dimanche 22 juillet 2012

L'Antre de la Folie (1995)

Après le gentillet Les Aventures d'une Homme Invisible, John Carpenter revient avec le genres qu'il affectionne, l'horrifique. L'Antre de la Folie est l'un des chefs-d’œuvre de son cinéaste, certainement son récit le plus abouti et le plus prenant. À l'heure où les grands studios s'emparent du fantastique en ressuscitant les grandes figures - Dracula de Francis Ford Coppola, Entretien avec un Vampire et les médiocres Wolf de Mike Nichols & Frankenstein de Kenneth Branagh. Big John réalise l'une de ces œuvres étranges et décalées qui font le sel du cinéma d'horreur, dans un mouvement à la fois d'allégeance au genre et de renouvellement…

L'Antre de la Folie clôt sa Trilogie de l’Apocalypse commencée en 1982 avec The ThingLe Prince des Ténèbres.

John Trent est enquêteur pour les assurances. Il est chargé par le directeur de la maison d’édition Arcane de retrouver son écrivain à succès Sutter Cane. Ce dernier a disparu ....

Impressionnant de maîtrise et on ne peut plus stimulant au niveau des thématiques qu'il aborde. L'Antre de la Folie est une virée étouffante dans l'imaginaire de l'horreur et une réflexion jubilatoire sur les rapports qu'entretiennent les adulateurs et les oeuvres qu'ils chérissent. John Carpenter nous emporte dans un monde glissant où règnent la folie, les phobies et la paranoïa. Si l'on comprend à la fin ce qui s'est plus ou moins joué devant nos yeux, il est tout de même délicat de parvenir à saisir l'intégralité du discours de son auteur. Ce dernier, en à peine quatre-vingt dix minutes de film, nous offre tellement de pistes de réflexion, d'idées géniales nécessaires à la construction d'un univers hommage, à des références clairement revendiquées du genre horrifiques, qu'on finit de la séance épuisé, mais bel et bien rassasié.

Couverture qui illustre les romans
de l'auteur à succès.

John Carpenter évoque donc les grandes figures du fantastique : l'ambiance Lovecraftienne, les films de Science-Fiction paranoïaques des années cinquante, Stephen King, les zombies, Bernard Quatermass - Physicien de Fiction - et Rendez-vous avec la Peur… Cet univers cauchemardesque, le mythe des entités anciennes en sommeil attendant de détruire le monde sont la trame des œuvres d'Howard Philips Lovecratf. Quant au célèbre romancier Sutter Cane, celui-ci fait référence au maître de la littérature fantastique, Stephen King.

L'Antre de la Folie commence en polar aux allures de Film Noir. John Trent cherche des indices sur la disparition de Sutter Cane. Vers la moitié du récit, le spectateur perd ses différents repères, la frontière entre réel et imaginaire n’existe plus grâce à une idée scénaristique de génie, changeant à jamais notre perception. Le personnage de John Trent est "fictif", Big John le démontre au détour d'un magnifique plan final - Sam Neil se découvre sur grand-écran accompagné d'un éclat de rire.


Par l'intermédiaire de cette illustration virtuose de la folie, teintée d'une critique acerbe du monde dans lequel il vit, John Carpenter nous délivre un long-métrage impressionnant. Une belle découverte qui confirme que son auteur a des choses à dire et les dit de belle façon. Difficile en effet de rester de marbre devant la richesse formelle, mais également thématique d'une œuvre comme l'Antre de la Folie. Elle respire d'un inspiration sans borne et d'une soif de création qui force le respect. 


La folie progressive de John Trent est bien amenée au début, le personnage fait des déductions rationnelles et sa démence arrive petit à petit.  Big John décrit dans L'Antre de la Folie un monde de faux-semblants, de doutes où l'imaginaire et le réel sont des données mouvantes constantes. Car John Carpenter connaît parfaitement les attentes des spectateurs et de leurs rapports au cinéma fantastique : la Mythologie du genre, ses enjeux et son histoire.

Couverture qui illustre les romans
de l'auteur à succès.

Ce monde dépeint un univers contaminé par le fantastique, les spectateurs ont pourtant au début la même réalité quotidienne où soudain surgit l'horreur - Piste explorée la même année par Wes Craven avec  Freddy sort de la Nuit puis plus tard avec Scream.  L'ambiance de L'Antre de la Folie, est glauque, voire oppressante. Le passage dans la ville de Hobb's End est le meilleur exemple… John Carpenter s'amuse ainsi à altérer réalité et imaginaire.

Big John expérimente tant au niveau du montage nerveux que de la mise en scène. Le cinéaste explore, réalise des scènes inédites comme celle où Trent se réveille dans un univers entièrement bleu, ou encore l'effrayante séquence en boucle qui rejoint nos pires cauchemars. Tourné en CinémaScope, format de prédilection de son réalisateur, magnifiquement photographié par  son éternel collaborateur Gary B. Kibbe, servi par des décors magnifiques… Et tout ça avec un  budget limité de quatorze millions de dollars ! Une habitude pour John Carpenter.


Sam Neil remarquable incarne à l'écran l'un de ses meilleurs rôles. Campant le détective John Trent, personnage cynique et rationnel sur les différents éléments fantastiques, son lent passage vers la folie est très bien amené par le comédien. Jurgen Prochow habitué aux séries-Z est Sutter Cane, auteur de roman fantastique à succès à la notoriété semblable à celle de Stephen King. Et le grand Charlton Heston en patron des éditions Arcane.

Quoi de mieux pour clore sa Trilogie Apocalypse qu'un film aussi fou, aussi total et subversif que celui-ci ? L'Antre de la Folie est un chant d'amour au cinéma d'horreur, à ses incroyables capacités d'identification. Certainement le chef-d'œuvre des nineties de John Carpenter.  Bénéficiant d'un scénario solide, riche et intense, ce film nous offre des moments de pure angoisse. Une œuvre à découvrir rapidement, si vous ne l'avez encore jamais vu.

Dernier plan final, ou la vérité éclate au grand jour pour John Trent.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire