mercredi 15 août 2012

Demolition Man (1993)


Blockbuster sorti dans les salles obscures en 1995, mise en scène par l'inconnu Marco Brambilla, dont il s'agit ici de sa première réalisation. Demolition Man est produit par Joël Silver, l'un des papes d'Hollywood, roi de l'entertainment, connu pour des succès comme Commando, Predator, les trilogies de L'Arme Fatale, Die Hard & Matrix.

En 1996, Los Angeles est devenu une zone de non droit, le sergent John Spartan se rend coupable de meurtre en tentant d’appréhender le psychopathe Simon Phoenix. Notre justicier se retrouve cryogénisé tout comme le meurtrier. Ce dernier s'évade en 2032, le fou-furieux se révélant trop brutale pour une civilisation où le crime à totalement disparu, les forces de l'ordre n'ont pas d'autre choix que de réveiller un des flics des années 90… le Demolition-man : John Spartan.


En le revoyant le futuriste Demolition Man n'a pas pris une ride, son introduction reste toujours aussi explosive. Sylvester Stallone rend John Spartan iconique et puissant dès les premières minutes, avec son arrivée par un saut en rappel. Quant à Wesley Snipes, celui-ci est Simon Phoenix le bad-guy de service, un fou dangereux faisant sauter un bâtiment entier. La coupe de cheveux du comédien inspira d'ailleurs le basketteur Dennis Rodman.

Une fois dans un futur réaliste, Demolition Man nous montre une société aseptisée au vocabulaire soutenu, ou la violence n'existe plus, ou l'esprit "zen" est le mot d'ordre. Les habitants de San Angeles, (contraction de Santa-Monica & Los Angeles) ne connaissent même plus l'envie d'une cigarette, d'une bonne bière fraîche ou même du "sexe à l'ancienne"... Ces différents éléments sont prohibés par diverses lois pour une meilleure hygiène de vie. Seule une poignée de résistant vivant dans les égouts s'oppose à cette civilisation. Grâce à cette vision futuriste d'un monde idyllique le long-métrage alterne les scènes comiques, avec un Sylvester Stallone, faisant connaissance avec cette société possédant de nouvelles technologies, ainsi notre héros découvre "les trois coquillages" dans les toilettes, "le sexe virtuel" ou encore la devenue célèbre "machine à amende pour injure", des situations cocasses prêtant à sourire. Demolition Man n'hésite d'ailleurs pas à faire quelques clins d'oeil amusant à Rambo ou à Arnold Schwarzenegger évoquant même sa future carrière politique, chose totalement utopique pour l'époque.

Demolition Man posséde de magnifique Matte-Painting.

La Production-Design reste impressionnante pour son époque. Les différents Matte-Painting côtoient de bon vieux effet-visuels avec de la fumées ou étincelles au fond des différents décors. La réalisation de Marco Brambilla est lisible dans les séquences d’affrontements... Un film d'action old school avec Sylvester Stallone & Wesley Snipes au plus haut de leurs formes, à leur côté la jeune Sandra Bullock, ravissante dans le rôle d'une bleue de la police. A noter l'apparition Jesse Ventura, comédien déjà croisé dans The Running Man  & Predator.

Blockbuster des nineties, au budget confortable, Demolition Man toujours aussi plaisant à regarder grâce à son fameux cocktail action & comédie mélangé intelligemment. Son sujet reste d'actualité de nos jours - surtout à notre époque -, avec les fameux prêcheurs de bonne parole voulant vivre dans une société aseptisée, ou les plaisirs de la vie deviennent de plus en plus restreint. Un bon divertissement, qui n'a pas prit de coups de vieux et avec des comédiens au top de leur formes.
 
Illustration pour la marque de flipper Williams

vendredi 10 août 2012

Expendables 2 - Unité spéciale (2012)


Second opus, de nos mercenaires bourrés aux testostérones.  Sylvester Stallone, laisse sa place de réalisateur à l'artisan, Simon West, cinéaste connu pour ses films d'actions old school, comme Les Ailes de l'Enfer. Expendables 2 - Unité speciale, signe le grand retour d'Arnold Schwarzenegger devant la caméra, depuis la fin de son mandat de gouverneur de Californie. 

Mr Chapelle contact Barnett Ross, leader des Expendables, une troupe de mercenaire. Ces derniers doivent une dette à l'agent de la C.I.A, en rapport à leur mission précédente à Vilena. Leur nouvel objectif est de récupérer un objet dans la carlingue fumante d'un avion dans un pays d'Europe de l'Est. Mais très vite sur place, nos héros tombent dans un traquenard, tendu par Vilain, chef du groupe terroriste, De Sang. Un des Expendables tombe  malheureusement au combat contre leur adversaire. Immédiatement un seul mot d'ordre est donné par l'équipe : Vengeance. 


Dés les premières minutes, de l'introduction explosive en Asie, on retrouve nos mercenaires au volant d'engins blindés, marqués de la "Bad Attitude", défilant en toute vitesse dans les rues d'une ville au Népal. Une Séquence possédant une bonne dose de violence graphique : Les ennemis se font charcuter, perforer à profusion. Les comédiens balancent des punchlines tonitruantes ... On ressent alors rapidement un sentiment nostalgique des Actionners des années 80, à la manière de Commando, Predators ou d'un Rambo II : La mission. Comme pour Expendable - Unité spéciale, les grandes lignes du scénario tiennent sur un ticket de métro, le récit servant juste de prétexte à réunir les anciennes gloire ou autres "jeunes" Action-star ... C'est justement ce que le spectateur demande, peut importante l'histoire, on veut passer un excellent moment avec un brin de nostalgie, retrouver ce cinéma décomplexé. Donc, comme pour le premier, l'effet nostalgique du projet, marche encore plus ici. Les acteurs jouant même ce jeu dans leurs répliques, n'hésitant pas ainsi à se comparer à des pièces de musée (Schwarzenegger), annonçant la fin de leur carrière de mercenaire (Norris) ou cette phrase de Jason Statham : "À l'ancienne, il y a que ça de vrai".

Comme souvent dans les films de Sylvester Stallone, l'auteur / cinéaste tente d'apporter un message sur les hommes et la guerre. La nouvelle recru, "Billy the kid", interprété par Liam Hemsworth, est cette touche de pathos, même si dans The Expendable 2 - unité spéciale, cette pensée de rédemption est peu exploitée.


Les dialogues et punchlines sont un véritable concours d’ego démesuré entre les différents comédiens, comme cet échange de réplique entre Schwarzy & Bruce Willis, à base de "I'll Be back, Yppie-kay-Yee et Rambo". Et que dire de la pose iconique de Chuck Norris, sur fond musical du thème musical du Le bon la brute et le truand, après que ce dernier est éliminé une horde de soldats et un tank, à lui seul, balançant pour l'occasion une Chuck-Fact au sujet d'un cobra royal ... 

Ces différents éléments donnent un petit sourire aux cinéphiles ou nous autres gamins née dans les années 80, bercés, élevés par les diverses productions Carolco ou Cannon Pictures, mettant en scènes ces mythiques actions-héro.       

De nombreux gros clins d'oeil au filmographie de nos actions-star, sont dissimulées dans The Expendables 2 - unité spéciale. La course poursuite, en bateau sur un fleuve rappelle Rambo II : La mission. Et que dire d'Arnold Schwarzenegger arrachant la portière d'une Smart à main-nue, à la manière de Commando. Des références flagrantes à Total Recall, sont présentes avec un Schwarzy au volant d'une foreuse ou encore cette scène ou un mercenaire apparaît en squelette dans un rayon XMais également cinématographique, avec un côté Western, à la façon des sept mercenaires, avec les hommes de mains de Vilain assiégeant un village occupé uniquement de femme, mais ses derniers se retrouvent rapidement maîtrisés par nos Expendables. Ou à la culture vidéo-ludique, la séquence finale dans l'aéroport fait immédiatement penser à la mission "no russian" de Call Of duty : Modern Warfare 2


Les personnages secondaires existent, enfin à l'écran, le long-métrage ne tournant plus principalement autour du duo  Sylvester Stallone  / Jason Statham. Dolph Lungrend toujours aussi excellent  dans la peau de Gunnar en Side-kick bourrin, assurément un des meilleurs rôle du comédien depuis Rocky IV ou Universal Soldier. Et quel plaisir de retrouver notre Jean-Claude Van Damme, bad-guy de service, en grand forme physique, cabotinant un peu dans son jeu d'acteur. 

