mercredi 30 mai 2012

Sherlock Holmes (2009)

Ce Sherlock Holmes réalisé par Guy Ritchie est en vérité une adaptation d'un comics-book de Lionel Wigram illustré par John Watkiss, n'ayant jamais vu le jour en librairie. Quant aux personnages de Sherlock Holmes et du Docteur Watson, ceux-ci sont bien évidemment les créations de Sir Arthur Conan Doyle.  

Après être venu à bout du malfaisant "magicien" Lord Blackwood, le détective Sherlock Holmes et son fidèle assistant, le Docteur Watson clore cette affaire brillamment résolu. Mais le défunt revient mystérieusement d'entre les morts et reprend ses sombres activités. Notre héros doit repartir sur ses traces pour l'arrêter de nouveau…

Guy Ritchie ne va pas seulement adapter Sherlock Holmes, il va le re-visiter. Nous avons tous en tête des images du célèbre détective et de son compagnon grâce à d’anciens longs-métrages ou dessins animés. Ici nous allons redécouvrir cet univers avec des personnages différents. Ainsi, le Docteur Watson n’est plus ce vieil homme un peu bedonnant, il prend un sacré coup de jeune tout comme Sherlock Holmes. L'un des atouts majeurs de ce Sherlock Holmes est les liens entre les deux protagonistes principaux, avec un humour typiquement Anglais. Ce qui relie incontestablement ces véritables amis ce sont leurs différentes aventures, leurs vies passés ensemble… Une amitié qui évoque un peu la relation entre Butch Cassidy & Sundance Kid. Le Docteur Watson, reproche souvent des choses à son compagnon sur sa façon de vivre. Dans cette nouvelle adaptation, le spectateur retrouve bien évidement le coté fin limier de Sherlock Holmes, avec  ce sens de la déduction accru. Le détective d'Arthur Conan Doyle est également mélomane, joueur de violon, amateur de boxe et masochiste à ses heures perdues.

Concept Art du comics-book avorté de Lionel Wigram.

Illustration de John Watkiss.

La reconstitution de Londres à l'époque Victorienne est la réussite du film. Les décors sont riches, réalistes, fourmillent de vie et nous transportent dans la capitale Anglaise de la fin du XIXème siècle, le tout baigné dans une ambiance noire et lugubre amplifiant l'impression de mystère de cette cité. Soulignons les magnifiques matte-painting, notamment la construction du célèbre Tower Bridge. 

Guy Ritchie plus habitué aux films indépendants est un peu plus sage que d'habitude en termes de réalisation certainement une volonté de Warner Bros d'en faire un "film grand public". Le cinéaste apporte sa touche sur certaines séquences comme l'explosion au ralenti des abattoirs nous offrant un jolie travelling arrière. La mise en scène des combats nous rappelle Snatch : Tu Braques ou tu Raques, surtout lors d'une session de boxe à mains nue au début du film. La crasse, la sueur, c'est glauque, c'est violent dans les coups, avec l'effet "prévision" de Sherlock Holmes sur son adversaire, le tout filmé au ralenti grâce à la caméra Vision Research Phantom : "Coup de poing dans la côte flottante puis écrasement des cordes vocales comme ça pas de cris".


Nous assistons donc à un film plus "punchy", plus orienté action où l’enquête bien que présente passe parfois au second plan. Ce coup de jeune est bien sûr accentué par la présence de Robert Downey Jr. & Jude Law. Le premier campe un Sherlock Holmes toujours aussi impressionnant quand il s’agit d’analyser ce qui l’entoure, mais aussi plus humain. On sent poindre des faiblesses qui s’accentueront par la suite… Il est également beaucoup plus combattif et notre détective se sert de son don "de prévision" dans les combats. Bien sûr de nombreux éléments mythologique apparaissant comme classique au personnage sont éludés comme la fameuse loupe, ou son "deerstalker". C’est un peu la même chose pour le Docteur Watson qui sort des critères habituels et qui lui aussi se révèle redoutable en combat rapproché. Ce duo de comédien fonctionne à merveilles, la vraie réussite du long-métrage de Guy Ritchie

L'intrigue "Holmesienne" possède un coté fantastique, ce point surréaliste est écarter vers la conclusion pour nous offrir un sentiment de rationalité. L'un des seuls points négatifs de l'intrigue est le traitement du personnage de Lord Blackwood, interprété par Mark Strong, son but final est un cliché sans grande originalité : "Devenir le maître du monde". Quant à la conclusion celle-ci n'est pas à la hauteur de nos espérances ! Et le duel entre Sherlock Holmes & Lord Blackwood est d'une banalité affligeante, avec un air déjà vu mille fois au cinéma.

La composition d'Hans Zimmer sont superbes, avec des sonorités Irlandaises & Celtiques. Mention spéciale au générique de fin, avec un effet crayonné du plus belle effet.

Très divertissant ! Ce Sherlock Holmes re-visite avec succès un mythe de la littérature Anglaise et du cinéma. L'oeuvre de Guy Ritchie possède de jolies séquences d'action, le cinéaste arrive à apporter  son style par petite touche ! La reconstitution de l'époque Victorienne est également la réussite de ce long-métrage. Le duo, Robert Downey Jr. & Jude Law, est performant et l'apparition prochaine du Professeur James Moriarty laisse présager du meilleur…


Space BattleShip Yamato 2199 - volume 1 (2012)


Space BattleShip Yamato 2199, est un remake de la première série datant de 1974. Yamato est une oeuvre de  science-fiction créée par Leiji Matsumoto, le père du Captain Herlock (Albator) et Yoshinobu Nishizaki. A noter que les quatre premiers épisodes ont été condensés en deux long-métrage en avant-premiére au Japon le 7 Avril 2012.

2199, la Terre est bombardée depuis huit ans, à répétition par des Planet-Bomb  à la puissance d'une bombe nucléaire, sans compter que l'air est devenu totalement irrespirable, a cause de plante toxique. Ces méfaits sont l'oeuvre de l'Empire extraterrestre de Gamila. L'humanité se cache sous terre, dans des cités souterraines. Le seul espoir de la planète est un ancien cuirassé du nom de Yamato, transformé en vaisseau spatiale. Son but voyager à Iscandar, qui est situé à 148 000 année lumière du système solaire, ou la reine Starsha dispose d'une technologie du nom de "Cosmo Cleaner D" qui pourrait décontaminer la Terre. Le Yamato et son équipage partent donc au confin de l’univers, mais attention l'empire Gamila veille ......      

Le réalisateur est Yutaka Izubuchi qui a officié sur de nombreux long-métrage et séries d'animations comme Patlabor, Rahxephon, il n'est pas inconnu dans l'univers de Yamato car il a déjà participé sur plusieurs projets de la franchise. Le Character-Design, est assuré par Nobûteru Yûki, qui a travaillé sur les  OVAs de Les chroniques de la guerre Lodoss, Vision d'Escaflowne. On retrouve Hideaki Anno, le créateur de Neon Genesis Evangelion qui participe au story-board. L'animation est confié aux studios AIC & Xebex.

L'esprit de la première série respecté ?!  

Comme je l'expliquais, la nouvelle série est un remake de l'ancienne datant des années 70. La nouvelle équipe dirigée par le metteur-en-scène Yutaka Izubuchi respecte vraiment le matériel d'origine, L'histoire et les situations décrites dans ces deux épisodes sont quasi identiques. On retrouve exactement les plans et dialogues de la première série, à quelques exceptions. Techniquement, l'animation est de très grande qualité, digne d'un long-métrage, les décors sont sublimes. Le mecha-design d'origine est respecté.

L'incrustation de la 3D pour les vaisseaux spatiaux n'est pas saccadé, comme c'est le cas dans d'autre production japonaise. Le trait de Nobûteru Yûki est plus épuré que d'habitude, se rapprochant plus de celui de l'époque. On ressent également la touche de Hideaki Anno au story-board dans plusieurs séquences se déroulants dans la ville souterraine nous rappelant furieusement son oeuvre Neon Genesis Evangelion



Avec ses deux premiers épisodes, la nouvelle série Space BattleShip Yamato 2199 a le potentielle d'une grande série de science-fiction, possédant d'énorme qualité comme il s'en fait rarement de nos jours, grâce à son animation et au respect de son matériel d'origine. 



Les personnes connaissant la première série de 1974 n'auront aucunes surprises, quant au bon déroulement de l'intrigue, ceux découvrant l'univers Yamato, avec ce nouvel opus, exploreront avec plaisirs cette oeuvre mythique de l'animation Japonaise. Espérons tout simplement que la suite concrétise cette révélation. 

L'édition Japonaise First-press avec une partie du story-board. 

mardi 29 mai 2012

Noël Simsolo conversation avec Sergio Leone (1987)

Voici un ouvrage que tout cinéphile doit posséder absolument. Un entretien entre le journaliste Noël Simsolo & l'immense cinéaste Sergio Leone.

Né à Rome le 3 Janvier 1929 sous le règne de Victor Emmanuel III, le réalisateur Italien nous raconte son enfance pendant la période du fascisme et de la Seconde Guerre Mondiale.

Son paternel Roberto Roberti Vincento Leone était un acteur et cinéaste de film muet. Durant la guerre son père prend la carte au parti fasciste avant de la déchirer quatre jours plus tard pour rejoindre un groupe d'intellectuels de gauche. Sans emploi, étant donné ses prises de position engagées contre le régime de Benito Mussolini, il se retrouve obligé de mettre en vente toutes les oeuvres d'art qu'il avait acheté grâce à ses succès afin de pouvoir faire vivre sa famille.

