mardi 19 juin 2012

Tuez Charley Varrick ! (1973)

Après nous avoir offert, deux ans plus tôt, le mythique Inspecteur Harry. Don Siegel réalise en 1973, l'excellent B-MovieTuez Charley Varrick !.

Charley Varrick cambriole une banque au Nouveau-Mexique, avec l'aide de sa compagne et de deux acolytes. Malheureusement le braquage tourne mal, son épouse et l'un de ses complices sont tués. De retour chez lui, les deux briguants restants se retrouvent avec un magot conséquent, beaucoup trop pour une aussi petite ville rurale. L'homme comprend vite que l'argent dérobé appartient à la mafia. Mais pendant ce temps l'organisation criminelle envoie sur place un tueur pour faire la lumière sur cette affaire…

Une intrigue classique et efficace, sans fioritures. L'introduction nous montre la vie rurale d'une petite bourgade du Nouveau-Mexique... La violence arrive sans prévenir, avec le braquage d'une banque tournant mal. Les bandits, tuent à bout portant l'un des policiers, et s'enfuient rapidement avec l'argent. Lors de cette chasse à l'homme, pendant la première demi-heure, Don Siegel, parvient à faire un polar poussiéreux, nerveux, parfois teinté d'un soupçon d'humour noir. Le cinéaste dépeint des gens peu recommandables, même si ce dernier arrive quelques fois à humaniser son protagoniste principal, cet anti-héros de Charley Varrick. Cet homme n'est en aucun cas,  porteur d'une quelconque morale, il est seulement acculé par son propre sort. Les pièces du puzzle se mettent en place rapidement dans la seconde partie. L'argent non déclaré du casse appartient à la mafia. Celle-ci engage un tueur à gage du nom de Molly pour retrouver les coupables, récupérer son bien et essayer de découvrir si personne n'a trahi l'organisation.


Comme à l'accoutumée chez Don Siegel, la réalisation est sèche, efficace, énergique, aucun plans ou minutes sont inutiles, Tuez Charley Varrick ! dure une heure quarante cinq, montre en main. La mise-en-scène est un modèle, offrant même aux spectateurs, un duel final entre une voiture et un avion biplan exécutant un double looping inversé. 


Le cinéaste nous offre une belle galerie de personnage, comme Tom le gérant du magasin d'arme ou la photographe, l'argent est le roi des décisions et des relations. En parallèle, le spectateur suit les instigations du tueur-à-gage de la mafia, à la recherche de Charley Varrick et de ses associés, personnage haut-en-couleur interprété par Joe Don BakerTuez Charley Varrick ! n'est pas un manichéen, car les différents protagonistes essayent de survivre, de sauver leur peau. Ce cinéma sans concession, n'existe plus de nos jours - sauf rare exception comme chez les frères Coen. L'écriture, ses personnages, sont les témoins d'une époque, les années 70, ou les réalisateurs se permettaient une dose d'humour noir, dans les répliques ou certaines situations. Sans avoir ensuite à se rattraper en insérant un donneur de leçon, comme aujourd'hui.



Le cinéaste habitué au polar urbain des grandes villes américaines comme San Francisco (L'inspecteur Harry) ou New-York (Un shérif à New-York), nous offre ici, un long-métrage rural, ou les bordels sont au milieu des champs et les rendez-vous se font à coté des vaches. A noter, Don Siegel n'hésite d'ailleurs pas à citer son élève Clint Eastwood dans un dialogue.


La force de Tuez Charley Varrick !, ce sont ses comédiens talentueux, aux tronches burinées. Walter Matthau (Les pirates du métro, Charade)exceptionnel incarne avec sobriété Charley Varrick, braqueur convaincant, homme de principe cachant des intentions peu louables, intelligent et calculateur, ayant toujours deux coup d'avances sur tout le monde. C'est un homme intègre, solitaire, n'agissant pas à la légère connaissant réellement les dangers auquel il s'expose. On trouve également deux habitués de Don Siegel, Andy Robinson interprète Harman Sullivan jeune co-équipier alcoolique, impétueux, colérique se croyant puissant. John Vernom en dirigeant de banque essayant de trouver une solution à la situation. Sans oublier, Joe Don baker, excellent en tueur-à-gage Texan, aux méthodes violentes.

La composition de l'immense Lalo Schifrin est une merveille possédant de nombreux airs jazzy.

Ancêtre de No Country for Old Man, Tuez Charley Varrick ! est réalisé par le grand Don Siegel. Le cinéaste même sa barque sans trembler, en signant, une nouvelle fois, ni plus ni moins, un incontournable du polar des années 70. N'oubliez surtout pas : Charley Varrick est le dernier des indépendants.

Affiche Allemande
Affiche Japonaise

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