Le long-métrage de Simon West est réfléchi, réalisé comme un actionner à l'ancienne. Les défauts de réalisation du premier Expendables sont partiellement corrigés. Jet Li montre enfin ses capacités martiales, même si l'acteur est capable d'assurer beaucoup plus à l'écran. Contrairement au premier, les scènes d'actions sont lisibles sauf rares exceptions, le crash de l'avion dans la grotte notamment.



Les affrontement sont spectaculaire particulièrement celui de Sylvester Stallone & Jean Claude Van Damme. Seul regret le duel Scott Adkins & Jason Statham, est trop court. Malheureusement les effets-spéciaux font toujours aussi pauvre, avec un aspect after effect digne des séries Z de chez Asylum .  

The Expendables 2 - unité spéciale, corrige en grande partie les défauts du premier. Le long-métrage de Simon West, à un aspect définitivement nostalgique d'un cinéma n’existant plus de nos jours. Et quel bonheur de gosse d'apercevoir dans un même plan les trois John : John Matrix (Commando), John Mc Clane (Die Hard) & John Rambo. Assurément à mes yeux, le film décomplexé de l'été.  



mardi 7 août 2012

Death Race 2 (2010)

Direct-To-Video haut de gamme produit par Paul W.S Anderson, créateur de licence cinématographique à succès comme la saga Resident Evil. Le tout sous la houlette d'Universal Home Entertainment. Le récit est une préquelle retraçant l'histoire de Frankenstein et la création de la Course à la Mort .

Carl "Luke" Lucas, chauffeur pour des braquages se fait arrêter par la police après une course poursuite. Notre homme est transféré sur la prison de Terminal Island, ou se trouve les pires délinquants. Un jeu télévisé de gladiateur moderne "Death match", diffusé à travers les États-unis, se déroule dans l'enceinte de la prison mais les audiences baissent de plus en plus. La directrice de programmation September Jones renouvelle le genre avec "la course à la mort". Notre héros devra utiliser ses capacités de pilote pour retrouver sa liberté. Mais sa tête est mise à prix par son ancien patron Markus Kane avec une prime d'un million de dollar à la clés...

Cette préquelle de la Course à la Mort, complète assez bien le long-métrage de  Paul W.S Anderson, en apportant des éléments supplémentaires dans son univers. Le spectateur suit donc pendant un quart d'heure, Carl Lucas, chauffeur pour un braquage, qui malheureusement tourne mal, avec à la clés une fusillade et une course poursuite en mustang Shelby. Dans ces premières minutes, nous nous rendons vite compte que l'on est bien loin des productions paumées, tournées en Bulgarie ou Roumanie de Dolph Lundgren ou Steven Seagal, la mise-en-scène à vraiment un cachet cinématographique, le cinéaste film de façon classique utilisant des cadres et des poses efficace, même si le montage est un peu trop cut sur certains passages, avec l'utilisation abusive de la shaky-cam de temps à autre. Le pseudo-message politique du premier opus est abandonné ici, remplacé par un pur Actionner façon 80's.

Une fois en prison, Carl Lucas, interprété avec brio par Luke Ross, se retrouve dans un univers carcéral, la prison de Terminal Island est beaucoup plus violente et sombre que celle de la Course à la Mort. Les personnages possèdent de véritable gueules de psychopathe, n'hésitant pas à tuer sans scrupule ... Ça ne rigole pas. Pendant trente minutes, le spectateur n'assiste à aucune course de voiture, car avant c'était "Death Match", un jeu de gladiateur moderne rappelant The Running Man. Le divertissement possède les mêmes règles, (épée) armes et (bouclier) défenses. 

Death Race 2, prend son temps pour raconter son récit, la genèse n'est pas bâclée, au bout d'une heure arrive, les premières courses font leur apparition marquant ainsi la transition avec le premier long-métrage, les nouveaux bolides au design proche d'un Mad Max. Sans oublier, la naissance de Frankenstein est montré de manière iconique. 

Bien-sûr, quelques défauts techniques sont visibles, les vues de cockpit assez statique, certains raccords approximatif. Un Direct-To-Video maîtrisé dans sa réalisation globale avec des effets-visuels vraiment réussis.