Sergio Leone revient également sur ses premiers pas dans le monde du cinéma, suivant ainsi la voie tracée par son père.

Le jeune homme finit ses études à dix-huit ans "Je n'étais pas bon, mais j'apprenais ce qui était nécessaire pour obtenir un peu plus que la moyenne" et commence sa carrière dans le cinéma comme assistant pour Mario Camerini, son parrain. En 1948, Il participe au même poste sur Le voleur de bicyclette de Vittorio de Sica. Dans les années 50, il devient très apprécié par de nombreux cinéastes Italiens, collaborant entre autres avec Carmine Gallore sur trois longs-métrages et Luigi Comencini sur La traite des blanches. Pendant l'âge d'or où il fréquente assidûment la Mecque du cinéma Italien : Cinecittà, Sergio Leone en profite pour visiter les différentes agences de casting. C'est là, qu'il  découvre une certaine Brigitte Bardot - Déjà mariée à Roger Vadim - mais quasiment inconnue à l'époque. La magnifique Française aura un petit rôle dans Haine, amour et trahison et Hélène de Troie

Toujours au poste d'assistant, Sergio Leone côtoie les plus grands metteur-en-scène du moment Robert Wise, Raoul Walsh, Orson Welles... Son savoir-faire attire des cinéastes Américains en tournage dans les studios Romains dont Mervyn Leroy pour Quo Vadis ? et William Wyler pour Ben Hur. Les grosses sociétés Hollywoodiennes tourne de plus en plus en Italie ou en Espagne pour des raisons financières... En 1962, il termine son travail d'assistant sur Sodome et Gomorrhe de Robert Aldrich. "Un bandit qui ruinera l'honnête producteur Lombardo".

Photo avec Miou-Miou & Robert Charlebois pour Un génie, deux associés, une cloche.
Produit et co-réalisé par Sergio Leone.

En 1959, Sergio Leone accepte de terminer Les derniers jours de Pompeï de Mario Bonnard, malade ce dernier ne peut poursuivre le tournage. Vient ensuite son premier long-métrage Le colosse de Rhodes, un péplum un genre très populaire à l'époque. Après ce premier essai concluant le jeune homme s'apprête à révolutionner le monde du western, avec Pour une poignée de dollar, adaptation de Yojimbo / Le garde du corps, d'Akira Kurosawa avec dans le rôle principal, un inconnu aux yeux des spectateurs qui deviendra une icône du cinéma : Clint Eastwood.

"Je me disais que les adaptations de Karl May marchait bien en Allemagne. Alors, j’envisageais un western en Italie. J’avais vu Yojimbo de Kurosawa. Le thème me plaisait : Un homme arrive dans une ville où deux bandes rivales se font la guerre. Il se place entre les deux camps pour mieux les démolir."

Après de nombreux déboires juridiques pour cette adaptation non-officielle, Sergio Leone enchaîne avec Pour quelques dollars de plus et le dernier chapitre de sa trilogie : Le Bon, la Brute et le truand sorti en 1966. Avec ce long-métrage le cinéaste connaît enfin le succès critique tant désiré.

"Le western est le territoire de nos rêves et le territoire de nos rêves est peuplé de fantômes"

Sergio Leone envisage la production d'Il était une fois en Amérique, mais les studios Hollywoodien lui réclament à nouveau un western... En 1968, Paramount produit son prochain film : Il était une fois dans l'Ouest. "Les producteurs me laissaient carte blanche et c’est cela qui a guidé mon choix". Pour le scénario, le cinéaste travaille avec Dario Argento, alors journaliste, et Bernardo Bertolucci. L’écriture dure vingt jours. Le découpage des scènes, préparé avec Sergio Donati, lui prend deux mois : "Très vite, j’avais mon film en tête. Je voulais faire un ballet de morts en prenant comme matériel tous les mythes ordinaires du western traditionnel : le vengeur, le bandit romantique, le riche propriétaire, la putain".  

A l'orée des seventies, Sergio Leone ne veut plus réaliser de western, le cinéaste a toujours espoir de tourner sa fresque Américaine. Mais le contexte politique difficile post-soixante huitard Européen - les fameuses "années de plomb - avec les groupuscule terroriste de la bande à Baader en Allemagne de l'Est et les Brigades Rouges en Italie pousse finalement le réalisateur à revoir sa copie. Le metteur-en-scène veut produire un long-métrage sur la révolution mexicaine - un Western Zapata - Il était une fois la Révolution. Il souhaite confier les rênes à Peter Bogdanovitch mais le contact entre les deux hommes passe mal... Le metteur-en-scène se tourne alors vers Sam Peckinpah, celui-ci accepte la proposition mais United Artist aidée des deux comédiens principaux obligent finalement Sergio Leone à réaliser lui-même ce métrage une semaine avant le début du tournage. Réécrit dans l'urgence, le cinéaste choisit d'en faire un film-manifeste sur le miroir aux alouettes de la politique. "ce n'est pas mon film préféré, mais c'est celui qui m'est le plus cher, comme l'est un enfant malformé. J'ai beaucoup souffert avec lui".

Sergio Leone, James Coburn & Rob Steiger sur le tournage d'Il était une fois la Révolution.

Quant à sa dernière œuvre maîtresse, Il était une fois en Amérique, voit enfin le jour en 1983... A la fin de cet entretien, Sergio Leone nous décrit l'ouverture de son chef-d'oeuvre inachevé : Les 900 jours de Stalingrad.

"Je commence par un gros plan des mains de Chostaskovitch. Elles sont sur les touches de son piano… La caméra sera sur un hélicoptère, hors de la maison, et le gros plan sera pris au travers de la fenêtre ouverte. Nous voyons les mains qui cherchent les notes de la Symphonie de Leningrad. Et le compositeur les trouve. Cette musique est répétitive. Elle commence avec trois instruments, puis cinq, puis dix, puis vingts puis cent… Et mon ouverture sera faite sur cette musique. En un seul plan-séquence. Un plan séquence comme on n'en a jamais fait : La caméra quitte le gros plan des mains du compositeur. Elle va en arrière. Nous découvrons sa chambre. On en sort par la fenêtre. C'est la rue. L'aube. Deux civils sortent de cette rue. Chacun porte un fusil. Et ils montent dans un tramway. La caméra suit le tramway. La musique continue. Le tramway s'arrête plusieurs fois. Des civils le prennent. Ils sont tous en armes. Enfin, le tramway arrive en banlieue. Il s'arrête sur une petite place où se trouve se trouvent déjà plusieurs autres tramways. Et, à coté d'eux, ce sont des camions qui attendent. Les tramway se vident. Tous les passagers étaient des hommes armés… Pas de femme. Les hommes montent dans les camions. La caméra suit les camions. Toujours la musique. Toujours le même plan. Pas de coupes. Pas d'inserts. Et nous arrivons devant les premières tranchées qui protègent la ville. La musique de plus en plus forte. Il y a de plus en plus d'instruments. Les Russes s'installent dans la tranchées. Et tout d'un coup, la caméra va vers la steppe. Immense. Vide. La musique monte de plus en plus. Jusqu'à ce que la caméra ait traversé la steppe pour prendre, en enfilade, mille blindés Allemands prêt à tirer. Et, dès les premiers coups de canon, mêlés à la musique, je coupe ! Plan suivant : Un rideau s'ouvre. C'est le concert de Chostakovitch. Cinq milles personnes dans la salle. Cent quatre-vingts musiciens jouent. Et alors

GÉNÉRIQUE !"


Cet ouvrage est rempli d'anecdotes croustillante sur ses tournages comme par exemple, son énorme coup de gueule contre Rob Steiger face à son jeu "Actor studio", que Sergio Leone ne voulait absolument pas sur Il était une fois la révolutionOn y apprend aussi des choses étonnantes : Des producteurs ont proposé plusieurs projets, adaptations comme Corto Maltese d'après les albums d'Hugo Pratt, Le Parrain alors que le roman de Mario Puzo était encore sur épreuves ou Dino de Laurentiis voulait que le cinéaste réalise Flash Gordon ! Celui-ci était tenté mais il a dû malheureusement renoncé en constatant que le projet n'avait plus rien à voir avec les dessins d'Alex Raymond... L'une des oeuvres que le réalisateur rêvait de mettre-en-scène est Voyage au bout de la nuit de Louis Ferdinand Céline, ouvrage majeur de la littérature Française. Sergio Leone avait même obtenu l'approbation de la veuve de l'écrivain, tandis que Michel Audiard s'occupait de l'adaptation… Autre découverte intéressante le cinéaste fut également pour un jour l'assistant d'Orson Welles à Rome, et plus longuement celui d'Émile Couzinet dans ses studios de Bordeaux. Des parrainages étrangement différents et bien moins connus que celui de Vittorio De Sica

Enfin Sergio Leone donne son avis sur la "jeune génération" de Steven Spielberg à John Boorman. Et Le cinéma des années 80, avec ses talents montants Francis Ford Coppola, Martin Scorsese, Stanley Kubrick en tête. Sans oublier ces metteurs-en-scènes qui ont sa profonde admiration comme Akira Kurosawa, Claude Sautet et John Cassavetes.

Marlène Jobert & Sergio Leone au Festival de Cannes en 1972.

