mardi 20 mai 2014

Terminator (1984)

Véritable classique de la science-fiction des années 80. Le premier Terminator marque l'un des tournants majeurs dans la carrière de son jeune réalisateur, James Cameron, sortant alors tout juste de l'écurie Roger Corman. 

Arnold Schwarzenegger quant à lui, interprète son rôle mythique, à l'époque l'ancien monsieur univers est seulement connu grâce à Conan le Barbare de John Milius.

En 1981, lors de la sortie à Rome du long-métrage Piranha 2 : Les tueurs volants, le cinéaste tombe malade, lors d'une nuit, il rêve "d'un torse métallique se traînant hors d'une explosion, tenant des couteaux de cuisine".

De retour en Californie, le réalisateur séjourne chez son ami scénariste et consultant, Randall Frakes, pour écrire le brouillon de TerminatorSes nombreuses inspirations sont issues de long-métrages et de romans d'anticipations des années 50, de séries télévisées comme Au-delà du réel ou de La quatrième dimensions ou d'oeuvre contemporaine comme Mad Max II : Le défis ou Driver de Walter HillAfin de transformer son brouillon en un scénario lisible, le réalisateur engage son ami Bill Wisher. Le cinéaste lui donne à écrire les premières scènes impliquant Sarah Connor et celle du commissariat. Le scénariste habitant assez loin de chez James Cameron, les deux hommes se communiquent les idées de l'élaboration du projet en enregistrant leurs différentes conversations téléphoniques sur des cassettes audios. Entre temps le réalisateur change d'agent artistique, ce dernier déteste voir son poulain plancher sur Terminator, lui conseillant même de travailler sur autre chose.

Hommage à Terminator par Laanz
Gale Anne Hurd, - Sa future épouse -  se montre intéressée par le projet. Elle travaille comme assistante à l'époque chez New World Pictures société de Roger Corman. James Cameron vend ses droits pour un dollar symbolique, avec à la clef une promesse : Lui seul devra réaliser le film. Sa productrice suggère quelques changements dans le scénario, obtenant ainsi une ligne dans le générique.

Ayant des amis communs de l'époque Roger Corman, travaillant maintenant chez Orion Pictures. Le studio accepte de distribuer Terminator dans les salles obscures, à une seule condition : James Cameron doit trouver d'autres financements.

Le cinéaste présente son scénario à Hemdale Pictures, une société à l'origine servant à produire et distribuer des films Britanniques. L'un des responsables, John Daly fut impressionné par l'intrigue, les croquis préparatoires et la passion du réalisateur au sujet de son projet, sans oublier la prestation inattendue du comédien, Lance Henriksen jouant au Terminator dans les couloirs, et déboulant violemment lors de la réunion. Suite à cette surprenante présentation, l'homme d'affaire accepte de financer le projet avec l'aide d'H.B.O, et d'Orion Pictures. Le budget initial étant alors fixé à quatre millions de dollars, subira quelques temps plus tard, une levée de fond de deux millions supplémentaires. L'une des premières priorités pour James Cameron était de trouver un interprète pour le rôle de Kyle Reese. 

Affiche de chez Mondo

Orion Pictures souhaite une vedette Américaine comme tête d'affiche pour plaire aux marchés extérieurs. Le co-fondateur du studio, Mike Medavoy, rencontre lors d'un rendez-vous Arnold Schwarzenegger. Les deux hommes discutent du futur long-métrage, le businessman envoie une copie du scénario à l'agent du Chêne Autrichien. Le cinéaste n'est pas convaincu par le choix d'Arnie en Kyle Reese, parce que le réalisateur estime devoir trouver un comédien encore plus impressionnant physiquement pour incarner le Terminator. La société de production propose alors le joueur de football Américain, O.J Simpson dans le rôle du cyborg, James Cameron trouve le sportif peu crédible pour camper un tueur.

