samedi 19 avril 2014

La Loi du Milieu (1971)


1971, année charnière, voir bénie pour le cinéma Hard-Boiled, avec des oeuvres empreintes au réalisme, Outre-atlantique, Sam Peckinpah sort le controversé Chien de paillesDon Siegel nous offre L'inspecteur Harry & William Friedkin le révolutionnaire French ConnectionDe l'autre coté de la Manche apparaît dans les salles obscures, La Loi du Milieu, un polar noir, jouissant d'une réputation culte de nos jours.

Produit par Michael Klinger, producteur entre autre de Répulsion & Cul-de-sac de Roman Polanski. Première oeuvre de fiction de Mike Hodges, venant du milieu documentaire, adapte le roman de Ted Lewis, Jack's Return Homes.

La Loi du Milieu forme avec The Offence réalisé par Sidney Lumet, & Salaud - The Villain de Michael Tuchner, un triptyque sur la criminalité en Grande-Bretagne dans les banlieues pauvres et villes industrialisées.

Jack Carter, homme-de-main du gang des Fletcheur à Londres, se rend dans sa ville natale de Newcastle pour les obsèques de son frère Frank. Soupçonnant quelque chose de bizarre se tramant autour du décès de cet homme sans histoire, le tueur décide d'enquêter quelques jours pour découvrir la vérité.

La Loi du Milieu débute sur un air léger, avec un Jack Carter désinvolte. Une fois arrivé à Newcastle pour les obsèques de son frère, le récit prend une autre tournure. Les détails sordides sont dissimulés dés l'introduction : Visionnage de porno glauque et sous-entendu.

Affiche Belge

Mike Hodges transpose l'intrigue originelle du Yorkshire à Newcastle. L'atmosphère grisâtre, industrielle du nord de l'Angleterre, respire la pauvreté, les vieux pubs décrépît avec ses clients aux gueules burinées par l'alcool, l'enfer urbain avec des rues glauques et crasseuses, ou l'événement du week-end est un défilé de majorette ou une partie de bingo. Cette ville natale, que Jack Carter déteste de tout son coeur, lui, devenu depuis un Londonien doit revenir le temps des obsèques de son frère, le provinciaux. 

Les (més)aventures de Jack Carter sont empreints au réalisme de l'époque. A l'aube des années 70, l'Angleterre, se réveille avec la gueule de bois : La fin des Beatles, les émeutes meurtrières causées par l'IRA - Armée Républicaine Irlandaise -, une violence accrue de la société : Avec des actes racistes, homophobes, & des braquage de banques.



Point de vue politique, les conservateurs prennent le pouvoir, commence ainsi la désindustrialisation du pays avec des milliers de personnes aux chômages. A la fin des années 60, le pays subit des lendemains qui déchantent.

Lors de son retour aux sources, l'homme-de-main de la pègre rencontre de vieilles connaissances, réveil des inimitiés et couche à tous va, avec toute les femmes l'entourant, même avec la vieille tenancière de l'hôtel, n'ayant aucune honte avec sa sexualité débridée, n'hésitant pas à sortir nu dans la rue lors d'un défilé de jeune majorette.

Le protagoniste principal a des similitudes avec Lee Marvin campant Walker dans le point de non retour de John Boorman, ce héros vengeur violent, capable de tout pour arriver à ses fins. Son traitement par Mike Hodges n'est pas d'en faire un homme bon, au grand coeur, non il s'agit d'un salaud de la pire espèce, impitoyable. Tout ceux, de prêt comme de loin, ont été impliqué dans l'assassinat de son frère vont passer l'arme à gauche, comme le puissant, Brumby le promoteur immobilier véreux et pornographe, jeté du haut de son parking. Le tueur n'a aucune reconnaissance pour ceux lui venant en aide, comme le jeune homme castagné par sa faute, après avoir balancé quelques livres-sterling, Jack Carter lui balance : "Got get yourself a course in karate".

La Loi du Milieu à des similitudes avec Carnage - Prime Cut, avec l'opposition tueur de Londres aux "méthodes raffinées" et truands du nord de l'Angleterre aux "méthodes rustres".

Imposé par la M.G.M au cinéaste, Michael Caine campe donc un tueur froid, méthodique et insensible. Sa carapace se brise une seule fois, lorsqu'il apprend la vérité sur le décès de son frère. Dans sa biographie l'acteur explique sa participation à la Loi du Milieu. Pourquoi le choix de ce rôle ?! Les origines modestes de son personnage font échos à celle du comédien.

Pour une première oeuvre de fiction, Mike Hodges, emploi une mise-en-scène et un montage inventif - La séquence, scène de sexe / voiture - On ressent la veine documentaliste du cinéaste, avec une photographie naturelle, dépeignant encore plus cet aspect réaliste un peu froid, rappelant The Offence de Sidney Lumet.

Outre l'iconique Michael Caine, on retrouve à la distribution, la charmante Britt Ekland, - Également imposée par le studio - avec la fameuse scène érotique au téléphone. Le comédien Ian Hendry (La série télévisée de Chapeau Melon & Bottes de Cuirs, Répulsion de Polanski), incarne Eric Pierce le chauffeur du truand Cedric Kinnear, interprété par le dramaturge John Osbourne.

La composition musicale de Roy Budd est excellente, collant parfaitement à l'ambiance.   

Polar sans concession, La Loi du Milieu, mérite son statut de film culte Outre-manche. Son final percutant figera plus d'un spectateur sur place. Michael Caine charismatique incarne ici, un de ses plus grands rôles, car il EST Jack Carter. Un classique à (re)voir absolument.

Affiche Italienne
Affiche au style Pop-Art !

Affiche hommage à La loi du milieu.

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