  
Outre sa passion immodérée pour "le Septième Art", nous découvrons dans cet entretien son amour pour l'art et la peinture ! Car Sergio Leone possède chez lui des toiles de maître : d'Henri Matisse & Giorgio De Chirico. Quant à son bagage intellectuel, celui-ci date de l'après-guerre, adolescent le cinéaste accompagnait son père sur ses tournages, il découvre ainsi le cinéma Américain et ses héros magiques : Gary Cooper, Errol Flynn, Humphrey Bogart, mais aussi tous les films de Charlie Chaplin. Dans sa lointaine jeunesse le jeune Sergio Leone dévorait également les fumetti, Bandes-dessinées d'aventure et les romans noirs de Dashiemm Hammett, Raymont Chandler, James Cain...  

À la manière d'Orson WellesSergio Leone fabrique et raconte sa propre légende, celle d'un authentique créateur. Je recommande cet ouvrage indispensable aux éditions de la Petite bibliothèque des Cahiers du Cinéma. Une réédition a été publié en 1999, agrémenté d'une préface de Noël Simsolo, nous racontant son amitié avec ce grand faiseur.

lundi 28 mai 2012

First Wave - Tome 1 (2010)




First Wave, narre les aventures de trois héros Pulp devenu culte : The Batman, Doc Savage & The spirit.

Gotham-City, Batman accusé d'un meurtre par balle, sur la personne du cinéaste & producteur médiocre au nom de Dan Dowd. Le justicier fait des recherches sur la mystérieuse société, Hidalgo Trading Company, ou des parts de Waynes Industries apparaissent dans les livres de comptes. New-York, Doc Savage, revenu de sa forteresse de solitude, n'a pu assisté à l'enterrement de son père, Clark Savage senior, décédé d'une maladie mystérieuse, Doc Savage décide de découvrir le secret que renferme la mort de son paternel. Central-City, The Spirit, enquête sur un mystérieux convoi, notre héros tombera nez-à-nez sur la troupe des BlackHawks. Sans le savoir les trois protagonistes principaux de l'histoire sont sur la même affaire.





"La ligue de Justice" des années Pulp !! 

Le lecteur découvre donc trois personnages des années trente : 

Planche de Rags Morales
mettant en scène
The Spirit
 
- The Batman, création de Bob Kane, derrière le masque de l'homme-chauve-souris ce cache Bruce Wayne, jeune héritier de Wayne Industries, qui a juré de nettoyer la pègre et la corruption régnant à Gotham-City. Dans First Wave, notre justicier de la nuit est encore jeune, inexpérimenté, porte sur lui deux pistolets de chaque coté de son costume.

- Doc Savage, véritable pulp-heroes de la littérature Américaine, né de la plume de Lester Dent. Doc Savage, de son surnom "l'homme de bronze", véritable athlète sur-humain. Médecin & aventurier. Habitant au dernier étage de L'Empire-State-Building. Dans First Wave notre héros reviendra de sa forteresse de solitude en Arctique - idée reprise dans Superman - De retour à New-York, il enquête sur la mort mystérieuse de son père.

- The Spirit de Will Eisner, né dans les pages du quotidien américain, Register and Tribune Syndicat en 1940. On suit les aventures du Spirit qui est en réalité Denny Colt, ancien policier mort ressuscité. Justicier qui combat le crime à Central-City, avec la bénédiction de son ancien commissaire. Son camp de base, est le cimetière de Wildwood. The Spirit est aidé dans sa tache par son assistante Ebony White.  

Des mythes respectés ?! 

Dessin de Phil Noto.  The Batman, encore jeune justicier,
utilise des armes-à-feu comme au début de ses aventures. 
Au scénario, Brian Azzarello, auteur de 100 bullets ou d'Hellblazer oeuvre où il collabore avec le grand Alan Moore. le scénariste respecte parfaitement la mythologie, de chaque personnages, chacun d'entre eux à sa propre mentalité et son honneur, bien connu ses compagnons et des lecteurs.

L'intrigue dans ce premier recueil est divisé, on suit les aventures, des différents protagonistes chacun de leur coté dans leurs mégalopoles respectives. Le comics-book s'inscrit dans le Multiverse de D.C.

Les graphismes sont l'oeuvre de deux artistes : Rags Morales (Identity Crisis) & Phil Noto (Jonah Hex). Phil Noto a collaboré pendant dix ans chez Walt Disney Animation Studio sur des long-métrages notamment Le Roi Lion, Pocahontas ou Mulan. Son trait est soigné, avec l'utilisation de couleurs pastelles. Le rendu final de ses dessins donnent un effet rétro-vintage des plus plaisants à l’œil. Quant à Rags Morales, celui-ci a un style graphique beaucoup plus classique, sa touche se rapproche des comics des années 2000, les morphologie de ses personnages sont respectées. Quant à sa mise en scène, celle-ci est dynamique disposant de certains cadrages à l'aspect cinématographique.