Arnold Schwarzenegger, rencontre le cinéaste lors d'un rendez-vous. Ce dernier a préparé une parade pour s'engueuler avec, et dire à ses producteurs, que le comédien n'est pas fait pour ce rôle. Le réalisateur impressionné par le charisme de l'acteur, lui raconte comment interpréter l'antagoniste. James Cameron commence alors à dessiner son visage sur un bloc-note, en lui demandant de ne pas bouger. Après l'entretien, enthousiaste le metteur-en-scène annonce à John Daly d'avoir trouvé le TerminatorDe son coté le Chêne Autrichien, n'est pas très emballé sur le projet. Lors d'une interview sur le tournage de Conan le Destructeur, le comédien est questionné par rapport à ses bottes aux pieds "C'est Juste pour un film de merde ou je participe, ça prendra quelques semaines". Mais en véritable professionnel, Schwarzy s'entraîne pendant trois mois au maniement des armes-à-feux pour être à l'aise avec elles.

Pour le rôle de Kyle Reese, plusieurs suggestions sont à l'étude, dont Sting, le musicien n'est pas un inconnu des plateaux de cinéma, ce dernier a participé notamment à Dune de David Lynch. Le choix de James Cameron, se tourne finalement sur Michael Biehn, le comédien est également sceptique trouvant le projet stupide, mais change rapidement d'avis lors de sa rencontre avec le cinéaste.

L'emblématique Sarah Connor pose problème, les prétendantes sont peu crédibles, dans les premières pages du script la jeune fille est décrite : "19 ans, petites aux traits délicats. Jolie et accessible. Elle n'interrompt pas la fête quand elle arrive, mais on aimerait tout de même la connaître. Son aspect vulnérable cache une force dont elle n'est pas encore consciente". Pour l'interpréter le cinéaste choisi Linda Hamilton, comédienne venant de terminer le tournage Les démons du maïs de Fritz Kiersch, adapté d'un roman de Stephen King.

Qui dit science-fiction, dit effets-spéciaux. James Cameron, souhaite travailler avec Dick Smith, un maquilleur connu pour Le parrain, L'exorciste ou Scanners. Ce dernier refuse l'offre du cinéaste, et conseil son ami Stan Winston à sa place.

Le tournage de Terminator doit commencer au début de l'année 1983 à Toronto. Sauf un imprévu guette la production, Dino De Laurentiis, a appliqué une option dans le contrat d'Arnold Schwarzenegger, le rendant inaccessible pendant neuf mois, le comédien est en plein tournage de Conan le destructeur. Durant cette période d'attente, le cinéaste est engagé par Sylvester Stallone pour écrire avec lui, le scénario de Rambo II : La mission. Et a également commencé des pourparlers afin de discuter avec David GilerWalter Hill d'une suite d'Alien, le huitième passager.

Pour l'aspect physique du Terminator, Stan WinstonJames Cameron, se concertaient, s'échangeant des dessins. Les deux hommes ont finalement opté pour un design identique au croquis fait à Rome par le cinéaste. Le superviseur des effets-spéciaux avait une équipe de sept artistes travaillant pendant six mois, afin de créer une animatronique du cyborg. Plusieurs reproductions du visage d'Arnold Schwarzenegger sont également sculptés. Les scènes du futur apocalyptique de 2029, ont été créées par la société Fantasy II, une agence de FX dirigé par Gene Warren Jr. Le tournage de Terminator débute en Mars 1984 à Los Angeles.



"Los Angeles, An 2029. Les machines s'élancèrent des cendres du feu nucléaire. La guerre totale pour exterminer l'humanité a fait rage pendant des décennies. Mais l'ultime combat n'aura pas lieu dans le futur. Il sera livré dans le présent. Ce soir."

Venu du futur apocalyptique de 2039, un cyborg appelé Terminator, possédant une apparence humaine, est envoyé à Los Angeles en 1984, afin d'éliminer une jeune femme du nom de Sarah Connor, dont la vie pourrait changer le cours du destin. En effet le fils de cette dernière deviendra le chef de la résistance humaine contre les machines, et leur maître informatique : Skynet. Mais un soldat du nom de Kyle Reese est envoyé également, avec pour seule mission : La protéger.