La galerie de personnage est bien développée, même si certains comédiens font acte de présence pour le cacheton, on retrouve donc Ving Rhames (Mission Impossible) en costume trois pièces se prenant pour dieu, dirigeant Weyland Corporation, cette société n'a aucun rapport avec la saga Alien. L'acteur à une des meilleurs répliques : "You see this : it's a stupid bitch". Danny Trejo (Machete) reprend le rôle de chef-mécano de Ian Mc Shane & Sean Bean (Game of Throne, Le Seigneur des Anneaux : La Communauté de l'Anneau) joue un parrain sociopathe.

Digne suite de la Course à la Mort, Death Race 2 est un excellent direct-to-video, le spectateur passe un agréable moment devant cet honnête B-Movie, avec un brin de violence. Du bon cinéma d'exploitation comme on n'en fait plus ou trop rarement de nos jours... Vivement le troisième opus.


Course à la mort (2008)

Le long-métrage réalisé par  Paul W.S Anderson est en réalité un remake d'une production Roger Corman, datant de 1975 : La course à la mort de l'an 2000, avec Sylvester Stallone & David Carradine, dans les rôles principaux.

Jensen Ames, un ancien champion de course, se retrouve incarcéré dans la prison de Haute sécurité de Terminal Island, l'homme est accusé injustement du meurtre de son épouse. Son seul choix pour gagner sa liberté : Participer au show TV "La course à la mort". Une compétition sans règle qui réuni les pires criminels du pénitencier.  

La Course à la mort n'a aucun rapport avec l'original. Le scénario va vraiment à l'essentiel, sans dialogues inutiles, ou de scènes larmoyantes montrant un Jason Statham pleurant la disparition de sa femme ... On a faire, à un film bourré 100% aux testostérones. La galerie de personnage possède de sacrée gueule d'acteur, leur psychologie peut paraître basique ou caricatural, au yeux de certains, mais le film n'est pas là, pour raconter la vie des taulards dans un milieu carcéral. Paul W.S Anderson, réalise un long-métrage d'entertainement jouissif, sans prise de tête, possédant tout de même un message sur notre société et une critique des médias, allant toujours plus loin dans les télés-réalités. La fin est un peu Américanisé, Jensen Ames, retrouvant sa coéquipière après toutes ces péripéties, sans oublier le message ridicule de ne pas reproduire sur la route les cascades présentes.   

Côté action, le cinéaste nous fait une adaptation grandeur nature de Mario Kart, en trois courses avec utilisation d'arme et de bouclier, sans oublier des mises-à-morts imaginatifs avec un peu de sang numérique. On regrettera tout de même le peu de diversité pour les circuits. Les courses poursuites réalisées avec des vrais cascadeurs sont réellement impressionnantes, le tout est filmé de manière lisible. Comme dans les jeux-vidéo, le spectateur a droit à un boss de fin de niveau, sans pitié envers les participants. La photographie retranscrit bien l'aspect sale et oppressant de la prison.

Paul W.S Anderson réalise avec la Course à la mort, une série B, sans prétention et efficace. Un bon moment de détente devant un long-métrage décérébré, ça ne mange pas de pain, ma foi.


lundi 6 août 2012

Total Recall (1990)

 
Après le succès mondial de RoboCop, Paul Verhoeven, surnommé l'Hollandais violent, se retrouve catalogué à Hollywood comme "cinéaste d'anticipation". Il reçoit ainsi de nombreuses propositions des studios et des sociétés de productions Américaines mais aucun projet ne trouve grâce à ses yeux, le réalisateur Européen fraîchement débarqué sur le sol Américain n'est pas particulièrement attiré par le genre, pourtant enfant il dévorait des romans pulp de Science-Fiction et autres comics-book.