First Wave est une très bonne surprise avec ce petit ton rétro qui fait inéluctablement son charme. C'est un véritable plaisir de retrouver ses personnages cultes des années 40 & 50 avec une ambiance Pulp. Ce comics disponible chez Ankama Edition.

samedi 26 mai 2012

Parker - L'organisation - Tome 2 (2010)


Suite des aventures du truand Parker dans ce second tome, après avoir été au bout de sa vengeance à New-York : Retrouver et tuer son ancien partenaire, Mal Resnick qui l'avait trahi sur un gros coup, ce dernier travaillait enfin de compte pour la mafia. Parker décida donc de soulager la succursale de "l'Organisation" à New-York de 45 000$, le dû de son ex-camarade. Parker sait donc mis à dos la mafia de Chicago et de son chef : Bronson.

Nous sommes en 1963 à Miami, une année s'est écoulée depuis ses pérégrinations à New-York. Notre héros, a changé de gueule depuis. Malheureusement pour lui, toujours traqué par les tueurs et autres hommes-de-mains. Mais cette fois, il est bien déterminé d'en finir une bonne fois pour toute contre cette chasse à l'homme, Parker passe à l'action avec l'aide de plusieurs complices à travers tout le pays contre "l'Organisation".
 
Le lecteur suit toujours avec plaisirs, le personnage ténébreux et sans pitié de Parker, création du célèbre romancier d'outre-Atlantique, Richard Starck. Dans ce second recueil, on découvre un protagoniste, beaucoup plus calculateur, rusé et intelligent mettant minutieusement son plan à exécution contre l'Organisation et son leader, Bronson.

Le personnage est toujours aussi hardboiled, ne ressentant aucune pitié envers ses différents ennemis, les tuants à bout portant ou les cognant brutalement.

L'Organisation connait également des revers dans ce volume, grâce aux personnes embauchés par Parker. Une bonne façon de nous expliquer les diverses combines de la mafia par ses différentes sociétés écrans comme Acme Novelty Corporation & Argus Import, pour récupérer des fonds, comme les casinos, les loteries clandestines ou autres bookmakers sur les champs-de-courses.

On retrouve toujours derrière les pinceaux, Darwin Cooke, avec ce trait aux allures sixties toujours aussi appréciable. Le dessinateur ose d'ailleurs dans ce second recueil, plusieurs idées narratives très intéressantes, comme par exemple à l'intérieur du récit un magazine policier hebdomadaire du nom de "Confessions criminelles Hebdomadaires" avec un texte expliquant la méthode de braquage du Club Cockatoo, cet extrait est en fait une partie du roman de Richard Starck. Sans oublier les différentes méthodes des partenaires de Parker pour attaquer l'Organisation avec des schémas simples et explicatifs au design rappelant certains cartoons des années soixante.

 
Les planches ont toujours cet aspect cinématographique grâce aux cadrages et à l'encrage particulier. Certaines planches nous font penser à un story-board, nous rappelant que l'illustrateur Darwyn Cookecommencé sa carrière chez Warner Bros Animation. On retrouve un petit côté serial avec les quelques cartes routières et les différents itinéraires pour présenter les différents cambriolages ou braquages, typique des serials des années 50-60.

Pour conclure, Parker est sans contexte une des meilleures séries de polars en comics. L'histoire mafieuse de Richard Starck et le trait 60's de Darwin Cooke, font de ce roman graphique disponible aux éditions Dargaud, une des perles à découvrir. Je ne peux que vous le conseiller !. L'adaptation étant excellente, respecte parfaitement son auteur & l'illustrateur.




vendredi 25 mai 2012

Parker - Le chasseur - Tome 1 (2009)


L'histoire de ce comics-book se déroule le 6 Novembre 1962, un homme brun d'assez grand taille & d'apparence élégante, vagabonde à toute allure, dans les rues de New-York à la recherche de son ex-petite-amie et d'un ancien complice qui l'ont tous deux trahis, sur un gros coup de 90 000$ cet homme s'appelle : ParkerMais malheureusement, il comprendra vite que pendant sa période d'absence, son ancien partenaire Mal Resnick est monté en grade dans "l'organisation", autrement dit : La mafia.  

Adaptation des romans de Richard Starck, de son vrai nom Donald Westlake, est l'un des maîtres du polar Américain, ce romancier est décédé en 2008. Les récits de Parker ont déjà été adaptés de nombreuses fois au cinéma comme, Le Point de Non-Retour (Point Blank) en 1967, avec Lee Marvin, réalisé par John Boorman, le réalisateur d'Excalibur. Puis en 1999, Payback, avec Mel Gibson dans le rôle principal ! Les protagonistes principaux ne portent pas le nom de Parker, dans ces long-métrages, l'auteur a toujours refusé qu'il soit tout simplement utilisé.