Avec Terminator, le brave étalon James Cameron est fidèle à ses origines : L'écurie Roger Corman. Le jeune cinéaste invente donc sa propre mythologie, son univers, en restant bien ancré à la fois dans la tradition et les limites de la quintessence des B-Movies. Ce film culte, au statut de chef-d'oeuvre pour certains, permet de lancer son réalisateur comme l'un des acteurs majeurs de la production Hollywoodienne. Un long-métrage historique mais pas seulement pour son aura symbolique, également pour ses prouesses, un exemple de narration, de cohérence, de rythme et de mise-en-scène.


Cette intrigue, - écrite avec justesse et intelligence - évoque la déshumanisation de notre société, notre dépendance face aux machines et aux nouvelles technologies. Soit l'un des thèmes de toujours, de James Cameron : Le combat de la modernité contre la civilisation. De la science-fiction datant des années 80, faisant écho à notre époque actuelle d'un véritable constat, dans ce vingt-et-unième siècle, ou l'être humain d'aujourd'hui, ne peut plus se passer du dernier smart-phone, consoles de jeux-vidéo et d'internet.

L'histoire est essentiellement axée sur les approches du Terminator et de Kyle Reese. Ce dernier le pourchasse pour protéger Sarah. Le premier est une brute utilisant parfois une stratégie plus fine pour attraper sa proie - utiliser la voix d'un proche - et l'autre n'est qu'un humain, mais enseigné par la survie, se démène comme un chef pour trouver, ce dont il a besoin pour s'équiper face à ce tueur implacable.

Un petit détail anodin. Les habits subtilisé par ses deux résidents du futur : Un blouson en cuir d'un punks pour le T-800, lui donnant ainsi un look d'enfer et des fringues de clochard pour Kyle. Une sorte de répétition du futur misérable d'où il vient, et induisent la personnalité à chacun.

Affiche Thaïlandaise.



James Cameron bénéficiant de moyen financier, technique limité. Le cinéaste démontre son talent, et son côté artistique, grâce à l'aide de son monteur Mark Goldblatt et des équipes de Stan Winston. Ces artistes arrivent à transcender cette histoire, son découpage, son rythme sont encore éblouissant pour un long-métrage de cet âge, en avance sur son temps.

Du point de vue purement narratif, c'est une véritable leçon de cinéma durant une heure quarante cinq. Le spectateur découvre un petit préambule futuriste parlant d'holocauste nucléaire, de guerre contre des machines… Et l'on revient à l'époque contemporaine, ou l'on découvre une multitude d'information, de personnages, de codes et de règles. Sans broncher, on accepte tout ça dans une logique et une efficacité imparable, de cette intrigue invraisemblable, mais paradoxalement crédible. Nous sommes comme Sarah Connor, nous acceptons avec facilité ce récit bien amené, avec peu de dialogue, car le langage visuel est là pour maintenir le lien, la cohérence. La mise-en-scène parle d'elle même, les scènes d'action servent à faire avancer l'histoire, faire évoluer les personnages et leurs relations, éclaircir les enjeux… Une merveille de construction.

L'un des effets-spéciaux de chez Stan Winston Company. 

Terminator est donc la preuve que de lourdes contraintes budgétaires ne limitent en rien la puissance narrative de son cinéaste à ses débuts, bien au contraire. Également la grande force du film est son traitement violent, sans concession. Assez proche dans l'esprit d'un Paul Verhoeven.Ce premier opus contient des scènes d'anthologie, s'imposant encore à notre époque : Le premier affrontement dans la boite de nuit, les poursuites en voiture et surtout la destruction du commissariat. La vision du futur, avec ses nombreux flashback, est superbement restituée, avec ces crânes humains écrasés par le T-1. 