Lorsque le scénario de Total Recall arrive entre les mains de Paul Verhoeven, il s'agit déjà de la 41éme version du scénario. Au milieu des années 80, le projet passe entre Walt Disney Company à Dino De Laurentiis ! Des cinéastes comme Richard Rush (Color of night) ou encore Bruce Beresford (Miss Daisy & son chauffeur) sont pressentis pour le mettre en scène… Si bien qu'au bout d'une quinzaine d'années de Development Hell, une aura de projet maudit entoure ce futur long-métrage

La première esquisse du scénario est écrite par Dan O'Bannon & Ronald Shusett. Ces derniers ont acquis en 1974 les droits d'adaptation pour la somme dérisoire de mille dollars d'une nouvelle de Philip K. Dick, "Souvenir à vendre" parue dans la revue Galaxy. Romancier Américain notamment célèbre pour l'adaptation de son roman, "Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques" plus connu au cinéma sous le nom Blade Runner, chef-d’œuvre du "7éme Art" et de la Science-Fiction réalisé par Ridley Scott. Ne parvenant pas à faire fonctionner leur récit d'anticipation, les deux écrivains arrête de travailler dessus un moment pour signer Alien, le huitième passager. Ils reviennent ensuite sur le projet, parviennent à finaliser une première monture, envoyant ainsi le héros Doug Quaid sur Mars, ce qui n'est pas le cas de la nouvelle d'origine. Mais les deux hommes peinent à finaliser un troisième acte satisfaisant. Tandis que les deux plumes écrivent Réincarnation de Gary Sherman, les deux hommes se replongent régulièrement sur ce projet qui leur tient à cœur jusqu’à ce que leurs visions diffèrent et que Dan O'Bannon jette l'éponge. Ronald Shusett le développe alors seul pendant un an pour Walt Disney Company, mais les différentes versions qu'il remet au studio sont rejetées, toujours à cause d'un dernier acte bancale.

Arnold Schwarzenegger, Sharon Stone & Paul Verhoeven.


En 1982, le nabab Dino De Laurentiis prend une option sur Total Recall. Richard Rush (Color of Night) est pressenti pour la réalisation, mais il s'oppose au producteur Italien qui souhaite ramener l'action sur Terre pour d'évidentes raisons budgétaires. Fred Schepisi (La Maison Russie) est alors approché, mais sa vision psychologique déplait à la production, le cinéaste est alors rapidement "remercié". Le scénario reste sur les étagères jusqu’à ce que David Cronenberg reprenne Total Recall. Avec Ronald Shusett, ils forcent l'aspect comique en faisant une quasi-parodie de Film Noir. Le projet commence enfin à avancer, des plateaux sont réservés, les Production-Designers travaillent sur les décors et les différents effets visuels. Pour la tête d'affiche  Richard Dreyfus & William Hurt sont approché pour interpréter Doug Quaid. Mais le cinéaste fait volte-face et décide de reprendre de A à Z le scénario. Sa vision et celle du scénariste diffèrent alors complétement et leur collaboration se transforme en bras de fer. Leur relation est d'autant plus conflictuelle lorsque l'on sait que David Cronenberg considère Alien, le huitième passager comme un plagiat de ses premières œuvres Canadiennes. Sa version, où Doug Quaid complétement schizophrène subit des mutations à chaque changement de personnalité, est jugée trop sombre et excentrique par Dino De Laurentiis. Au bout d'un an de travail et une douzaine versions, le cinéaste quitte le projet qui est à nouveau enterré, deux mois à peine avant le début du tournage.

Ronald Shusett ne désespère pas et se remet au travail avec Steven Pressfield  (Freejack). Les deux scénaristes trouvent l'idée de la terraformation de Mars qui offre à Total Recall une intrigue enfin satisfaisante. Bruce Beresford, (Miss Daisy & son chauffeur) est alors engagé pour la réalisation, grâce au succès de Dirty Dancing le comédien Patrick Swayze, est envisagé pour Doug Quaid. Nous sommes en 1987, l'acteur s'entraîne physiquement, la fabrication des décors est lancée, le cinéaste et sa plume apportent les dernières modifications au scénario… Mais à cause de l'échec de Dune, Dino De Laurentiis abandonne l'idée de produire ce projet suite à la mise en faillite de sa société.


