mardi 22 avril 2014

Rocky (1976)

Lors de l'hiver 1976, les spectateurs Américains découvrent dans les salles obscures, Rocky Balboa. De nos jours ce personnage est devenu une véritable icône du 7ème Art & de la Pop-culture mondiale. 

L'inspiration de Sylvester Stallone pour le personnage fictif de Rocky Balboa est venu lors du combat en 15 round de Mohammed Ali, contre le boxeur inconnu du grand public Chuck Wepner. Cette idée d'un inconnu se battant d'égal à égal avec le champion du monde en titre, plait au comédien - scénariste. Lors de sa première rencontre avec deux producteurs, en la personne d'Irwin Winkler & de Robert Chartoff. Les deux hommes d'affaires sont très vites emballés par le récit de l'acteur. Ils décident de financer son projet.

Cependant quelques modifications sont apportées au scénario d'origine comme l'évolution du personnage de Mickey, sa première ébauche en faisait un être raciste. La fin est également changée. Rocky Balboa devait abandonner son combat contre Apollo Creed, se rendant compte, n'être pas fait pour le milieu de la boxe professionnelle. M.G.M propose plusieurs acteurs aux producteurs, comme Robert Redford, James Caan, Burt Reynolds… Sylvester Stallone s'y oppose fortement, demandant aux pontes du studio de lui donner sa chance pour le rôle principal, ces derniers acceptent. Irwin Winkler & Robert Chartoff continuent d'auditionner les seconds rôles, le boxeur professionnel Ken Norton doit interpréter Apollo Creed, mais il se désiste au dernier moment, le rôle est finalement donné à Carl Weathers (Predator). Pour Adrian, Carrie Snodgress (Furie) est choisie, malheureusement des problèmes d'argents poussent à abandonner ce choix. Susan Sarandon (The Rocky Horror Picture Show) est jugée trop mignonne, la production se tourne donc vers Talia Shire (Le Parrain 2).

Le projet Rocky est lancé, avec un budget faible de moins d'un million de dollars. La réalisation est confié à John G. Avildsen, réalisateur également connu pour la trilogie Karate Kid. Le tournage du long-métrage s'étend sur vingt-huit jours.

En 1975 à Philadelphie, Rocky Balboa connu sous l'appellation "l'étalon italien", est un boxeur de seconde zone, se battant pour quelques dollars lors de petits événements. Son autre gagne pain est un travail chez un usurier, Tony Gazzo. Pendant ce temps, l'organisateur du championnat du monde, cherche des boxeurs pour le match gala du bicentenaire de la révolution Américaine, pouvant se mesurer au champion des poids lourds, Apollo Creed, son principal adversaire c'est blessé à la main lors de sa dernière rencontre, mais tous les candidats en lice déclinent à cause d'un délai de préparation trop court. L'idée de se mesurer contre un inconnu, naît alors, leur choix se porte sur Rocky Balboa, commence ainsi la légende…


Affiche hommage à Rocky, par le graphic-designer Anglais Olly Moss.


Véritable apologie du "rêve Américain", portrait d'un gars de la classe moyenne, voir prolétaire, Rocky est un anti-héros, au grand coeur, un peu benêt, connaissant ses limites intellectuelles, conscient de son statut, ce dernier se réfugie dans la boxe. Dans le fond c'est un bon garçon, seul contre tous, les gens de son quartier, le considère comme un débile.


L'écriture intelligente de cette peinture sociale, ne tombe jamais dans le pathos, l'émotion ici, est simple, sincère, malgré un récit urbain, à l'ambiance crasseuse des quartiers pauvres de Philadelphie. Entre le béton de cette cité industrielle, Rocky fait des rencontres de nuits lors de ses marches de nuit sur le bitume usé, entre drogués et alcooliques. Ce boxeur de seconde zone connait des galères financières avec un petit boulot douteux, et des matchs de boxe misérables…

Le long-métrage dépeint une Amérique silencieuse, miséreuse, côtoyant le chômage, loin du "rêve Américain", ou l'accessibilité à la richesse, de la célébrité, est la forme de réussite, ici d'écrite par l'orgueilleux Apollo Creed, ce boxeur noir en costume trois pièces, s'amusant avec les symboles des Etats-Unis, déguisé en George Washington ou en Oncle Sam, lors du championnat du monde poids lourd, jetant des dollars au public. 

Sans oublier cette métaphore pertinente, ou Rocky s'entraine contre de la viande, la frappant à en casser les côtes de la carcasse, ce met, demeurant encore de nos jours, l'un des plus onéreux, signe d'une certaine aisance économique.

La romance entre Adrian & Rocky, est décrite avec justesse, tendresse, cette vieille fille coincée vivant avec son frère, s'épanouit par un baiser. Le match de boxe, quand à lui, n'est pas le moteur principal de Rocky, intervenant lors des dix dernières minutes. Le final brise les attentes du spectateur, le héros perd le match, le menant de bout en bout en 15 round, non sans blessure, peu importe la victoire, à la fin Rocky déclare son amour à sa compagne.


Les essais de mise au point de la SteadiCam
lors du tournage.

Sylvester Stallone, très convaincant dans les scènes intimistes, est habité par le rôle de Rocky Balboa, véritable double de l'acteur, comme lors de la séquence de la patinoire avec Adrian ou son monologue énervé lors la visite opportuniste de Mickey Godmill dans son appartement. Le coté autobiographique se ressent grandement sur la pellicule. 

La comédienne, Talia Shire campe Adrian une femme, loin des critères physique Hollywoodien. Burt Young est le mémorable Paulie, frère colérique d'Adrian.



John G. Avildsen filme avec académisme Philadelphie, sa réalité, avec une touche quasi-documentaire au style d'un William Friedkin (French Connection). Une authenticité, donnant un aspect "pauvre", dans le bon sens, renforçant ainsi l'image du long-métrage.

Rocky innove aussi, avec la seconde utilisation de la SteadiCam, lors du combat final contre Apollo Creed et de la mythique monté des marches du musée d'art, en réalité il s'agit d'un test de mise au point filmé. Cet ingénieux système crée par Garret Brown en 1976, expérimenté pour la première fois pour Marathon Man, est une petite révolution dans le monde du cinéma depuis le Technicolor, plus besoin de machinerie, de chariot et de rail, pour les travelling, simplement un opérateur équipé de l'engin comportant un harnais, un bras articulé et une visé hors caméra. 

La composition mythique de Bill Conti, avec le thème principal, dés les premières secondes donne le sourire, et l'envie de s'entrainer à fond.  

Sylvester Stallone offre, une écriture juste, décrivant une réalité et l'une de ses meilleures performances, un rôle le révélant aux yeux du monde entier. Et comme le dit Burt Young récemment à SOfilm : "Avec Rocky, il a transformé la banalité en art".


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