaliser ce projet. Ils retrouvent une nouvelle fois le producteur Joel Silver, après Matrix & V pour Vendetta.


Né pour la course au sein d'une famille de pilote, Speed Racer est un jeune prodige du sport automobile. Après une victoire haut la main, le garçon rencontre M. Royalton, président-directeur général corrompu des industries portant son nom. Mais très vite Speed découvre un univers sombre dans ce sport qu'il aime tant… Quelques jours après ce rendez-vous, la famille de Racer est contactée par l'inspecteur Détecteur et l'énigmatique pilote masqué Racer X, ces derniers, demande au jeune homme de collaborer avec les autorités afin de mettre un terme à la corruption dans le monde automobile. Leur idée : Participer au Crubible, un dangereux rallye automobile qui a coûté la vie au frère aînée de Speed, Rex.

Délire absolument dingue et incompris des Wachowski, Speed Racer peut être facilement rejeté par certains spectateurs par son aspect flashy, fou et à base de néons, une véritable oeuvre totalement psychédélique et épileptique mettant à mal tous les codes du film familial Américain à très gros budget… Bref absolument jouissif.

Avec ce nouveau projet et après la trilogie Matrix, Andy & Lana Wachowski continuent dans le Blockbuster sans jamais tomber dans le déjà-vu. Bound, était un premier film qui tentait plein de nouvelles choses - sur le fond notamment -, une véritable oeuvre formellement inattaquable, le 1er Matrix signé d'un certain point de vu le renouveau du film noir, et la révolution du cinéma de science-fiction, un vrai mélange de Culture-Pop… 
Quant à Speed Racer, c'est un OVNI, voir un OFNI (Objet Fou Non Identifié), une oeuvre cinématographique barrée, à savourer comme un drame familiale, qu'une comédie, possédant un cocktail entre : Le jeu-vidéo, la science-fiction, le kung-fu, la course automobile, un humour décalé à souhait et reprend également les codes du manga, son matériaux d'origine. Comme je le disais, ce long-métrage peut-être dérangeant par son aspect volontairement kitsch, mais il épouse néanmoins la véritable idée d'un divertissement ne se prenant pas du tout au sérieux dans la majeur partie de son intrigue.



Les Wachowski envoient une sorte de private-joke aux producteurs d'Hollywoodien et à toute l'industrie du cinéma en général. Elle qui est tenue par l'argent, les sponsors ou autres mécènes mercantiles - Producteurs et distributeurs - et dont finalement ce 7ème Art est bien le dernier de leur soucis, car c'est les dollars accumulés lors des premiers week-end aux États-Unis qui les intéressent. Dans ce long-métrage, ce sont les sponsors qui financent, protège et couve leurs poulains, quant à la place réservée à l'amour de la conduite et des courses, elle est finalement plutôt mince. Le message de Speed Racer est assez clair : À mort les tricheurs !, - Le dernier plan du film.

Ce long-métrage est certainement le plus personnel dans la filmographie des Wachowski. Dans le flashback de Racer X, comment ne pas y voir une métaphore de Larry afin de devenir cette femme Lana, ainsi de changer de vie, de visage. Le rapport au frère doit évidemment beaucoup à l'expérience familiale des frangins eux-même. Dans le film, le duo nous fait bien comprendre que Rex et Speed conduisent en binôme d'une manière parfaite sans avoir à se parler et c'est pareil pour les Wachowski dans la vraie vie. Dans chacune de leur rare entretien, ils disent qu'ils n'ont jamais besoin de se parler sur un plateau de tournage, ils ne se disputent jamais sur une idée, une scène ou un plan, ils fonctionnent instinctivement en parfaite complémentarité. Les thématiques habituelles des deux cinéastes sont bien là : Le désir d'un homme plus puissant que sa destinée l'avait prédestiné, la critique du monde capitaliste, de l'argent, l'apologie des classes moyennes et de la famille soudée autour d'un même amour pour l'indépendance. On peut y voir une autre critique de l'industrie du cinéma, qui peut-être vu comme un perte de liberté lorsque l'on signe avec ces grandes compagnies, celle-ci couvent leurs poulains mais derrière ils leurs doivent obéissance, les deux réalisateurs sont connus pour leur désir d'indépendance et de liberté dans leur travail.

Techniquement, c'est fabuleux du début à la fin, mention spéciale au quinze minutes d'introduction qui nous en mettent plein la rétine à tous les niveaux. Andy & Lana Wachowski s'amusent comme des petits fous, et comme dans leur habitude, le duo fraternel tente une nouvelle fois de révolutionner leur art en s'émancipant. Bénéficiant d'un rythme effréné avec les multiples courses toutes les plus accrochantes les une que les autres, sans temps mort. Speed Racer à des idées de mise-en-scène par dizaines : De l'excellente narration, au background des personnages via les quelques flashbacks très bien insérés, sans oublier les dialogues intelligemment montés afin d'éviter les champs contrechamps typiques, digne d'un mauvais soap-opéra. Les différents fondus et raccords à l'aspect graphiques très travaillés font bien évidemment penser aux matériaux d'origine : L'animation Japonaise et les mangas. Le tout avec un véritable respect pour ces deux médias.


Quelques clins d'oeil à la culture populaire sont dissimulés tout le long de ce film, Star Wars - La Guerre des Etoiles notamment mais également une parodie décalée et hilarante de Ken le survivant - Hokuto no Ken.

Du coté des comédiens, c'est impeccable. Emile Hirsch, fait un sans faute, et gomme les nombreux à priori négatifs au départ pour le rôle de Speed. Quant à John Goodman, en bon père de famille, le comédien est égal à lui-même, bénéficiant de moments plutôt fun - "Les NonJas". Susan Sarandon en ménagère est finalement peu en retrait, certainement dû à son rôle. L'éternelle adolescente, Christina Ricci est vraiment sensuelle et craquante en Trexie, petite amie du héros. Les seconds couteaux sont très biens, Matthew Fox est classe en Racer X, ce fameux personnage mystérieux et Roger Allan (V pour Vendetta, RKO 281 : La bataille de Citizen Kane) est un hypocrite machiavélique. À Noter tout de même, la présence du Japonais Hiroyuki Sanada (X-Men : Le combat de l'immortel, SanKuKai), et une mention spéciale à Melvil Poupaud (Lucky Luke, L'autre monde) en commentateur du rally avec son fameux "Putain ta mère". Même le rejeton Racer et son compagnon singe, insuffle de l'humour potache et limite subversif parfois (les gros mots, les fuck…). 

L'idée du "ghost" comme dans les jeux-vidéo. 

Le compositeur Michael Giacchino reprend le générique de la série Tatsunoko, en l'adaptant sur plusieurs thèmes musicaux, une véritable réussite.

Long-métrage largement méconnu et boudé car trop "spécial", Speed Racer est certainement trop en avance sur son temps. Ce rejet est compréhensible, son univers, son style et son concept sont difficilement abordable et surtout sujet à tellement de préjugés. Mais ce film sur fond-vert enterre les Star Wars et autre Blockbusters, et prend en dérision pas mal de sources culturelles pour en faire un OVNI fascinant, pouvant donner la gerbe à certains, mais qui a le mérite de raconter une histoire, amuser divertir et toucher, tout en respectant les matériaux d'origines. Un festival multicolore aux multiples influences et aux courses automobiles ahurissantes… Speed Racer reste encore à ce jour l'une des meilleures adaptations mangas & animes !!