Une rumeur de malédiction commence à planer sur Total Recall... Mais c'est sans compter sur l'espoir providentiel d'Arnold Schwarzenegger ! Le comédien avait été approché une première fois par Dino De Laurentiis mais son cachet était trop élevé pour la production. L'intrigue avait tapé dans l'oeil de Schwarzy et c'est avec un certain intérêt qu'il continuait de suivre les pérégrinations du scénario. Après la faillite du producteur Italien, "Le Chêne Autrichien" contacte Carolco Pictures en leur proposant de monter le projet. La société de Mario Kassar rachète alors les droits et accepte la condition de sa "star" : "Que ce soit Paul Verhoeven derrière la caméra". Le cinéaste, Ronald Shusett & Gary Goldman (Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin) peaufinent la dernière version du scénario et débloquent les quelques nœuds restants du troisième acte. l'Hollandais Violent dispose en effet d'un budget conséquent de soixante-cinq millions de dollars, équivalent de celui d'Abyss ou d'Alien 3, tournés à la même époque, RoboCop  ayant coûté pour sa part treize millions de dollars. Une somme étonnante au vu de la complexité de ce récit de Science-Fiction schizophrénique et ultra-violent. Le cinéaste s'entoure à nouveau d'une partie de l'équipe de RoboCop : Le chef opérateur Jost Vacano, le chef décorateur William Sandell et le grand Rob Bottin pour les maquillages et s'adjoint la participation de Ron Cobb (Aliens, le retour, Les Aventuriers de l'Arche perdue, Abyss...) pour la conception graphique.

Ce Voyage à travers les affres du scénario montre que Total Recall aurait pu avoir des visages très différents : D'une quasi-parodie de Blade Runner à un délire mental autour de la schizophrénie, la trame de la nouvelle de Philip K. Dick s'invite à toutes les réappropriations. Mais il est vrai qu'à sa lecture, on est loin d'imaginer un actionner ultra-violent avec
Arnold Schwarzenegger.
 

2048, Doug Quaid est hanté par des cauchemars se déroulant sur Mars. Sa femme Lori s'efforce de dissiper ses visions. Un jour, notre homme s'adresse à la société Rekall, pour vivre son rêve grâce à des implants mémoriel. L'expérience dérape, mais ce dernier apprend qu'il a bien séjourné sur la planète rouge, démarre alors une véritable chasse-à-l'homme, conduit par une mystérieuse société...

Total Recall est d'abord le fruit d'une rencontre : Arnold Schwarzenegger  star du cinéma d'action bodybuildée au faîte de la reconnaissance publique, et de Paul Verhoeven  réalisateur au goût prononcé de la provocation et de la violence débridée au service d'une critique acerbe et cynique contre l'administration Américaine, et d'un divertissement presque sans limites qui joue avec les limites de la censure. Il s'agit aussi de l'adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick avec l'un de ses thèmes favoris : la schizophrénie où se traduit une frontière ténue entre rêve et réalité.

Dès le générique le ton est donné, lettres noires sur ligne rouge, la musique de Jerry Goldmisthaccompagnée des percussions de Conan le barbare, nous voilà propulsé sur Mars. Le spectateur impuissant assiste à l'une des plus évocatrices scène de suffocation du cinéma.

Paul Verhoeven a su parfaitement retranscrire, les doutes qui assaillaient Philip K. Dick, à propos de la réalité. Le long-métrage explore les voies du paradoxe entre la réalité & le rêve et ne nous propose aucune solution. Où commence le rêve ou s’arrête la réalité ?! Le film est-il bien un rêve ou la réalité ?! Le rêve aurait bien été implanté dans la tête de Quaid, mais ce dernier refusant de prendre la pilule rouge, continue de vivre son fantasme jusqu'au bout ?!

La schizophrénie est un des thèmes récurent dans l’œuvre du romancier, le dédoublement de personnalité, est bien évidemment au cœur de Total Recall, à la fois psychologique : Doug Quaid l'humaniste, l'ouvrier de chantier qui se rêve de devenir "agent secret", face à son double Hausser, le manipulateur, le salaud associé de Cohaagen. La carrure monolithique d'Arnold Schwarzenegger aide parfaitement cette dualité et ses mises en situation, tantôt paumé idéaliste, salaud ou un "James Bond", écrasant ses adversaires sur son passage, à l'aide de ses gadgets. Le long-métrage de Paul Verhoeven joue donc sur les faux-semblants, dans cette quête de personnalité, Douglas Quaid la créature de Hausser, peut-elle s'affranchir de son créateur ?