Ces séquences, utilisant quelques ralentis, sont souvent filmées en contre-plongé mettant ainsi en avant la carrure impressionnante de la machine lors des gun-fight, faisant ainsi ressentir une impression de cauchemar s'abattant sur cette jeune femme innocente. Tout les événements importants et dangereux sont précipités en direction de la caméra, accentuant ainsi ce sentiment d'urgence, dans cette traque permanente, qui ne sera pas sans sacrifice, malheureusement.

Quand à chaque fois, cette menace imparable fonce inlassablement sur ça proie, le spectateur à vraiment l'impression d'être à la place de sa victime : Sarah Connor. James Cameron décompose son intrigue de moult poursuite : A pied, face à la police, en moto, en voiture, en camion et à la fin face à cet implacable androïde. Les rares moment de répit sont courts, on se met à guetter ce tueur froid dans le rétroviseur. Le cinéaste, insuffle ainsi à chacune de ses images, une véritable mort aux trousses pour le binôme Connor-Reese.

L'univers nocturne possède une atmosphère sombre et métallique, avec ses rues délabrées à l'aspect lugubres et enfumées, malfamées par des hordes de punk la nuit - ah ! Les années 80.

Certes, Terminator n'est exempts des défauts de son âge : Certains effets-spéciaux, impressionnant pour l'époque, accusent le poids des années, comme le visage abîmé de Schwarzy en animatronique ou le déplacement en stop-motion de l'exo-squelette du T-800. Revoir ce film, impose un douloureux constat aussi : James Cameron, c'est fourvoyé, avec son obsession pour l'évolution technologique prenant ainsi le pas sur l'efficacité narrative.

L'exo-squelette crée par les équipes de Stan Winston Company.

La réplique la plus culte de la carrière
d'Arnold Schwarzenegger.
Arnold Schwarzenegger, iconique à souhait avec son cuir et ses lunettes noires. Le comédien est habité par ce rôle taillé pour lui, devenant ainsi du jour au lendemain, l'une des figures de proue de deux décennies. Sa carrure massive, sa figure carrée, et son regard monolithique, et même son accent au couteau sont un atout pour camper cet androïde. Cet iconographie de la peur ne possède aucune émotions, portant des flingues automatiques aux tailles disproportionnés. Ces quelques lignes de dialogues cultes sont aussi percutante que des munitions : "I'll Be back". Certainement l'une des meilleures performances du chêne AutrichienSarah Connor, n'est pas encore la figure maternelle burnée des héroïnes de James Cameron, ces personnages typiques seront clairement définies à partir d'Aliens, le retour. Nous avons droit à une Linda Hamilton, d'une insupportable niaiserie au début devenant  à la fin la combattante affirmé dans le second voletMichael Biehn, trop peu souvent tête d'affiche est l'un des acteurs récurrent du cinéaste. Le comédien trouve sans doute ici, le meilleur rôle de sa carrière, en incarnant un Kyle Reese, au regard animé par le désespoir et la paranoïa, ce dernier est presque aussi froid que le Terminator, non par choix mais pour survivre. 



La composition de Brad Fiedel, avec ce thème culte reproduisant le rythme d'un battement de coeur accompagné de plusieurs sonorités électroniques et métalliques. Quand à l'ensemble des chansons de la bande originale, elles sont ancrées à jamais dans les années 80. 

Autant d'arguments font le secret de la réussite d'un film auquel personne, à l'époque ne croyait. De cette chasse à l'homme efficace, Terminator, figure au panthéon de la science-fiction. Bénéficiant d'un scénario carré, les tenants et aboutissants sont clairement identifiés avec des conséquences énoncés. Ce premier opus, reste l'un des long-métrages les plus sombres de cette saga - Devenant l'une des plus grandes franchises d'Hollywood - initiée par son génie créatif : James Cameron.

Affiche Polonaise.

Affiche Japonaise.

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