L'artiste qui s'est mis au travail sur ce polar culte Outre-Altantique est Darwin Cooke, connu pour son travail chez Warner Bros Animation, comme story-boardeur sur la série Batman : The Animated Series, Superman & Batman Beyond. Mais également comme dessinateur de comics avec The Spirit, d’après l’œuvre de Will Eisner ou encore Catwoman, scénarisé par Ed Brubaker.  

 
Le récit est passionnant, digne des meilleurs romans noir avec ce héros, Parker, véritable personnage "harboiled", qui n'a aucune pitié envers ses différents ennemis, les tuants principalement à main-nue. Le comics est sombre, brutale rappelant des films comme "A bout portant" (The Killers) de Don Siegel ou ceux de Sam Peckinpah

Chacune des planches sont magnifiques, très travaillées faisant penser quelque fois à un story-board, en feuilletant ce comics-book, on comprend que Darwin Cooke à travaillé dans l'animation. Le découpage et les cadrages ont un aspect cinématographique. À noter que les dix premières pages ne comportent aucune ligne de dialogue pour amplifier le caractère ténébreux de ParkerLe dessin des personnages est proche des standards des années 40-50, avec ses héros à gueules carrés comme les anciens comics-books de Superman ou de Batman, les femmes ressemblent à des Pin-Up. L'esthétique graphique colle parfaitement à l'ambiance des années soixante.  L'utilsation de la bichromie, est également la touche charme du comics, avec cette teinte de couleur bleu. Darwin Cooke emploi une méthode intelligente de travail. 

Je conseil, ce comics de Darwyn Cooke, certainement un des meilleurs disponible en France. Si vous aimez le cinéma d'exploitation policier des années soixante, les films noirs ou tout simplement les excellents polars Américains. Alors courez vite acheter le premier tome des aventures de Parker, chez Dargaud. À noter que la traduction de Tonino Benacquista est de très bonne qualité et l'adaptation de l'éditeur respecte parfaitement les graphismes de l’œuvre.  

Une planche au style très Storyboard

mercredi 23 mai 2012

Mad Men - Saison 3 (2009)


Nous somme en 1963, sept à huit mois se sont écoulés depuis la fin de la saison précédente. Depuis son rachat par la société Britannique, deux représentants Anglais, M. Lane Pryce & M. Hooker, (Surnommé secrètement "Monneypenny" par les dactylos et secrétaires, nous sommes en pleine "Bond-mania"), sont sur place pour manager le bon déroulement de l’agence c'est-à-dire licencier des salariés, gérer les budgets internes comme les fournitures et notes-de-frais, sans oublier de rapporter des évènements à la maison mère, bref une sorte de colonisation à l'Anglaise Nous rentrons dans l’ère des prémices du capitalisme moderne.

Quand aux personnages principaux, Don Draper travaillera pour les hôtels Hilton, il trouvera presque en la personne de Conrad Hilton, (Fondateur du groupe hôtelier du même nom et arrière-grand-père de Paris Hilton) un père de substitution. Betty Draper sera enceinte dans la première partie de cette saison, la grossesse ne l'enchantera guère. La célébration du mariage de Roger Sterling, le vieux patron épouse sa jeune secrétaire. Les États-Unis seront à un tournant de l'histoire, l’assassinat de John F. Kennedy, bouleversera définitivement les consciences même celle du couple Draper, suite à cette tragédie nationale, Betty décidera d'aller de l'avant en prenant une lourde décision pour sa vie future... 

New-York, une ville qui se modernise !

L'ancienne Penn Station  
Avec la venue des Anglais au sein de Sterling-Cooper, on assiste à la rivalité entre l'Angleterre et les États-Unis, l'ancien monde contre le nouveau monde. L'épouse de Lane Pryce, ne s'habitue pas au mode de vie Américains, La Grosse Pomme étant trop sales et bruyantes, à ses yeux. Ne rêvant que d'une chose, retourner vivre dans bonne vieille ville de Londres.

La ville de New York, se modernise au niveau de l'urbanisation avec la destruction de Penn Station, (Pennsylvania Station) magnifique gare au style Beaux-Art qui deviendra dans quelques années, le fameux Madison Square Guarden, l'agence Sterling-Cooper, devra trouver un moyen de calmer la vague de protestation contre la destruction de cet édifice, mais les consciences des New-Yorkais se réveilleront quelques années plus tard avec la protection du patrimoine architectural. D'ailleurs une réflexion amusante de la vieille mère de Roger Sterling qui ne reconnaît plus sa ville avec tout ses changements.

L'homosexualité et le racisme dans les années 60 ...