La schizophrénie est également physique comme Kuato, chef de la rébellion Martienne, vivant dans les entrailles d'un hôte humain. Autres cas de trompe l’œil visible, cette femme dont la tête s'ouvre pour révéler notre héros, ou encore ce chauffeur de taxi cachant sa mutation avec sa fausse main. La réalité est faussée sur Mars plus particulièrement à Venus-ville, endroit où vive les mutants, être perçu comme des monstres au yeux de la population locale, ces créatures sont victimes, du véritable monstre de la planète rouge : Cohaagen. Véritable dictateur qui cache le salut de tous, pour préserver ses intérêts personnels, comme souvent dans son cinéma le cinéaste Hollandais, en profite pour formuler une critique acerbe et cynique, de la société Américaine et de son administration. La société de l'homme d'affaire, détient le monopole de l'air, charge évidente, aux sociétés internationales tentaculaires, déshumanisées détenant le monopole des ressources.

Le génie de la mise en scène de Paul Verhoeven réside dans cette ambiance onirique qui laisse encore planer le doute, vision après vision. Nous retrouvons le goût prononcé du cinéaste pour la provocation et de la violence débridée, jouant ainsi avec les limites de la censure. Total Recall n'échappe pas à cette règle. La violence est graphique, le sang coulant souvent à flot, avec des dommages collatéraux.


La réalisation de Total Recall est bien découpé, avec une alternance bien dosée entre les scènes d'action qui défouraillent et d'autres plus calmes. Il est difficile de s'ennuyer, et il y a beaucoup de séquence jouissives telles que la découverte des gadgets de l'agent-secret puis leur utilisation, et la manière dont Doug Quaid expédie ses soit-disant amis en enfer !. Les civils s'en prennent plein la figure, victimes de tirs croisés - Alors que d'habitude ils évitent miraculeusement les balles. Pour le montage, l'action est toujours très lisible on ne s’ennuie jamais. Puis il y a aussi des punchlines gratinées : "Mais nous sommes mariés" ... Bang .... "Je demande le divorce !". Et le langage à deux niveaux (exemple : Le plan qui fait suite à la première scène torride, avec le mixeur à milshake), qui apportent un second degré bienvenu et ajoutent au plaisir (coupable ?).

Effet-spéciaux et maquillage, réalisé par Rob Bottin.

Les effets-visuels à l'ancienne utilisent des maquettes, du maquillage comme la devenue culte, femme à trois seins. Ceux-ci n'ont pas trop vieilli. Total Recall est certainement un des derniers films d'une espèce révolue de Blockbuster aux effets-spéciaux manuels, nous sommes en 1990, Terminator II : Le Jugement Dernier & Jurassic Park sonnent l’ère du numérique. Le level-design accentue ce côté de bric et de broc de la colonie Martienne, construite par ses ouvriers colons, avec la poussière et la crasse, dans des galeries ou l'air se raréfiePaul Verhoeven nous livre donc une vision de Mars plutôt crédible, terre de colonisation aride aux couleurs ocres qui n’est pas sans rappeler les étendues désertiques des westerns, nimbée d’une atmosphère rouge.

Le sang qui gicle, les os qui craquent, les corps qui explosent, les punchlines second degré qui fusent, il n’y a aucun doute, nous sommes bien dans un film de Paul Verhoeven, le troublions anti-politiquement correct du cinéma qui a su également s’entourer pour l’occasion, du casting "idéal".

Outre un Schwarzy excellent en héros humaniste à double visage. Nous retrouvons, Sharon Stone en ravissante petite garce faussement candide, la comédienne reste crédible pour ses scènes de combat grâce au montage. Michael Ironside impérial comme souvent dans un rôle de bad-guy énervé, voir déjanté qui lui va comme un gant. Et Ronny Cox (RoboCop) interprète l'homme d'affaire corrompu Cohaagen.

Cette adaptation d'une nouvelle de Philip K. Dick cache sous ses airs de Blockbuster violent une œuvre à double identité, à la fois un divertissement impressionnant et profondément intelligent. Total Recall de Paul Verhoeven sonne hélas le glas d'une époque, avec des effets-spéciaux à l'ancienne, et une violence graphique que l'on voit peu de nos jours ! Un film phare de Science-Fiction aux apparences trompeuses, entre rêve & réalité...

Affiche hommage designer par Tyler Stout