L'époque des années soixante, rejette l'homosexualité, le personnage de Salvatore Romano, en fera malheureusement les frais. Dans un premier temps, il succombera à la chair, lors d'un voyage d'affaire à Baltimore, Don le surprendra lors d'un incendie à l’hôtel. Dans l'avion du retour, les deux hommes conviennent d'un pacte tacite avec ce slogan : "Ne montrer, ce que vous voulez". Malheureusement, quelques épisodes plus tard, Salvatore refuse les avances de Lee Jr, fils du P.D.G de Lucky Strike, celui-ci demande le renvoi sur le champ de l'ancien graphiste, devenu réalisateur de publicité. Draper le licencie avec des mots assez dur : "De toute manière on ne sait jamais, avec vous autres".

Le racisme envers la communauté Afro-Américaine, est toujours abordé de manière intelligente par les scénaristes. L'apothéose, étant une représentation absurde et raciste d'une adaptation de My Old Kentucky Home, avec un Roger Sterling grimé en noir, lors de sa Garden PartyLa jeune génération comme Peter Campbell, sera confrontée lui au racisme de ses supérieurs et clients, quand il tente d’orienter une publicité des téléviseurs Admiral, vers les « négros », les ventes se portant bien dans "les grandes ville du jazz", comme le souligne judicieusement Kinsey, les villes comme Oakland, Chicago, Washington et Kansas City. Peter Campbell prend une décision marketing intéressantes, en voulant placer des publicités dans des magazines de la communauté Afro-Américaine comme Ebony, c'est le début du mainstream en quelque sorte. Les scénaristes utilisent les rêves des personnages en passant des messages subliminaux avec intelligence, pendant son accouchement douloureux sous calmant, Betty rêvera de ses parents décédés à coté d'eux ce tient un jeune homme, qui est en réalité, Medgar Ever, il sera assassiné par un membre du Ku Klux Klan, pour avoir luttait contre les discriminations mais la révolution est en marche, à la radio, on entend le discours du révérend Martin Luther King, le 28 Août 1963. «I had a dream…». L’institutrice de Sally, qui prend la décision de lire ce discours à la rentrée des classes. Les enfants ont déjà compris, un vent de changement commence à souffler sur cette Amérique, notamment grâce au Mouvement des droits civiques qui prône l'abolition de la ségrégation. Ces exemples démontrent l’évolution et le chemin qu'on prit les consciences, car les années soixante ne sont pas si loin de notre époque.


Les prémices de la femme moderne ...

Un autre sujet cher à Mad Men, L'émancipation de la femme.

Peggy Olson, est le prototype de la femme moderne, son ascension dans la hiérarchie, possédant son propre bureau, mais malheureusement confrontée à une certaines jalousie des secrétaires et autres dactylos. Peggy aura un échange avec Don, pour avoir le même salaire voir l'équivalent des hommes, signalant même qu'une loi a été voté au congrès Américain.

Autre incarnation de femme moderne. l'institutrice de Sally, comme je le disais, elle décide de lire le discours de Martin Luther King à la rentrée des classes. Ce personnage symbolise l’avenir. On l’imagine dans quelques années être une femme indépendante, activiste et militante luttant pour l’égalité des blancs et des noirs, des hommes et femmes. Et le fait de la trouver à un poste de maîtresse n’est certainement pas anodin.

Le personnage de Joan, affichait une autorité moderne de femme indépendante, dans les premières saison, adopte maintenant la préservation de la pensée actuelle, enfin marier à son médecin, pour pouvoir quitter son travail et devenir une housewife, drôle dévolution mais le destin de son couple rattrapera ses rêves ...


Un monde en plein bouleversement !

Les prémices du début de La Guerre du Viêt-Nam apparaissent, avec les journaux télévisées diffusant les moines Bouddhiste à Saïgon s'immolant par le feu en protestation contre le régime autoritaire. Dans la vie de tout les jours, la population et certains employés de Sterling-Cooper commencent à parler des premiers envoient de troupe Américaine qui commenceront apparemment à partir de 1964. Un vent de contestation semble souffler sur la jeunesse, avec ce jeune couple qui cherche à trouver des palliatifs comme se marier, pour que le jeune homme ne soit pas envoyé au front dans quelques mois. Dans l'épisode de l’assassinat de John F. Kennedy, on ressent le traumatisme de la société américaine, les gens scrutent la moindre information sur leur poste de télévision, nous rappelant un peu notre société à l’ère des chaînes d’informations. À noter que l'épisode est réalisé par le réalisateur français, Barbet Schroeder (J.F Partagerait Appartement, L'Enjeu).

Au final cette troisième saison de Mad Men, nous montre la mentalité d'un monde qui change. Mené par des personnalités iconiques au destin tragique comme le révérend Martin Luther King, ou le président John F. Kennedy. Les personnages comme Peggy Olson, l'institutrice de Sally et Salvatore Romano incarnent finalement ces différents mouvements d'idéologies, de mouvances, et d’émancipations qui forment notre société d'aujourd'hui.